Festival Dans Dakar – Justice illumine Stockholm !
D’un côté, les plus courageux allaient courir le marathon annuel tandis que les rockeurs lésés allaient voir Kiss à Solna, ville voisine où Zlatan avait inauguré le nouveau stade avec un quadruplé historique contre l’Angleterre fin 2012. Mais l’évènement le plus cool était bien le Festival Dans Dakar dont la billetterie a vite été prise d’assaut et pour cause : le prétexte était trop bon pour que les étudiants ne festoient pas dans un endroit où ils ont bûché toute l’année : l’Université, transformée pour l’occasion en terre de débauche avec comme attractions principales Royskopp, Prodigy ou encore Justice dont le cahier des charges s’est fortement allégé depuis leur dernière tournée.
Paris sous la grisaille, les affaires au plus mal, quoi de mieux alors que d’aller voir ailleurs le temps d’un weekend et de se pencher sur l’un des trois sujets au pays de Spotify ? Evidemment, le choix du Dans Dakar ne faisait aucun doute avec la présence du groupe français le plus demandé de la planète.
Kill the rain, not the fun!
Accréditation validée, American Express débitée, tout se règle très vite. Pas vraiment le temps de cogiter donc, mais une certitude, celle d’aller en Suède pour couvrir un festival sympa et accessoirement profiter d’un temps exceptionnel que le pilote d’Air France ne manque pas de souligner à peine posé sur la piste d’Arlanda. Une heure plus tard en ville, les bikinis abondent, les Wayfarer sont fièrement arborées et les terrasses de cafés blindées plus que de coutume vu le climat monotone qui règne ici tout au long de l’année.
A entendre de loin, il s’agit bien du « plus beau jour de l’année » dans la capitale suédoise. Une chance. Oui mais voilà, comme l’an dernier à la même période, les rayons de soleil disparaissent pour laisser place à des averses dès le samedi, suffisantes pour transformer la pelouse de « l’Universitet » en champs de bataille boueux. Mais après tout, un festival ne doit-il pas se faire sous la pluie pour être réussi ? En tout cas, rien ne freine les détenteurs de billets qui commencent à zoner à T-Centralen (sorte de Châtelet suédois) dès le début d’après-midi pour se rendre sur place, vêtus pour certains de blousons à l’effigie de Justice et déjà bien équipés de packs de bières fraîchement achetés dans les 7-Eleven de Flemminsgatan. La ligne rouge commence à faire le plein et ne désemplira jamais jusqu’au lever du jour (vers 3h), dans un sens comme dans l’autre.
Comme tout pigiste musique qui se respecte, le souci d’arriver assez tardivement s’impose. Pas trop tôt pour ingurgiter des Warm-Up de jungles indigestes, et pas trop tard pour profiter des têtes d’affiche. Vers 23h, arrivée sur le site et première (et seule) surprise : le mec chargé de délivrer les accréditations ne sait plus où donner de la tête et abandonne toute idée de chercher le précieux sésame après une bonne poignée de listes consultées… Vite blasé, il décide donc d’en finir et de me délivrer deux bracelets (pourquoi pas un ?), le second désignant un passe-droit encore inconnu à l’heure d’écrire ces lignes.
Prodigy bétonne, Justice détonne
A genoux sur la pelouse, des bénévoles ramassent au fur-et-à-mesure les gobelets vides et les objets coupants (débris de verre, canettes, seringues) en risquant à tout moment d’attraper le tétanos. Parce que oui, si le suédois est vu comme un « socially challenged » (version polie pour dire socialement handicapé), il sait en général faire la fête et peut vite tomber dans l’excès lorsque l’occasion se présente. De ce côté justement, la foule peut se targuer de surpasser la France (au hasard) et tout le reste de l’Europe en termes de folie et le montre quand les locales Rebecca et Fiona balancent leur électro festive à la tombée de la nuit en attendant The Prodigy, qui investissent la scène comme des fauves lancés dans l’arène. S’il est peut-être inutile de préciser que les déambulations de la triplette historique Howlett, Reality, Flint sont suspectes vu le palmarès du groupe en matière d’amphétamines, la palme de la défonce revient sans aucune doute au guitariste qui envoie valser sa six cordes au bout du deuxième titre, manquant de défénestrer un membre de son propre staff. Ambiance. Cachetons pour les uns, cachetons pour les autres, tout le monde s’y retrouve et communie dans la bonne humeur durant 75 minutes de show où le plus gros de « The Fat Of The Land » est évoqué (Breath, Smack My Bitch Up, Firestarter). Une prépa idéale pour les Justice, programmés à 1h30 pour clôturer le festival et donner ce qu’on attend d’eux : du lourd.
Pendant les installations — millimétrées — de la scène, les spectateurs essayent tant bien que mal de se réhydrater une dernière fois aux stands bières où l’attente est d’environ 40 minutes, soit le temps de revenir in-extremis sauter sur les premiers coups de boutoir assénés par Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, accueillis comme des héros treize mois après avoir fait exploser le Globen Annexet (sorte de Bercy local), situé à quelques kilomètres de là.
Après un départ hésitant, le duo prend ses marques et se lance dans un DJ set débridé, loin de la machine rôdée des dernières tournées. Ce soir, seulement quelques titres studio comme Helix et D.A.N.C.E sont intégrés dans la playlist pour dynamiser l’ambiance, fatalement redescendue vu l’heure tardive. Standards disco, parenthèses rock, singles retravaillés… Les choix de Justice sont bons et deviennent très bons quand ils décident de mettre le feu aux poudres en intronisant les premières mesures de Stress, qui détonne comme une bombe dans les jardins de l’Universitet.
A l’heure où le soleil se lève, certains festivaliers continuent de danser pendant que d’autres organisent l’exode massif en direction de la station de métro. Sur les quais le chaos, et un constat surprenant : au total, plus d’une vingtaine de groupes se sont succédés mais les jeunes suédois n’ont qu’un mot à la bouche après cette grande fête : « Juuustiiiiice ! ». Une reconnaissance unanime qui montre une fois de plus que les protégés d’Ed Banger laissent un peu plus leur empreinte à chacun de leur passage.
Mésestimée par le grand public malgré l’explosion des Hives et les succès relatifs de Mando Diao, Junip et Soundtracks Of Our Lives, la Suède montre au fil du temps que son réservoir musical en fait une place forte en Europe. Si le Debaser et le Globen ont également (et déjà) gagné leurs galons, l’Universitet est en train de s’installer comme une destination évidente avec le Dans Dakar qui, espérons-le, continuera d’être proposé les années à venir.
Olivier Cougot
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Remerciements à Because Music France (www.because.tv)
Crédits photos: nyheter24.se
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