Ferré, Ferrat, Farré – Vingtième Théâtre
La première constatation est de taille : Jean-Paul Farré possède une très belle voix et du coffre. La seconde, est que l’humoriste s’incline ici avec une profonde humilité devant les textes de Ferré et Ferrat, s’attachant à bien nous faire entendre chaque mot et chaque intention. Pourtant, il y a bien de lui dans ce spectacle. D’une part, il nous fait découvrir ses propres compositions, chansons portant sur ce qu’il aime (les trains) ou déteste (l’heure d’été), certaines pleines d’humour, d’autres hyper belles et poétiques. D’autre part, il nous propose, un fil rouge à sa manière : un programme de candidature à l’élection de la présidence de la chanson « poélitique ». De ce néologisme, naît un programme en forme d’anaphore qui fait bien entendu sourire car il rappelle immanquablement celui du candidat François Hollande.
La suite n’est que chansons, hormis quelques apartés avec deux musiciens talentueux, Benoît Urbain au piano et à l’accordéon et Florence Hennequin au violoncelle, ce dernier apportant une touche singulière et particulièrement élégante à bien de ces chansons revisitées également par de judicieux arrangements signés Isabelle Zanotti. Par son extrême complicité avec eux, Farré montre une écoute respectueuse de leur art… mais ne peut bien sûr s’empêcher de parfois approcher le piano pour y mettre la ou les mains aux côtés de celles de Benoît Urbain.
Le choix opéré dans le répertoire foisonnant des deux F a dû être drastique. On y entend par exemple « C’est extra » mais pas « La montagne » et, en toute partialité, nous sont proposées onze chansons de Ferré, six de Ferrat… et quatre de Farré. Pourtant, cette sélection colle parfaitement à la profession de foi poélitique de ce candidat particulier. Les femmes, la misère, l’engagement, la révolte sont quelques-uns des thèmes abordés… comme lors d’une campagne électorale… avec d’autres, chers aux poètes (la mort, l’amour…).
Quant à la voix de Farré, elle lui est bien propre. Bien qu’il ait avec Ferré une similitude capillaire, mais entièrement naturelle, il ne cherche jamais à l’imiter… même si certaines intonations -du genre de celles qui s’imposent à ceux qui écoutent et chantent Ferré en boucle- surgissent immanquablement, avec, parfois, l’exact même timbre de voix. Alors, c’est troublant et particulièrement émouvant et ceux qui l’attendent au tournant avec son interprétation de chansons phares comme « Les anarchistes » par exemple ne pourront que s’incliner.
Amoureux des mots et des poètes, Farré n’oublie pas d’être l’artiste atypique et attachant que nous connaissons depuis longtemps et qui nous fait rire. Ainsi, avec la maestria d’un métronome (saluons au passage la mise en scène de sa complice Ghislaine Lenoir), il se laisse aller à l’un de ses penchants favoris… semer le désordre du scène, signant bien plus qu’un tour de chant à la gloire de Ferré et Ferrat.
A ne pas manquer !!!
Caroline Fabre
Ferré, Ferrat, Farré
Textes et chansons Léo Ferré, Jean Ferrat, Jean-Paul Farré
Mise en scène et éclairages : Ghislaine Lenoir
Arrangement musical : Isabelle Zanotti
Avec Jean-Paul Farré, Florence Hennequin (violoncelle), Clément Lopez (création sonore), Benoît Urbain (piano, accordéon)
Du 30 août au 13 octobre 2013
Ddu mercredi au samedi à 19h30
Le dimanche à 15h
Réservations : 01.48.65.97.90 (du lundi au samedi, de 9h30 à 19h)
Vingtième Théâtre
7, rue des Platrieres
75020 Paris
M° Menilmontant
[Photo : © Didier Pallagès]
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