Scialla ! – comédie de Francesco Bruni
Bruno, écrivain fini qui ne sert plus que de nègre aux autres et ancien prof qui se contente de quelques cours à domicile pour subsister, s’intéresse plus particulièrement à Luca, un de ses élèves. La mère de Luca, avant de partir en mission en Afrique, demande à Bruno de s’occuper de l’adolescent sans lui dire au départ qu’il est son fils.
Scénariste chevronné avec une vingtaine de films à son actif (dont ceux de Mimmo Calopresti qui ont réussi à franchir les Alpes au début des années 2000), Francesco Bruni met en scène avec « Scialla » son tout premier long métrage. D’une parfaite justesse de ton, le scénario, également fort bien construit, s’inscrit dans cette grande tradition des films familiaux dont regorge le cinéma transalpin, avec toutefois cet ancrage dans une Italie qui change. Tout en questionnant sur le sujet de la paternité, le scénariste frappe avec une fausse douceur sur la décrépitude culturelle qui sévit dans son pays. Le jeune Luca, auquel lui donne corps un tout jeune comédien qui crève l’écran (Filippo Scicchitano), incarne à la fois ce fils de famille décomposée et cet effritement de la culture là où celui qui va s’avérer être son père en symbolise la pérennité, voire la défense.
Plus politique qu’il n’y paraît donc mais aussi très cinéphile. En effet, en inscrivant son propos dans le milieu scolaire dont il dit qu’il est « la base de la société démocratique », le cinéaste va lorgner inévitablement du côté de Truffaut, dont il est d’ailleurs question nommément dans le film. Ce n’est pas la pire des références et tout en proposant une comédie, Francesco Bruni ouvre son propos vers le drame sans en marteler son propos comme un Gus van Sant (Will Hunting, auquel on ne peut s’empêcher de songer). Sans chercher non plus le happy-end, le film s’en tient à cette relation père/fils tout à fait passionnante qui a fait un carton en Italie tout en faisant grincer quelques dents dans le corps enseignant, ce qu’on comprend aisément. Espérons que l’hommage appuyé au cinéma français qui persille tout le film sera dignement récompensé par le public hexagonal. Ce très joli film au sujet aussi universel que très italien a de quoi séduire un large public.
Franck Bortelle
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Mostra de Venise 2011 (du 31 août au 10 septembre)
- 1 prix : Prix Controcampo
Scialla !
De Francesco Bruni
Avec Fabrizio Bentivoglio, Barbora Bobulova et Filippo Scicchitano
Durée : 95 min.
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