Alceste – Le Misanthrope de Molière – La Cigale
Il est d’usage de s’exprimer sur la motivation qui vous a conduit à désirer mettre en scène l’œuvre, en l’occurrence Le Misanthrope, et à dégager les principales intentions qui vous conduiront dans cette entreprise. Pour avoir joué pendant 20 ans le rôle d’Eliante dans la mise en scène de Jean-Laurent Cochet, rôle quelque peu effacé, qui m’a permis d’observer avec sérénité les mouvements divers des différents protagonistes, j’ai pu vivre de l’intérieur le rythme qui agit comme un ébranlement profond sur chaque personnage. Dire que le théâtre est avant tout un auteur et des comédiens, c’est avancer une évidence. Outre le désir personnel de monter ce chef-d’œuvre, je me suis attachée à réunir une distribution sans laquelle j’aurais renoncé.
Mon intention première est donc la réunion d’acteurs qui « respirent » le texte, le parlent, le déjouent, l’approfondissent, le simplifient, le rendent clair, humain et sensible avant tout. Le travail consistera à faire entendre, réentendre la pensée seule, débarrassée des fausses émotions, du « sur jeu ». A faire surgir la situation, donc les caractères, avec évidence et clarté. Entendre Clara Haskil restituer la violence première qui a fait composer Mozart, est pour moi une référence, un guide. Etre dans la pureté d’exécution.
Pour ce qui est de la « scénographie » nous serons dans un univers féminin, doux, vaporeux, qui contrastera avec la violence, et même la cruauté de la situation dans laquelle évoluent les personnages. Nous sommes à la Cour de Louis XIV. Il semble que deux thèmes s’articulent. L’Ennui et la Jalousie, auxquels tous les êtres, hormis Célimène, sont plus ou moins confrontés. Alceste et Célimène attirent chacun d’entre eux et les révèlent comme des âmes en souffrance, dissimulées par le carcan de l’époque.
Célimène est à mes yeux le personnage le plus mystérieux du répertoire. Molière ne nous dit rien d’elle, « une jeune veuve de 20 ans ». Elle est une énigme enveloppée dans un mystère. Par son irrésistible séduction, où l’humour joue un grand rôle, elle révèle chacun à sa propre sensualité. Il apparaît que comme Don Juan, elle « s’offre » une fois. Elle provoque des dégâts, mais l’égoïsme de chacun finit par les protéger. « Il est dangereux de vouloir réformer quiconque ».
Le Misanthrope est la tragédie de la Pureté. Celle d’Alceste, avant tout, qui, aveuglé, par son intransigeance, n’entendra pas Célimène qui, s’il l’avait comprise, lui aurait montré le chemin de l’Amour. (Pour cela, il faudra attendre une certaine Silvia, au siècle suivant). Serait-ce Célimène la Misanthrope ?
Le Misanthrope
De Molière
Mise en scène de Michèle André
Avec Jonathan Bizet, Hugo Brunswick, Arnaud Denis, Catherine Griffoni, Jules Houdart, Lætitia Laburthe-Tolra, Sébastien Lebinz, Hervé Rey, Stéphane Ronchewski, Jean-Laurent Silvi et Elisabeth Ventura
Du 3 au 19 septembre 2013
Du mardi au samedi à 20h30
Le dimanche à 16h
Plein tarif : 37€ // Tarif Réduit: 12€
La Cigale
120, boulevard de Rochechouart
75018 Paris
M° Pigalle
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