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Markus Mann – interview

31 octobre 2012
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Markus Mann

La première fois que nous nous sommes rencontrés, il jouait seul avec sa guitare, sa voix chaleureuse et son style musical tutoyant à cet instant-là ceux de Keziah Jones. Certains diront ainsi que c’est le énième « black » avec une guitare… Markus Mann a surtout développé un style singulier, un groove « solaire » et énergique oscillant entre new soul, rock, pop, et reggae. Sur scène son talent fait écho à sa sincérité et à sa réelle grandeur d’âme, si généreuse, qu’il partage avec son public et dans l’intimité, avec ses proches.

A l’occasion de l’une de ses prestations sur la scène lilloise, il a accepté de se prêter au jeu de l’interview, nous confiant que son moteur est une quête quotidienne du bonheur assortie de beaucoup, beaucoup de travail. Car Markus est un leader, pas un suiveur. Et comme il aime à le répéter pendant ses concerts sur un ton à la fois rieur et déterminé «  Je m’appelle Mann ! Markus Mann ! Mann ! Markus Mann… mais avec 2N ».

Quelle est la source de l’album « The way to the sky » (« le chemin vers le ciel ») ?

Cet album raconte de nombreuses histoires. La traduction littérale signifie qu’il pourrait être imaginé comme une sorte de voie vers le succès et ouvrir de nouvelles portes… Je l’espère pour un futur proche en tous cas ! Sinon il a été écrit sous l’emprise d’un truc qui se fume et que nous appelons « magic dragon » aux Etats-Unis ; j’étais donc déjà en partie dans les nuages à ce moment-là… si tu vois ce que je veux dire ! Et tu peux le retranscrire dans l’interview, j’assume totalement !

Peux-tu en révéler davantage sur ces histoires ?

J’ai malheureusement déjà vécu pas mal de choses assez dures. La musique me permet d’exprimer mes émotions et d’interpréter ces événements douloureux. Ce que j’ai traversé a été difficile mais m’a forgé le caractère et donné une grande force pour avancer dans la vie. En fait, cet album réunit beaucoup d’histoires tristes, racontées sur une musique pétillante et joyeuse. Pour moi, la musique est un moyen de transcender tout cela, elle apporte de la substance.

Tu es jeune et tu as déjà vécu plusieurs vies. Pourquoi avoir abandonné l’architecture, la structure, pour te consacrer à un univers plus déluré ?

L’univers de l’architecture et celui de la musique brassent beaucoup d’argent. Je suis solide et j’analyse beaucoup ce qui se passe autour de moi. Nous allons tous mourir, c’est un fait indéniable, et nous serons oubliés. Le temps de l’oubli sera variable en fonction des gens et personnellement, j’aimerais disparaître en ayant laissé un impact positif. Je suis musicien depuis mon enfance, et à la fin de la journée, je suis satisfait si j’ai rendu les gens heureux, notamment par ce vecteur. Ceci est impossible à réaliser à travers l’architecture, tout simplement parce que la musique est plus universelle et en cela, elle me semble être un métier plus honnête que l’architecture, donc plus en phase avec mes valeurs intimes.

Finalement, quel est pour toi le lien entre ces deux métiers ?

En gros, excepté le fait que ce sont deux métiers créatifs, il est beaucoup plus difficile d’écrire une musique, une chanson – je veux dire une bonne chanson – plutôt que de concevoir un édifice. La musique requiert plus de précision pour toucher les gens au plus profond de leur âme et de leurs émotions.

Comment t’imagines-tu dans dix ans ?

Je serais vraiment très heureux de pouvoir créer une fondation pour enfants défavorisés et de travailler avec eux. Il y aurait différentes activités leur permettant de s’ouvrir au monde : apprendre à jouer d’un instrument de musique bien sûr, participer à des ateliers de création picturale, faire de l’équitation -j’adore les chevaux-, etc.

Tu portes tatouées sur ton bras gauche quelques notes du Concert pour Piano n°2 de Rachmaninov, ceci révèle-t-il ta part de romantisme?

En effet… comme les artistes qui ont vécu à cette époque, je suis à la fois impulsif et romantique. Ce qui me plaît dans la période romantique c’est que personne ne se souciait du « qu’en dira-t-on ». Il n’y avait pas de parade, pas de faux-semblants, plus de codes, les gens étaient vraiment eux-mêmes. Pour la première fois, chacun pouvait montrer ses émotions en public… même les aristocrates !

Puisque tu t’intéresses à cette période artistique, j’aimerais te soumettre quelques questions du Questionnaire de Proust. Elles permettent de cerner un peu mieux la personnalité de ceux qui s’y prêtent.

 Oui, avec plaisir. D’ailleurs j’aime la réflexion de Proust sur le temps qui passe et la mémoire affective.

Quelle est ta vertu préférée ?

La franchise, l’honnêteté. Si tu as quelque chose à dire, dis-le. Ou si tu as quelque chose à faire, fais-le.

Quel est ton rêve de bonheur ?

Il est variable d’un jour à l’autre. Parfois quelque chose qui me rend heureux est super sérieux, et d’autres fois, c’est quelque chose de totalement irresponsable. Je crois que la clé du bonheur c’est de savoir chaque jour ce qui peut te rendre heureux. Quoique que ce soit, trouve-le.

Alors dans l’absolu, quel est ton plus grand rêve ?

Il est à la fois très simple et très ambitieux. Je veux juste rendre les gens heureux, rien de plus. Partager avec eux tout ce qui est source de bonheur et de joie. Et sinon, j’aimerais être roi d’Angleterre ! (dit-il sur un ton très sérieux avant d’éclater de rire)

Et quel serait ton plus grand malheur ?

Ce serait de ne plus jamais voir briller le soleil… Comme devenir aveugle ou être enfermé dans une prison, par exemple.

Que détestes-tu par-dessus tout ?

L’hypocrisie ! De manière surprenante, j’ai du respect pour le Ku Klux Klan, tout simplement parce qu’ils assument totalement ce qu’ils font, bien que leurs actions soient terribles. Voilà, si tu me détestes, je te déteste aussi et stop. Tu veux me donner un coup de pied au cul ? Vas-y, fais-le, mais n’attends pas que je te respecte en retour, je te mépriserai de la même manière.

Quelle qualité aimerais-tu avoir ?

J’aimerais tellement être plus patient ! La vérité c’est que je suis très impatient… enfin uniquement dans le travail.

Comment aimerais-tu mourir ?

J’ai déjà tout programmé…

Comment ça ? Tu plaisantes ?

Pas du tout ! Quand j’aurai 70 ans, je me suiciderai par overdose d’héroïne. Je n’ai jamais essayé cette substance et je ferai ce voyage juste une fois, celle qui me sera fatale. Je suis très sérieux ! Après 70 ans, on devient vieux, grabataire, sénile… ou pas ! Mais je préfère ne pas savoir comment je serai. Voilà pourquoi je sais exactement comment je tirerai ma révérence. J’ignore encore si je convierai ceux que j’aime pour m’accompagner. Ce dont je suis certain, c’est que j’aimerais mourir comme j’ai vécu : en rêvant et en souriant…

Revenons à des choses plus joyeuses. Quel est ton état d’esprit actuel ?

Je suis à la fois heureux et perplexe. La musique me rend vraiment très heureux mais l’industrie musicale est un univers de confusions.

Quelle est ta devise ou ta phrase favorite ?

Mon père disait : « Quand tu dis que tu ne sais pas, en fait tu sais très bien. Tu as juste peur de verbaliser la vérité ». Et sinon, il répétait souvent « Soit un leader, pas un suiveur ! » et je me dis cela tous les jours.

N’oubliez pas, il s ‘appelle « Mann ! Markus Mann ! Mann ! Markus Mann… mais avec 2 N ! » et vous aurez prochainement l’occasion de l’entendre clamer lui-même son nom. En effet, Markus se produira le 15 novembre 2012 sur la scène mythique du Bus Palladium à Paris. Affaire à suivre…

Alexandra Ferrero

www.markusmannmusic.com/index2.php
www.facebook.com/pages/Markus-Mann/129027250483912

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