Falstaff – Opéra Bastille
La mise en scène de Dominique Pitoiset est certainement le clou de cette reprise de l’Opéra Bastille. Le plateau, souvent trop grand, dont les scénographes ne savent que faire, est admirablement bien occupé.
Le décor d’un immeuble en brique au bord de la Tamise glisse à droite ou à gauche selon les changements de tableaux. Il y a toujours quelque chose pour emplir l’espace, des figurants dont l’action est toujours parfaitement dirigée.
La composition des quatuors vocaux à la fin du premier acte est une belle réussite scénique.
Ambrogio Maestri, qui a chanté le rôle au festival de Salzburg, est Falstaff. Très applaudi, il est également un comédien hors-pair. Si sa voix est un peu limitée dans les graves, ses qualités dramatiques emportent l’attention du public dans une performance exceptionnelle.
Elena Tsallagova, en Nannetta, est l’autre grande réussite de la soirée. Tour à tour espiègle ou ingénue, sa composition dramatique est également d’une grande justesse, dans un rôle pourtant bien différent de la Mélisande où nous avons pu l’entendre. Puissante et mélodieuse, sa voix enchante la salle. Très applaudie, le public de Bastille pourra l’entendre dès le mois prochain reprendre son rôle de l’oiseau des forêts dans Siegfried.
Marie-Nicole Lemieux enfin, en Mrs Quickly, Paolo Fanale en Fenton, et Raul Gimenez en Cajus tenaient déjà les mêmes rôles dans la version du Théâtre des Champs-Élysées il y a deux ans. Il nous est ainsi permis d’entendre à quel point l’acoustique de Bastille ne met pas en valeur les voix. Si la chanteuse s’en sort bien – elle est pénétrée par son rôle, un ressort comique évident, les deux chanteurs sont moins à leur aise. Le jeune Fenton semble constamment devoir pousser un timbre sans amplitude.
Svetla Vassileva, qui semble beaucoup aimer les applaudissements tant elle en redemande, avait beaucoup impressionné le public de Bastille dans Francesca da Rimini. Elle est une Mrs Alice Ford très solide vocalement, mais moins investie par son personnage.
Le Ford d’Arthur Rucinski est un peu en retrait, mais il offre une prestation honnête.
Habitués que nous sommes à l’excellent travail de Philippe Jordan, Daniel Oren à la baguette déçoit un peu. L’orchestre manque de mordant dans une partition où l’esprit burlesque ne demande qu’à éclore.
Marie Torrès
Falstaff
Commedia lirica en trois actes de Giuseppe Verdi (1813-1901)
Direction musicale : Daniel Oren
Mise en scène : Dominique Pitoiset
Ambrogio Maestri, Sir John Falstaff
Artur Rucinski, Ford
Paolo Fanale, Fenton
Raúl Giménez, Dottore Cajus
Bruno Lazzaretti, Bardolfo
Mario Luperi, Pistola
Svetla Vassileva, Mrs Alice Ford
Elena Tsallagova, Nannetta
Marie-Nicole Lemieux, Mrs Quickly
Gaëlle Arquez, Mrs Meg Page
9 représentations du 27 février au 24 mars 2013
Orchestre et choeur de l’Opéra national de Paris
Tarifs : 5€, 15€, 35€, 70€, 90€, 115€, 135€, 155€ et 180€
Opéra Bastille
M° Bastille
[Crédits photographiques : Opéra national de Paris/ Ch. Leiber // Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca]
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...