Lichtenstein: Expressionism – Gagosian Gallery Paris
Dès 1961, il commence à utiliser la technique d’impression de points Benday utilisée dans les bandes dessinées, les journaux et les panneaux d’affichage, une technique qui est devenue la signature de son travail. En imitant cette méthode industrielle et en s’appropriant des images de haute et de basse culture, Lichtenstein a permis de rendre l’art contemporain accessible au plus grand nombre, une situation inexistante jusqu’alors. Certaines de ses séries les plus iconiques trouvent leur imagerie dans la culture Pop : les publicités, les bandes dessinées de guerre, les pin-up ; mais aussi dans des genres plus traditionnels comme les paysages ou les natures mortes. En se concentrant sur l’histoire de l’art, Lichtenstein a commencé à explorer des motifs architecturaux plus classiques. En effet, dès la fin des années 1960, des éléments caractéristiques du futurisme mais aussi du cubisme, du surréalisme et de l’expressionnisme apparaissent régulièrement dans son travail.
Parmi les styles et les mouvements que Lichtenstein s’est approprié, on trouve les motifs expressionnistes, le gros plan d’Alexei Jawlensky, les visages songeurs et les figures félines déchiquetées d’Ernst Ludwig Kirchner qui démontrent la plus transparente des ironies. En incluant des peintures clés, de la sculpture, des dessins et des gravures sur bois, cette exposition révèle le paradoxe audacieux posé par Lichtenstein en interprétant des sujets expressionnistes avec des couleurs primaires et la planéité caractéristique du style Pop Art. Parfois il a substitué au système de points Benday, des rayures, des ombres et de la grisaille évoquant des gravures sur bois expressionnistes, allant ainsi jusqu’à créer ses propres gravures sur bois intégrant une rhétorique expressionniste. Cette exploration a été réalisée en trois dimensions avec le bronze peint : Expressionist Head (1980), invraisemblablement incliné.
Pendant un voyage à Los Angeles en 1978, Lichtenstein resta fasciné par la collection de gravures expressionnistes allemandes et les livres illustrés de l’avocat Robert Rifkind. Il a alors commencé à produire des oeuvres qui empruntaient des éléments stylistiques trouvés dans des peintures expressionnistes. The White Tree (1980) évoque les paysages lyriques de Der Blaue Reiter, tandis que Dr. Waldmann (1980) rappelle le Dr. Mayer-Hermann d’Otto Dix (1926). Des petits dessins au crayon de couleur ont été utilisés comme modèles pour des gravures sur bois, un moyen d’expression favorisé par Emil Nolde et Max Pechstein, mais aussi par Dix et Kirchner. Head (1980), une gravure sur bois imprimée autant en noir qu’en sept couleurs, a été créée à partir d’un bloc de bois de bouleau que Lichtenstein a coupé à travers le grain pour imiter la surface lisse et la coloration équilibrée de ses peintures. En gardant certains effets stylistiques de l’expressionisme mais en abandonnant sa charge émotionnelle, ou encore en s’inspirant d’éléments d’autres mouvements artistiques, Lichtenstein a véritablement remis en question les différences de mouvement de l’histoire de l’art.
L’exposition « Lichtenstein : Expressionism » est accompagnée d’un catalogue entièrement illustré comprenant un essai par Brenda Schmahmann, une conversation entre Hans Ulrich Obrist et Mayen Beckmann et une conversation entre Ruth Fine et Sidney B. Felsen.
Cette exposition a été préparée en étroite collaboration avec la Fondation Roy Lichtenstein et l’Estate of Roy Lichtenstein. Elle coïncide avec la rétrospective itinérante consacrée à l’artiste qui a lieu du 3 juillet au 4 novembre 2013 prochain au Centre Georges Pompidou, à Paris.
Roy Lichtenstein est né en 1923 à New York, où il est mort en 1997. Son travail a été exposé dans le monde entier. Parmi les récentes rétrospectives on compte « All about Art », au Louisiana Museum, Humelbaek en 2003, exposée ensuite à la Hayward Gallery à Londres ; au Musée Reina Sofia, à Madrid ; et au Musée d’Art Moderne de San Francisco, en 2005 ; « Classic of the New », Kunsthaus Bregenz (2005) ; et « Roy Lichtenstein : Meditations on Art », au Museo Triennale, à Milan en 2010 (exposée ensuite au Museum Ludwig à Cologne). L’exposition « Roy Lichtenstein: A Retrospective » a débuté à l’Art Institute of Chicago en mai 2012 puis à la National Gallery of Art, Washington, D.C. et à la Tate Modern à Londres. Elle sera visible du 3 juillet au 4 novembre 2013 au Centre Georges Pompidou à Paris.
Lichtenstein: Expressionism
Du 1er juillet au 12 octobre 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Gagosian Gallery
4, rue de Ponthieu
75008 Paris
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...