Intérieur rue – galerie Wallworks
A la manière dont le scénario d’un film brosse le décor d’une scène avec des indications comme « extérieur jour » ou « intérieur nuit », ce titre donne le ton de l’exposition qui mêle œuvres sur toile et mobilier urbain customisé par des artistes de la scène graffiti. Tous les artistes de la galerie et quelques invités sont ainsi conviés à investir les murs des 140m2 du lieu en sous-sol pour restituer l’atmosphère qui caractérise les créations qu’ils posent dans la rue.
Au centre de la galerie, dix lampadaires sont disposés en cercle. Comme la plupart du mobilierurbain présenté dans l’exposition, ces éclairages publics ont été chinés par Claude Kunetz avantd’être customisés par dix artistes : Antoine Gamard, Gilbert, Juan, Kenor, Jérôme Mesnager, Nebay,Pimax, Poes, Tanc et Tore. Pour des graffeurs, ou des street-artistes, dont le principe de créationdans la rue est lié à l’interdit, l’origine de ces lampes Waldman revêt une dimension toute particulièrequand on sait qu’elles ont servi à éclairer pendant des décennies la cour de la prison de la Santé.
D’autres éléments de mobilier urbain sont investis par Hopare – une rangée de dix feux tricolores –et Kongo – des feux de signalisation pour piétons. Plusieurs lampes de signalisation de voies SNCFsont peintes par Gilbert, Lazoo et Nebay, tandis que des “têtes de vache” RATP – ces bornesmarquant les stations des lignes de bus parisiens – sont revisitées par Colorz, Dizer, Fenx et Oeno.
Reflet des différentes nationalités des artistes réunis – France, Allemagne, Espagne, Etats-Unis,Indonésie, Singapour – les panneaux de signalisation routière sont internationalement détournés : l’homme blanc de Jérôme Mesnager prend ses aises en travers d’une interdiction de stationner,l’Indonésien Soni Irawan pose un visage sur un panneau annonçant une mosquée à Jakarta, tandisque le Singapourien Scope associe des billets de banque à un STOP.
Des plaques émaillées sont librement réinterprétées par Fenx – publicité pour les piles Wonder –, Kongo, Nebay et Lazoo – « Jardin réservé aux locataires de la société immobilière » – ainsi que plusieurs boîtes aux lettres publiques par Dizer, Gilbert, Juan, Kenor, Lazoo, Mesnager, Nebay et Zenoy.
Clin d’œil au propriétaire des lieux, plusieurs œuvres font référence au cinéma : « Miramar » de Dizer, « Frankenstyle » de Lazoo, « Orange mécanique » de Oeno, le fantôme sur la boîte aux lettres de Zenoy, l’hommage au cinéma d’animation par Fenx, au noir et blanc par Der…
Qu’ils expriment leur vision de la ville ou leur propre univers, d’autres artistes peignent sur toile ou sur papier comme l’Espagnol Kenor, les Américains Crash, Rime, Sonic et Taki, ou encore sur cartoncomme le Français d’origine congolaise Kouka, tandis que les Français Antoine Gamard et Tanc explorent différentes formes d’écriture inspirées du graphisme ou de la calligraphie.
Et que serait la rue sans la voiture ? Réponse avec l’allemand Cren qui en appelle au changementen s’appropriant le capot d’une Trabant de l’ex-RDA, avec Crash qui peint sur des assemblages de plaques minéralogiques rivetées sur tôle, tandis que l’on retrouve la moitié de Fiat 500 plaquée au mur, saturée de flops et de tags, créée par Tilt lors de sa précédente exposition à la galerie.
Intérieur rue
Du 11 octobre au 24 décembre 2013
Vernissage le jeudi 10 octobre, de 19h à 22h
Wallworks Galerie
4, rue Martel – 75010 Paris
M° Château d’Eau
www.galerie-wallworks.com
[Visuel : Hopare, Sans titre, 2013, aérosol et marqueur sur feux tricolores, 46 x 18 x 35 cm (chaque) © Olivier Gaulon]
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