Galeries du faubourg Saint-Honoré – art ancien – avril-mai 2013
Trois expositions où l’exceptionnel est la règle que se fixe chaque galerie et qui témoignent de leur vocation à continuer d’écrire l’histoire de l’art – et celle du Faubourg Saint-Honoré.
Galerie Patrice Bellanger
Parmi les plus grands spécialistes de la sculpture européenne des XVIIe au XIXe siècles, Patrice Bellanger réunit un important ensemble de terres cuites françaises, italiennes et flamandes, des XVIIe et XVIIIe siècles.
Claude-François Attiret (Dôle 1728 – 1804) – qui répondit à de nombreuses commandes de la Région bourguignonne et réalisa notamment le décor du Palais des États de Bourgogne et du cœur de la Sainte-Chapelle de Dijon – est présent avec L’Adoration des mages, bas-relief en terre cuite, vers 1770-1780. Par sa composition, cette oeuvre rappelle Apôtres au tombeau de la vierge, bas-relief en terre cuite de l’artiste conservé au musée de Dijon, qui servit de modèle préparatoire pour le bronze doré de Saint-Bégnine de Dijon.
L’École romaine est incarnée par l’un de ses chefs de file, Camillo Rusconi (Milan 1658 – Rome 1728), à qui est attribuée une paire de modèles en terre cuite, Saint Jérôme et Saint Augustin, vers 1700-1710, dont le style exprime parfaitement celui des apôtres Saint André (1708-1718) et Saint Matthieu (1708-1709), que Rusconi sculpta pour la basilique de Saint Jean de Latran.
La sculpture flamande est représentée par un groupe en terre cuite de Rombouts Pauwels, dit Pauli (Malines 1625 – Gand 1690), Vierge à l’enfant et Saint Jean-Baptiste, vers 1650, qui évoque les terres cuites de Pauli conservées au Palais des Beaux-Arts de Lille : Saint Jean-Baptiste enfant, Vénus caressant l’amour et Vénus enseigne l’art du tir à l’arc à l’amour.
En regard de cet ensemble de sculptures, sur l’invitation de Patrice Bellanger qui lui prête ses murs, Éric Coatalem présente une rare sélection de peintures françaises du XVIIe siècle. S’amorce un dialogue singulier entre les arts, à travers lequel Patrice Bellanger se réjouit de renouer avec l’esprit de la galerie Cailleux – alors dédiée à la grande peinture du XVIIIe – qu’il a reprise en 2000.
Galerie Éric Coatalem
Spécialiste des tableaux, dessins et sculptures des maîtres français et italiens des XVIIe au XXe siècles, Éric Coatalem présente une impressionnante sélection de près de soixante tableaux de peintres français majeurs du XVIIe siècle, répartie entre les cimaises de sa galerie et celles de la galerie Patrice Bellanger. À l’occasion de cette importante exposition, la galerie Éric Coatalem édite un atalogue.
Citons une puissante représentation du Christ, École française vers 1620-1630, Portrait du Christ, spectaculaire huile sur cuivre qui n’a pas encore livré le secret de son attribution. Vouet en Italie ? Nicolas Tournier ? Philippe de Champagne ? Manfredi, comme ne l’écartait pas la spécialiste de l’artiste, madame Nicole Hartje, bien qu’elle ne connaisse aucune oeuvre sur cuivre ? Valentin pour l’aspect gris ? Un artiste nordique ? Le mystère reste entier…
Dans le registre religieux, mentionnons aussi deux tableaux de Jacques Stella (Lyon 1596 – Paris 1657), Le Christ mort, huile sur cuivre,1643, et La Vierge préparant la bouillie de l’Enfant Jésus, huile sur toile, 1651 ; une huile sur bois de Laurent de la Hyre (Paris 1606 – 1656), La Visitation, qui apparaît presque identique au dessin de l’artiste du même titre conservé au Fogg Art Museum, à Cambridge ; et un portrait de Saint Jean-Baptiste par Nicolas Régnier (Maubeuge vers 1588 – Venise 1667).
Pour sa rareté et son caractère anecdotique au vu du corpus répertorié de l’oeuvre du maître, alors principalement connu pour sa peinture de fleurs, on remarquera une nature morte de Jean-Baptiste Monnoyer (1636 – 1699), Fruits posés sur des ruines, huile sur toile, vers 1680 – savante disposition de fruits au sein de ruines, probablement exécutée au château Vieux de Meudon pour le compte de François-Michel Le Tellier, seigneur de Chaville et marquis de Louvois tout puissant ministre de Louis XIV.
Parmi les natures mortes, signalons également une oeuvre de Jacques Linard (1597 – 1645), Les cinq sens aux deux oiseaux, avec huîtres posées sur l’entablement, huile sur panneau de chêne datée 1642, dont l’Indianapolis Museum of art conserve une variante, Les cinq sens aux oiseaux, avec des huîtres posées sur un plat.
Galerie Philippe Perrin
Spécialiste du mobilier, des tableaux, de la sculpture, des objets d’art, de la fin du XVIIe siècle au début du XIXe siècle, Philippe Perrin a choisi de mettre la peinture à l’honneur, et de nous proposer un voyage en Italie à travers des tableaux des XVIIIe et XIXe siècles.
Le « parfum d’Italie » dont s’imprègne la peinture du XVIIIe siècle, émane d’une paire d’imposants panneaux d’Hubert Robert (Paris 1738 – 1808), L’Aube et Le Crépuscule, huile sur toile, 1776, oeuvres caractéristiques du répertoire de formes que l’artiste rapporte de Rome et utilisera jusqu’à la fin de sa vie : l’Italie antique et moderne. Leurs dimensions (H. 228 x L. 220 cm) permettent de supposer qu’il s’agit d’une commande pour un grand décor : Hubert Robert en réalisa en effet plusieurs, comme en témoignent les six panneaux de l’artiste commandés par le Comte d’Artois pour la salle de bains du château de Bagatelle, conservés au Metropolitan Museum de New York.
Inspiré par le Temple de Vesta à Tivoli que le peintre visita en 1760 avec Fragonard et l’abbé de Saint-Non, « Lavandières au bord d’une rivière près d’un temple circulaire en ruines », huile sur toile, circa 1765-1780, fournit un nouvel exemple de l’interprétation toute poétique du paysage italien à laquelle procède la peinture d’Hubert Robert.
Séduisant tableau émaillé de citations au Grand Tour et à la ville éternelle, Paysage romain idéalisé, circa 1750, huile sur toile, réalisé par Guiseppe Zocchi (Florence 1711 – 1767) sur la commande de l’un de ses mécènes, le Marquis florentin Andrea Gerini, célèbre la beauté et de la vulnérabilité du passé antique et révèle l’influence de Gian Paolo Pannini sur l’artiste.
Gustav Wilhelm Palm (Harlov 1810 – Stockholm 1890), dont la quasi totalité de la production fut conservée par la famille de l’artiste jusqu’en 1915-1924, puis fit l’objet d’une donation au National Museum de Stockholm, nous livre une Vue des jardins de la Villa d’Este, Rome, 1843, rare huile sur papier marouflé sur panneau, qui n’est pas sans évoquer les vues des jardins de la Villa Borghèse, réalisées par l’artiste à la même époque et conservées au Metropolitan Museum de New York et au National Museum de Stockholm.
Expositions
Du 3 avril au 11 mai 2013
Vernissages le 2 avril 2013
Galerie Patrice Bellanger
136, rue du faubourg Saint Honoré – 75008 Paris
www.patricebellanger.com
Galerie Éric Coatalem
93, faubourg Saint Honoré – 75008 Paris
www.coatalem.com
Galerie Philippe Perrin
98, rue du Faubourg Saint Honoré – 75008 Paris
galerieperrin.com
Articles liés
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...