Kurt Masur – Lars Vogt au Théâtre des Champs-Élysées
Nous avions beaucoup aimé Lars Vogt l’année dernière. Il avait interprété le deuxième concerto de Brahms avec le Philhar’ à Pleyel. Il revient cette année avec le National pour le premier concerto au Théâtre des Champs-Élysées. Il faut donc croire que le pianiste allemand est en bons termes avec les trois orchestres parisiens, puisqu’il avait déjà joué ce même premier concerto il y a dix-huit mois avec l’Orchestre de Paris.
En montant sur scène avec le chef allemand, Vogt semble un peu inquiet. La longue introduction du premier mouvement est prise dans un tempo très lent. L’entrée du pianiste donne beaucoup de présence, mais est-il vraiment à l’aise ? Nous ne retrouvons pas ce côté athlétique, voire titanesque que nous lui connaissons. Il essaie de donner par moment de la nervosité, mais semble continuellement retenu. Les sonorités de l’orchestre ne sont pas très belles. Les cors sont souvent faux. Le chef est comme une statue immobile derrière le piano.
Le second mouvement libère le pianiste. Il est en effet plus libre puisque la partition alterne les séquences du piano et celles de l’orchestre. Nous pouvons ainsi entendre son merveilleux touché dans de très belles nuances pianissimos. Puis il attaque le troisième mouvement dans un tempo très vif, bien que précisé ma non troppo. L’orchestre est ainsi obligé de le suivre lui, ce qui n’est pas pour déplaire aux musiciens. Nous retrouvons ici le pianiste que nous avions connu l’an passé. Son phrasé incroyablement contrasté donne l’effet d’un swing incroyable qui emporte le public dans un tonnerre d’applaudissements.
Il donne en bis la même valse en lab Maj que l’an passé.
Suite de la série de l’intégrale des symphonies de Brahms par le National, après une magnifique première symphonie, la deuxième ne s’annonce pas si bien. Ce fut pourtant à nouveau une prouesse fantastique et toujours aussi peu compréhensible, si ce n’est par l’engagement évident de chaque instrumentiste. L’œuvre s’ouvre sur un admirable et très aérien premier thème. Puis la toile se tisse progressivement de multiples lignes superposées. La cohésion, si difficile à obtenir, dans une des œuvres les plus densément contrapuntique du compositeur allemand, est parfaite.
Dans le deuxième mouvement, la sonorité du thème est profonde. Le tempo est très lent mais le discours est toujours tenu. Le troisième est introduit par la sonorité un peu sèche des bois et des cors, puis les cordes arrivent et insufflent une amplitude révélant leur responsabilité et leur fonction particulière dans cet orchestre. Enfin, la très belle dynamique traversant le quatrième mouvement conclut l’œuvre.
Les musiciens et le chef sont vivement applaudis.
Johannes Brahms
Concerto pour piano et orchestre n°1
Symphonie n°2
Lars Vogt, piano
Orchestre National de France
Kurt Masur, direction
Le jeudi 25 octobre 2012 à 20h
Théâtre des Champs Elysées
15, avenue Montaigne
75007 Paris
[Crédit visuel : Christophe Abramowitz]
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