Même pas vrai au Théâtre Saint-Georges
Même pas vrai De Sébastien Blanc et Nicolas Poiret Mise en scène de Jean-Luc Revol Avec Raphaëline Goupilleau, Bruno Madinier, Anne Bouvier, Christophe Guybet, Thomas Maurion et Valérie Zaccomer Du 25 janvier au 28 juin 2014 Réservations : Durée : 1h30 Théâtre Saint-Georges |
Du 25 janvier au 28 juin 2014
La géniale Raphaëline Goupilleau mène le bal dans cette comédie noire, cruelle et immensément drôle sur fond de règlements de compte familial que rehausse une mise en scène au cordeau de Jean-Luc Revol. Immanquable ! Famille je vous « haime » ! Ce cri, à la croisée des deux conceptions les plus antinomiques de la sphère familiale, entre Gide et Pagnol, pourrait servir d’accroche à ce formidable moment de théâtre qu’abrite le Saint-Georges en ce moment. Car si de prime abord nous sommes en présence d’une famille franchement frappée où l’amour semble prendre le dessus, même s’il s’agit surtout d’amour de la supercherie et de la mystification, les failles qui s’entrouvrent progressivement vont faire basculer le propos dans le sentiment inverse. Sans perdre de sa drôlerie, bien au contraire… Nous avons Mathilde, la mère. Représentante en immobilier. Rompue à l’exercice du boniment, donc, en plus d’être de cette engeance à honnir les secrets, surtout de famille, et à les exposer en long, en large et parfois de travers devant un aréopage d’invités triés sur le volet (ou à la volée, même…). Rien ne semble plus l’amuser que d’inventer en permanence les pires horreurs sur Michael, son ado de fils et d’en amuser la galerie. Son mari Arnaud, chirurgien esthétique, travaille avec la meilleure amie de Mathilde, Irène, qui se tape Michael de vingt ans son cadet. Rajoutons deux autres amis : Bernard, coureur invétéré et sa dulcinée un peu gourde, Marie qu’il ne réussit à plaquer qu’en orchestrant son humiliation en l’amenant chez Mathilde et Arnaud… Un festival de répliques hilarantes Le texte, qui fourmille de répliques hilarantes, fait exploser la digue entre ce qui est dit et ce qu’on n’oserait même pas penser avec en prime un crescendo dans l’ignominie et donc la drôlerie. Le pardon y est décapé avec autant d’ironie mordante que la famille, l’amitié ou encore la bienséance. Mais sous le vernis de la drôlerie, la noirceur parvient à s’immiscer, subrepticement, et le vide existentiel qui sourd n’en est que plus terrible. Cette double constante, la géniale Raphaëline Goupilleau, dans une mise en scène survoltée et d’une précision métronomique de Jean-Luc Revol, la capte, la restitue avec une démentielle maestria. La comédienne, « moliérisée » il y a 6 ans pour « Une souris verte » (déjà Revol à la mise en scène) mène ce tourbillon théâtral avec cet unique phrasé, cette aisance et cette justesse de ton confondantes et qui confère à chaque réplique toute sa puissance sémantique. Reconnaissons qu’elle est par ailleurs très bien entourée et que ce sextuor réussit un sans faute. Un cocktail explosif et incontestablement un des grands moments de théâtre de cette rentrée. Franck Bortelle [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=_R73N3lYu44[/embedyt] |
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