Visages. Picasso, Magritte, Warhol – Marseille
Sujet éternel de la peinture, la représentation de la figure humaine a considérablement évolué depuis la Renaissance et emprunte des chemins nouveaux au début du XXe siècle. Elle se libère des codes picturaux des siècles précédents et dépasse les lois de l’apparence pour privilégier l’expression de la subjectivité et tenter de saisir et rendre compte du fonctionnement de la pensée humaine lié aux mutations contemporaines.
Avec les transformations de la société dues à la deuxième révolution industrielle et au progrès de la technoscience, avec l’épanouissement de l’individualisme et l’atrocité des guerres et des génocides, le sujet apparaît souvent en décalage avec son environnement et par là-même, empreint d’une certaine étrangeté. Ces métamorphoses ne sont pas sans conséquences, sur la représentation picturale de l’individu et de nouvelles questions se posent qui font émerger une nouvelle position de l’homme, étranger au monde qui l’entoure, tout autant qu’à lui-même.
Comment s’exprime son étrangeté ?
Comment s’articule son rapport à l’altérité, tout autant que la relation à sa propre image et dans le regard de l’autre ?
Nombre d’artistes, de Picasso à Warhol, ont exploré ces questions plus actuelles que jamais. Ils s’attachent à exprimer l’inquiétude, l’interrogation, (Bacon, Artaud), le déplacement, la présence dans l’absence, le sujet face à un impossible, au bord de l’effacement (Giacometti) mais aussi, le rêve, le fantasme, la force du désir (Magritte, Ernst), les mystères de l’inconscient, la traversée du miroir.
Scènes urbaines, scènes de café, de cinéma, d’intérieur, portraits et autoportraits, figures fondues dans un paysage, visages dans la foule, révèlent un décalage, font énigme. Les figures torturées de Bacon, les traversées du miroir de Magritte, l’inexorable marche vers leur destin des personnages de Giacometti, les visages immobiles de Streuli, les portraits inexpressifs et absents de Katz, sont autant de réponses artistiques possibles aux interrogations contemporaines.
Au XXe siècle, les artistes s’intéressent au visage, par extension à la figure humaine, comme révélateur des mécanismes de la pensée confrontée aux contextes politiques, sociaux, et scientifiques du XXe siècle. Les liens d’intimité entre le visible et sa représentation, le rapport de complicité, d’identification entre le représenté et le représentant sont dissous. Ce n’est souvent que dans une relation d’étrangeté, d’absence, de vide, voire de stupeur que le sujet apparaît et s’instaure une nouvelle représentation du réel, qui révèle une profonde perturbation intérieure causée par les phénomènes extérieurs du monde.
On assiste à une dé-figuration par déplacement, et la figure subit toutes les métamorphoses, devient statue, mannequin, robot, matière, figurant de théâtre, homme sans visage, corps qui se réifie, représentation de l’attente, de la solitude, image glacée de magazine ou encore objet de désir. Ces thèmes récurrents dans l’art sont représentés de toutes les manières selon les mouvements qui se succèdent tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, du registre formel le plus classique au plus libre grâce aux innovations plastiques des avant-gardes. Ils sont traités par évocation, suggestion, allusion, équivocité, métaphore ou crudité.
Le parcours de l’exposition élabore une traversée du regard qui part du macrocosme des visages mêlés dans la foule, dans l’espace extérieur de la société jusqu’aux visages pris dans l’intimité et enfin étudie le microcosme du fonctionnement mental de l’individu. Le découpage s’organise en trois séquences, en trois univers, trois sphères de la représentation de l’individu.
Visages. Picasso, Magritte, Warhol…
Commissaires :
- Christine Poullain, conservateur en Chef du patrimoine, directrice des musées de Marseille
- Guillaume Theulière, conservateur, adjoint de la directrice des musées de Marseille
Du 21 février au 22 juin 2014
Tous les jours de 10h à 18h
Fermé le lundi et le 1er mai
Plein tarif : 10 € // Tarif réduit : 8 €
Audioguides : 5 €
Centre de la Vieille-Charité
2, rue de la Charité
13002 Marseille
M° Joliette // Tramway Sadi-Carnot – République / Dames
[Visuel : Marseille, Bouches-du-Rhône, FranceL’hospice de La Vieille Charité qui abrite le Musée de la Vieille Charité. Photo prise le 19 mai 2006. Aut : Jddmano. This file is licensed under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license]
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