Mario Mertz – Gagosian Gallery Paris
Mario Merz fut un membre clé du mouvement italien d’après-guerre : l’Arte Povera. Ce mouvement qui utilise des matériaux élémentaires et tirés du quotidien fut introduit par Germano Celant lors de l’exposition historique « Arte Povera: IM Spazio » en 1967. Mario Merz associait souvent des toiles et des objets trouvés avec des tubes de néon ordinaires afin de souligner l’instant où les matériaux se rencontrent : l’acte extatique de la production artistique.
Ainsi des rayons de lumière blanche semblent passer à travers la sculpture murale Impermeabile / Raincoat (1967) – un des premiers exemples des innovantes combinaisons de Merz consistant à mêler des néons et des objets de la vie quotidienne, ou des toiles peintes comme dans I giganti boscaiuoli / Les bûcherons géants (1981-1982), la première oeuvre d’une série de peintures de grand format, utilisant des techniques mixtes, datant du début des années 80. Sur la toile sans châssis, deux cônes s’enfoncent vers le sommet d’un triangle noir montagneux. Les jambes de deux personnages, arbitrairement tronquées en haut du tableau traversent ce point de contact central. Dans ce montage à l’allure onirique, les thèmes personnels et symboliques rencontrent le mouvement Futuriste et ses évocations de pouvoir et de vitesse.
En écho à la force propulsive des cônes, un tube au néon, tel un vecteur blanc lumineux, traverse la toile et la troisième dimension.
Au-delà des matériaux tirés du quotidien constituant la philosophie de Merz, son leitmotiv était l’igloo qui selon lui représentait la forme organique idéale, « à la fois un monde et une petite maison ». En accord avec la culture et la technique des structures nomades construites à l’aide de ressources à portée immédiate, Merz créa ses igloos à partir de la terre, de tissus, de mastic, de fruits, de cire, de bois, de verre et de parties de corps d’animaux. Malgré les références visuelles – la forme de dôme et les composants organiques – il n’y a aucune ressemblance avec des cahuttes fonctionnelles ou des maisons de glaces. Igloo (2002) est composé de grands fragments de pierres qui se chevauchent, maintenus par des pinces industrielles. La structure métallique reste apparente à travers les matériaux entre les éclats : il s’agit d’un espace discret, et pourtant visuellement accessible par son adaptation de l’architecture traditionnelle. Igloo renverse la structure traditionnelle à partir de laquelle il est construit littéralement et conceptuellement, transformant l’abri résilient en une sculpture précaire.
Les igloos de Merz sont l’incarnation de ses méditations sur l’illimité : des « dessins continus » – dans lesquels le crayon à papier ne quittait jamais la surface du papier — aux peintures qui semblent se prolonger au delà de leurs supports. Les formes ouvertes établies sur des fondations en spirales font référence à la suite de Fibonacci, une séquence mathématique véritable source de fascination chez Merz. Tels des espaces privés ouverts à la contemplation publique, libres de toute convention et de tout support, les igloos représentent la dissolution la plus frappante et la plus constante des limitations de Merz.
Mario Merz (1925-2003)
Son travail fait partie des collections internationales les plus prestigieuses : Museum of Modern Art, New York ; Solomon R. Guggenheim ; Hirshhorn Museum et Sculpture Garden, Washington, D.C. ; Museum of Contemporary Art, Los Angeles ; Museum of Fine Arts, Boston ; Walker Art Center, Minnesota ; San Francisco Museum of Modern Art ; Tate Modern, Londres ; Centre Pompidou, Paris et le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid.
Parmi ses expositions majeures on compte : « Mario Merz », Walker Art Center, Minneapolis (1972) ; Kunsthalle Basel (1975) ; Musée d’art Moderne de la Ville de Paris (1975) ; Whitechapel Art Gallery, London (1980) ; « Mario Merz at MOCA », Museum of Contemporary Art, Los Angeles (1989) ; « Mario Merz: A Retrospective », Guggenheim Museum, New York (1989), une même exposition dans deux sites au Castello di Rivoli et à la Galleria d’Arte Moderna de Turin (2005), organisée par la Fondazione Merz, et « Mario Merz: Che Cos’è una Casa? », Fondazione Merz, Turin (2010-2011).
Exposition de Mario Mertz
Du 30 mai au 25 juin 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Vernissage le dimanche 9 juin, de 11h à 14h
Gagosian Gallery
4, rue de Ponthieu
75008 Paris
A découvrir sur Artistik Rezo :
– « Calder I Prouvé » (Gagosian Le Bourget, du 8 juin au 2 novembre)
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