Karim Lee Duval « Melting Pot » au théâtre des Feux de la rampe
Melting pot De et avec Karim Duval Du 11 mars au 29 avril 2014 Réservation au Durée : 1h10 Théâtre des Feux de la Rampe |
Un spectacle magistralement écrit et interprété, d’une efficacité aussi redoutable que sa drôlerie, le tout sans jamais flirter avec la moindre vulgarité. De la culture, de l’imagination, du talent à revendre. Difficile d’imaginer que ce jeune comédien ne fasse pas rapidement un méga carton. A découvrir d’urgence ! Il y a ceux qui ponctuent leur moindre phrase d’un accent, parfois tellement caricaturé juste bon à quasi raturer. Il y a ceux qui badigeonnent leur humour pas forcément idiot de vulgarité, et bigarrure rime alors avec dessous de ceinture. Il y a ceux qui carburent aux calembours mais pour les mots, c’est la panne des sens. Il y a ceux qui croient dur comme fer en leur drôlerie et qui au jeu de l’ego vont construire un mur entre eux et leur public. Fatal. Et puis, il y a Karim Duval ! Un gars aussi simple que son patrimoine génétique peut sembler compliqué. Il en affranchit son public en quelques phrases d’où émergent une pique contre ces grincheux qui se trompent de colère pour reprendre le mot de Senghor à l’endroit des racistes et une drôlerie sur la ville de Fez qu’on ne dévoilera pas ici. Fez, cette ville qui, prononcée à la française, pourrait donner lieu à des facilités tellement hilarantes pour qui se contente du bas du nombril. Rien de tout cela chez ce Franco-sino-marocain ! Pas la plus petite allusion à la bagatelle, pas le moindre soupçon de grivoiserie. “Pudeur familiale”, nous dit-il. On porterait plus à croire qu’il aime trop son public pour le sustenter aussi puérilement. Sans péter plus haut que son QI car il a aussi l’intelligence de la modestie, il joue jusqu’au bout du culot là où certain(e)s pataugent au fond de la culotte. Et forcément, ça fait un bien fou. Un art consommé du mélange De ce mélange (d)étonnant, il va jouer en se racontant sans se la raconter. Juste par politesse, une petite présentation avant de partir sur d’autres chemins moins nombrilistes qui justifient ce titre, « Melting pot ». L’art du mélange toujours. La mixité entre hauts et bas Normands, par exemple. Ou la fusion du monde réaliste avec l’univers de l’absurde. Un prof de solfège roumain apologue du rien, un Rom PDG, un chanteur franco-français, un Andalou et sa guitare, des triathlètes marocains, la planète Duval tourne à plein régime. Et c’est immensément drôle. Les bons mots fusent sans pour autant friser l’abécédaire du parfait calembour. Avec la même parcimonie, l’air de rien, quelques saines références pointent leurs mots, Brassens, Rimbaud, Corneille, Descartes, Lamartine. Le tout avec beaucoup d’humilité, d’humanité, d’humanisme même. Pas la moindre alacrité, pas le plus petit soupçon de méchanceté. C’est du rire sain, fédérateur que rehausse une interprétation qui atteint des sommets. Il y a un don de soi, une générosité chez cet artiste, cette intelligence de la modestie qu’on appelle le talent. Rue Saulnier, Duval. Aux « Feux… » qui plus est. Courez vous réchauffer à cet humour-là… Franck Bortelle |
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