0 Shares 1125 Views

Festival Uzès Danse – 18 juin 2013

24 juin 2013
1125 Vues
Jared Gradinger Sabine Brinker

Un gentil chauffeur, et patient avec les questions à la con des journalistes (« Quel temps fera-t-il ce soir ? », « Où puis-je acheter de l’huile d’olive ? » et j’en passe), me dépose, enfin, après trois stops pour gens pressés (on se demande bien pourquoi d’ailleurs), à mon hôtel, soigneusement sélectionné pour sa piscine… Ahhh, ce n’est pas que pour faire pâlir les Parisiens restés in situ, c’est bête n’est-ce pas, sous l’orage, mais la baignade sous le soleil dans le bassin vide, avec luxe suprême un chat qui trempe la patte dedans (nous ne sommes que lui et moi dans l’eau), ça délasse….

Et là paf, je suis en retard. Ou Presque. Après une promenade de santé entre pins et palmiers, j’arrive à la salle de l’Ancien Evêché. Juste eu le temps de boire un sirop de cerise lavande dont je vous passe la description des délices pour ne pas vous énerver.

Sur le plateau surchauffé, gisent là deux corps. Ou un. On ne sait pas trop. Il s’agit de ceux d’Angela Schubot et Jared Gradinger. Emmêlés. Tête contre sol. Un fond sonore entêtant se joint à la chaleur et à l’obscurité de la salle pour faire monter la pression. Ce sont vraiment de petites morts. I hope you die soon. Ils s’enlacent, respirent avec peine et ne se défont pas. Ils repirent l’un par la bouche de l’autre. Son rauque et enivrant de leur respiration. Plus de son. Presque plus de lumière, sauf un halo subtil qui enroule les corps Presque immobiles, qui se gonflent et se dégonflent comme du papier chinois. Casse tête chinois aussi que de savoir quel bras appartient à lui ou à elle, et si ils vont finir par émerger de ce chaos extatique. Ils se lèvent, et traversent imperceptiblement le plateau, bouche à bouche, corps à corps, puis parallèles dans une agonie jubilatoire. Qaund on jouit, on meurt toujours un peu. Certains ont pu être oppressés, d’autres ennuyés. Moi, j’ai adoré ce moment hors du temps, ces enlacements pervers où jamais le regard de l’un ne sort du trouble et où sutout les deux amants ne se regardent pas. Attraction animale, fatale, pulsion de mort et instinct de survie valable seulement dans l’être à deux. Ensemble, c’est une hâte de mourir pour mieux être soudés. Une grâce opalescente qui ferait presque oublier que dehors il fait jour et beau. Un air de carnival médiéval, de ronde de nuit à la Aloysius Bertand, une pointe de Rembrandt. Bref, idéla pour plonger dans le spleen en plein jour. Et ça, c’est chic.

Lire la suite…

Bérengère Alfort

[Visuels : A. Schubot et J. Gradinger les petites morts © Sabine Brinker]

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
39 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
78 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
95 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...