0 Shares 1456 Views

Marta María Pérez Bravo – Maison de l’Amérique latine

17 septembre 2013
1456 Vues
logo_maison-al

logo_maison-al::


Autour de la représentation du corps, entre érotisme et sacrifice, identité et masque, apparitions et révélations, cette exposition invite le spectateur à suivre le « chemin obscur » d’un parcours qui interroge la relation de l’individu au monde. 

Née à Cuba (La Havane, 1959), Marta María Pérez Bravo vit et travaille au Mexique depuis 1995. Après des études de peinture – Académie San Fernando et Instituto Superior de Arte de La Havane entre 1975 et 1984 -, elle choisit la photographie et l’utilise d’abord en tant que document pour témoigner des interventions et performances qu’elle réalise dans le paysage. Son attirance pour le monde rural cubain, où croyances religieuses et superstitions populaires sont encore très vivaces, ajoutée à son expérience de la maternité, va l’amener à engager une relation singulière avec son propre corps qu’elle utilise comme support et médiation, « autel » ou « réceptacle », pour construire une oeuvre personnelle. 

Celle-ci n’est pas proprement autobiographique car, dans sa dramaturgie, l’utilisation de son corps (fragmenté) témoigne surtout d’une médiation entre son propre moi et sa relation au monde par le truchement de rituels inspirés de diverses pratiques religieuses – de la Santería cubaine au spiritisme – et d’objets du quotidien ou sacrés. L’objet choisi est présenté de façon minimaliste, le corps est décontextualisé, et il surgit comme une sorte d’apparition, en flottement énigmatique dans l’espace, laissant une grande place à la surface blanche. 

Ce procédé qui la singularise produit un effet immatériel sur le sujet et induit le mystérieux passage du réel à l’imaginaire, du profane au sacré, entre érotisme et sacrifice, identité et masque, apparitions et révélations. Au-delà de la seule inspiration afro-cubaine, son oeuvre s’ouvre à une dimension poétique et plus universelle qui transfigure les relations de l’individu au monde. 

L’exposition est construite autour d’une série de photographies prises à différentes époques mais dans lesquelles l’artiste développe une approche thématique qui met en jeu son propre corps, des fragments de ce corps ou son visage, jamais totalement dévoilés, dans la violence ou la tendresse. Les vidéos prolongent et enrichissent le regard. Elles sont de purs moments de méditation sur le hasard et le destin, confortant ce double je où s’affrontent en permanence obscurité et lumière pour se jouer des doutes qui accompagnent inévitablement le passage du temps. 

La démarche conceptuelle et Marta María Pérez Bravo s’apparente à un courant de la photographie latino-américaine dans lequel la présence de la culture d’origine est un élément prépondérant de l’imaginaire créateur. Plusieurs artistes cubains de sa génération comme Ana Mendieta (1948-1985) ou José Bedia (1959), ainsi que le photographe René Peña (1957) témoignent de cet attachement aux cultes syncrétiques afro-cubains, sans oublier les univers culturels profondément ritualisés du peintre Wifredo Lam (1902-1982). Ces artistes, imprégnés à des degrés divers, des pratiques cultuelles et spirituelles qui ont forgé l’histoire culturelle de leur pays, proposent des univers symboliques où, entre magie, rituel et mémoire, ils offrent au corps un destin qui ne peut échapper ni à la culture ni à la terre. 

Marta María Pérez Bravo a réalisé de nombreuses expositions individuelles et collectives internationales depuis 1984 et elle est présente dans les collections de plusieurs musées dont le Reina Sofía (Madrid) ; la Maison Européenne de la Photographie (Paris) ; la Collection Daros (Zurich) ; la collection Phillips de Pury & Company (New York) ; le Museo Nacional de Arte (La Havane) ; le Museum of Art de Pori (Finlande) ; le Ludwig Forum (Aix-la-Chapelle) et le Museum of Fine Arts (Houston). Sélectionnée en 1988 pour l’édition de « Cream : Contemporary Art in Culture », Rosa Martinez, (Phaidon, Londres), elle a reçu le prix de la révélation artistique de la Foire ARCO à Madrid en 1997. Bourses de la John Guggenheim Foundation (1998) et du Fonds National pour la Culture et les Arts du Mexique (Fonca 2005 et 2011). En 2012, elle obtient le prix de la Cisneros Fontanals Art Foundation (Miami) pour l’intégralité de son oeuvre photographique. 

Marta María Pérez Bravo

Commissaire : Christine Frérot 

Du 19 septembre au 19 décembre 2013
Du lundi au vendredi de 10h à 20h 
Le samedi de 14h à 18h. 

Entrée libre

Maison de l’Amérique latine 
217, boulevard Saint-Germain
75007 Paris

www.mal217.org

A (re)découvrir sur Artistik Rezo : 
– Les expositions de la rentrée 2013 à Paris

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
58 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
83 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
103 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...