Piano rigoletto – Les Déchargeurs
S’instruire en s’amusant, le vieux rêve… Instruire en amusant, son corrollaire, principe complémentaire pour mettre définitivement au diapason apprentis et apprenants. C’est à ce diapason-là que nous convie Alain Bernard. Quoi de plus idoine pour un cours de musique ? La leçon très particulière que nous propose cet ancien collaborateur de Smaïn que l’on peut également retrouver sur la scène de la Comédie Bastille avec l’excellent « Cabriolet » d’Hervé Devolder, va tourner autour de son dada de toujours, la musique, qu’il va décliner avec une rigueur toute métronomique.
Avant même d’avoir montré sa bonhomme physionomie sur la scène, les rires ont déjà fusé deux fois. Un effet d’une désarmante simplicité mais à l’efficacité assurée. L’ensemble de son spectacle sera à l’avenant. Rien de bien compliqué, d’inaccessible puisqu’il s’agit de nous faire sortir de là un peu plus instruits que nous y sommes entrés. Et l’efficacité comme mot d’ordre. En un peu plus d’une heure d’une contagieuse interactivité, le comédien doublé d’un pianiste redoutable effectue un tour d’horizon de l’art musical à la manière d’un cours magistral, mais pas vraiment au sens universitaire du terme.
Questionnaire pour tester les connaissances et décoincer l’auditoire, madrigal du piano (« l’accordéon du riche ») sur métaphore automobile, historique des courants musicaux (des castrats au baroque, du blues aux ambiances de balloche de province, de la bande originale de film à la chanson), le spectacle ratisse large. L’ensemble est ponctué de situations souvent drôlissimes où l’artiste s’en donne à cœur (et à chœur) joie. Télescopage des univers, rencontres improbables et coups de griffe en passant à certaines têtes d’affiche de la chanson française vont ainsi assurer la composante humoristique du show. Avec en prime quelques parodies pour persiller l’ensemble et « politiser » le propos.
L’ensemble est d’une tenue tout à fait remarquable, à commencer par la performance pianistique époustouflante. Le comédien Alain Bernard n’est pas en reste et même si on pourra regretter que certains morceaux soient un peu courts et quelques jeux de mots un tantinet trop faciles, la présence scénique de cet artiste complet, l’immense sympathie qu’il dégage et le rythme qu’il parvient à insuffler à son spectacle en font une incontestable réussite.
Franck Bortelle
Piano rigoletto
D’Alain Bernard, Jean-Claude Islert et Pascal Légitimus
Mise en scène de Pascal Légitimus
Avec Alain Bernard (chant et piano)
Jusqu’au 28 septembre 2013
Relâches les 9, 10, 16, 17 août et 20 septembre
Les vendredis et samedis à 19h30
Réservations au 01 42 36 00 50 (lundi au samedi 16h-22h)
Durée : 1h15
Théâtre des Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris
[Photo : Alain Rousseau]
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...