Tadashi Ono – galerie VivoEquidem
Le 11 mars 2011, à 14h46, un grand séisme de magnitude s’est produit à Tohoku, région du nord-est du Japon. L’épicentre se trouvait au large de la côte de Sanriku, où se succèdent des baies complexes et de ports de pêche. Le tsunami qui a suivi a détruit la quasi-totalité des côtes habitées et créé des scènes apocalyptiques, emportant près de 20’000 âmes. Le gouvernement et les médias ne cessent de souligner qu’un tsunami de cette envergure ne se produit qu’une fois tous les mille ans pour insinuer que l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima était imprévisible. Alors qu’en réalité, c’est le quatrième grand tsunami de l’ère moderne, après celui de 1896, 1933 et 1960.
En novembre 2011, huit mois après le désastre, Tadashi Ono a commencé à voyager le long du littoral dévasté, étendu sur les trois préfectures : Iwate, Miyagi et Fukushima. Les décombres ont été nettoyés et entassés comme des montagnes. Diverses espèces d’herbes ont repris possession des terrains vagues. Les oiseaux reviennent dans le centre-ville, vidé de ses habitants. En marchant sur le bord de la zone inondée, il a photographié ces paysages suspendus, en transition.
Dans ces images, divers artefacts régis par le principe de priorité économique sont transfigurés par la mer. Leurs limites deviennent floues. Épaves de voitures, quintessence de produits industriels semblent mimer la forme de vagues ou de montagnes. Sous le vent qui balaye les terrains vagues, Tadashi Ono dit qu’il a souvent eu l’illusion d’être un photographe du 19e siècle, en Égypte ou au Mexique. Digues détruites, routes coupées, fondations exposées… Ces constructions de notre civilisation moderne sont devenues les ruines d’un site archéologique. Comme si le tsunami nous avait tout d’un coup projetés vers le futur…
Tadashi Ono
Né à Tokyo, vit et travaille à Kyoto et à Paris. Il est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles et dirige, depuis 2011, la nouvelle section de photographie-art contemporain au sein de la Kyoto University of Art and Design. Son travail photographique se veut un questionnement sur l’architecture, l’environnement et l’histoire. L’artificialité des paysages façonnés par l’homme ou encore les rapports de force entre la périphérie urbaine et le centre sont quelques-uns des sujets qui traversent ses séries. Ses travaux photographiques sont exposés notamment à la Bibliothèque nationale de France et au Museum of Modern Art de Tokyo. Il a également réalisé en 2006 l’archive photographique du Cyclop, l’œuvre majeure de Jean Tinguely, pour le centre national des Arts plastiques.
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=bDE3w8qkrVA[/embedyt]
Exposition de Tadashi Ono
Du 22 mars au 31 mai 2013
Du mardi au samedi de 14h30 à 19h30
Galerie Vivoequidem
113, rue du Cherche-Midi
75006 Paris
M° Duroc
[Visuel : Tadashi Ono. N° 2 (la maison) : HOUSE. SENDAL. MIYAGI PREFECTURE. NOVEMBER 14. 2011 248 DAYS AFTER]
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...