Solidays 2013 – Beady Eye
Parce que oui, il faut être sacrément couillu pour défendre ce projet bien naze avec tant d’aplomb et de détermination. Et oui, il fallait être courageux pour fanfaronner devant une pelouse à moitié remplie alors que les festivaliers avalaient la mauvaise pilule prescrite par Tryo à quelques mètres de là. Mais voilà, Liam a du vécu et sait gérer ça, fatalement conscient que Beady Eye n’est pas Oasis et ne jouit ni de la même notoriété, ni d’un catalogue digne de Definitely Maybe et Morning Glory. Pourtant, les choses auraient pu être pires pour la première venue du groupe aux Solidays.
Pour l’occasion, première nouveauté : Jay Melher a rejoint le groupe en provenance de Kasabian où il officiait depuis 2011. Deuxième nouveauté d’un autre genre : le cadet des Gallagher est devenu poli et semble enfin avoir compris l’intérêt de dompter le public à qui il adresse un « bonne soirée » d’entrée (en français dans le texte) avant que ses sbires ne lancent l’intro du solide Flick on the Finger, plus redoutable que jamais avec ses envolées lyriques. Promo oblige, le groupe passe en revue l’essentiel de Be avec ce que cela suppose: des temps forts (I’m Just Saying, Second Bite of The Apple) et d’autres plus faibles comme Iz Rite que Liam présente lui même comme une chanson “au rabais”. Heureusement, Beady Eye peut s’appuyer sur les bombes du premier album (oui, il y en a) pour redorer son blason (Four Letter Word, The Roller) quand ça devient chiant (Shine a Light), et surtout sur des titres d’Oasis, repris depuis l’an dernier et toujours les bienvenus pour relancer la machine.
Evidemment moins percutants sans le jeu de guitare et le supplément d’âme de Noel, Rock’n’Roll Star et Morning Glory survolent quand même les débats et attirent la curiosité de certains festivaliers, finalement venus squatter la pelouse pour la fin du set. Véritable ado dans l’attitude, le chanteur à la parka affiche une façade qu’on ne lui connaissait pas en miâââulant Start A New avec une innocence presque touchante, voix tremblante et bras tombants. Sagement installé derrière sa batterie pour le coup, Chris Sharrock reprend enfin ses baguettes et s’en donne à coeur joie de fracasser ses fûts sur une version généreuse de Bring The Light, prolongée par une série interminable de « Baby come onnn! », et au groupe de conclure sur le dispensable Wigwan où Andy Bell et Gem Archer se chargent des backing vocals. Pendant ce temps, Liam prend un bain de foule, serre des mains et… signe des autographes avant de tirer sa révérence de manière courtoise.
Pendant une heure, les appréciations divergent et les critiques vont bon train: « Morning Glory avec la voix de Noel ça a quand même plus de gueule non? », « Ah, Rock’n’roll Star s’arrête là, sans solo ? » A la fin du concert, un constat global : « C’était mieux avant hein. » Oui, c’était mieux avant. Mais à défaut de pouvoir chasser l’ombre du fantôme Noel, les Beady Eye ont au moins le mérite d’exister avec à leur tête l’une des seules rock star encore vivante.
Olivier Cougot
Photos par Yann Buisson
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