Jeu et théorie du Duende – Théâtre les Déchargeurs
Jeu et théorie du duende est une ode à la nature, à la chair, aux forces cosmiques, à l’intériorité, au flamenco, à la mort comme spectacle, à l’Espagne. C’est aussi un hymne au mode de vie gitan qui n’a jamais perdu contact avec la terre, la création.
Federico García Lorca
Federico García Lorca naît en 1899 au sein d’une famille andalouse aisée et libérale. Il s’intéresse très tôt aux différents domaines des arts et emprunte la voie de la poésie dès 1921 avec Canciones puis Romancero gitano (1928).
En alliant modernité et folklore populaire, García Lorca emporte rapidement la reconnaissance du public. Ses nombreux voyages, notamment sur le continent américain, ont approfondi et enrichi ses oeuvres (Poète à New York, 1934). Dès 1935, Garcia Lorca bifurque légèrement vers le chemin dramatique. Il fonde la Barraca, sa propre compagnie théâtrale et met en scène de grands classiques. Il peut alors y représenter ses pièces Noces de sang (1933), Yerma (1935) et la Maison de Bernarda (1936). Cette trilogie tragique reste l’une de ses oeuvres majeures. Federico García Lorca est fusillé par les franquistes en 1936.
Le mot du metteur en scène
Je tiens à mentionner que le texte Jeu et théorie du duende de García Lorca n’a pratiquement jamais été mis en scène. Jeu et théorie du duende est une conférence que Lorca a donnée dans les années 1933-1934 à la Havane, à Buenos Aires et à Montevideo. Lorca aborde dans ce texte très inspiré ce qui fait la spécificité de l’Espagne et notamment de sa terre natale, l’Andalousie : le duende – difficilement traduisible – l’inspiration, le don, le génie… que Lorca rattache aux grands artistes espagnols – peintres, danseurs de flamenco, toréadors, chanteurs, danseurs gitans.
Le duende : c’est l’esprit, dans sa manifestation active, visible, son incarnation dans un corps.
Federico García Lorca témoigne de cette valeur profonde que nos sociétés modernes ont mise à mal. De mon point de vue, le duende est une question pleinement actuelle et politique. En assassinant Lorca, les franquistes ont voulu tuer le duende, autrement dit ces forces de l’esprit, de la terre que l’Espagne républicaine a tenté de défendre jusqu’au bout contre la barbarie des guerres et des lâchetés de l’histoire politique moderne. Aujourd’hui, nous observons combien le duende, cette force propre à la conscience humaine, est niée par le pouvoir matérialiste qui tue l’imaginaire.
Les gitans, qui survivent difficilement dans nos sociétés, qui les traversent, sont les rares détenteurs, encore, du duende avec leur mode de vie nomade, leur philosophie de l’éphémère et de la dépense, leur refus des possessions. Ma mise en scène de ce texte essentiel de Lorca entend rendre hommage au peuple tsigane, aux poètes encore debout, à l’Espagne comme symbole. Plus que jamais, nous avons besoin du duende comme chaleur, comme présence humaine, comme force d’échange, de partage. L’art doit reprendre toute sa place dans nos sociétés, non pas comme une distraction, un accessoire, sec, mais comme un fondement sans quoi l’humain se tarit.
J’ai choisi pour interpréter ce texte de Lorca l’actrice Mireille Perrier qui porte en elle un engagement total. C’est cette flamme, son extrême émotion, j’irais même dire son duende d’actrice qui m’a subjugué et m’a donné envie de travailler avec elle.
La flamme du duende ne s’explique pas, elle se ressent surtout. Mais elle ne peut advenir, se révéler que dans un corps à corps, à mort, avec soi-même. Le duende est à la fois un risque et une douleur. C’est à ce prix qu’il se manifeste, comme une joie conquise. Tous les régimes totalitaires se sont sentis menacés par le duende. Mais on ne peut pas le tuer.
Jeu et théorie du duende
De Federico Garcia Lorca
Mise en scène de Benjamin Barrou-Crossman
Avec Mireille Perrier
Du 26 novembre au 21 décembre 2013
Du mardi au samedi à 19h30
Tarif plein: 24€
Tarif réduit: 10€
Durée: 1h
Théâtre les Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris
M° Châtelet
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