Compagnie Tamm Coat
« Les croisements, les métissages font de beaux enfants. Rémy Yadan, jeune artiste français né d’un père tunisien et d’une mère bretonne en témoigne avec éclat. Héritier de cultures différentes et se nourrissant de leur confluence, il va à la rencontre, à la recherche du miracle d’une première rencontre. Celle-ci sans cesse renouvelée doit pour s’accomplir unir des êtres, enchanter les esprits et les corps, armer une représentation, cheminer sur des voies nouvelles, expérimenter.
Rémy Yadan sait ordonner le texte et l’espace, le jeu des corps en mouvement et leur alliance en un spectacle aux résonances multiples en appelant à la fois à la théâtralité, aux arts plastiques, à la vidéo, à la chorégraphie, à la musique et à la fusion de ces écritures en une totalité. Parfois seul et d’autres fois porté par un collectif d’acteurs, hors de la scène ou sur scène dans l’engrenage savant d’une « représentation », à la fois créateur de spectacle vivant et plasticien, il lui faut pour exercer pleinement ce vaste magistère, disposer d’un cadre de travail à la mesure de son étendue et de ses spécificités. Il lui faut donc une compagnie théâtrale ; c’est et ce sera Tamm Coat.
Nous avons voulu constituer cette association de la façon la plus structurée mais la plus libre possible et avons dès le début placé son développement sous la houlette de membres d’honneur représentant une palette d’expériences et d’autorité reconnues. Née en juin 2011, la Compagnie Tamm Coat dont on découvre dans les pages suivantes les premières créations nationales et internationales, poursuit un double objectif. Elle affirme la permanence théâtrale de la dramaturgie, de la scénographie, du texte, du jeu des acteurs, du décor et des costumes, de la représentation en tant que construction et temporalité tout en se référant à un renouvellement de l’historiographie du théâtre moderne et contemporain, telle que Giovanni Lista l’a présentée dans son ouvrage de référence « La Scène moderne1». Si la volonté d’expérimentation y est première, elle ne se réclame nullement d’une rupture mais au contraire d’une histoire prestigieuse marquée par des créateurs considérables qui du futurisme à aujourd’hui, d’Artaud à Roméo Castelluci, ont enrichi l’expérience théâtrale en invitant à sa célébration des artistes plasticiens et/ou des modalités de la création plasticienne : John Cage, Merce Cunningham, Robert Rauschenberg, Carmelo Bene et Sylvano Bussoti, Tadeusz Kantor, Jerzy Grotowski, le Living Theatre, la Fura del Baus, Robert Wilson … le « Théâtre physique » exaltant le corps, le geste et le cri ; le « Théâtre d’artiste » né en 1944 avec la représentation privée chez Michel Leiris de la pièce de Picasso « Le désir attrapé par la queue » puis Ricardo Mosner, Michelangelo Pistoletto créant le groupe de théâtre « Zoo », Janis Kounellis avec Carlo Quartucci, Jean Dubuffet et son « Coucou bazar »…
La qualité des acteurs réunis autour de Rémy Yadan, la diversité de leurs profils et de leurs expériences artistiques, offrent une vraie richesse d’interprétation. Ainsi pour donner quelques exemples Diane Regneault formée au Théâtre National de Strasbourg, est-elle à la fois comédienne et auteure ; Bénédicte Cerutti qui a reçu la même formation a travaillé avec Jean-Michel Rabeux, Eric Vigner, Olivier Py, Frédéric Fisbach, Stéphane Braunschweig, Jean-Louis Martinelli ; Gabriel Bestion de Camboulas pianiste et organiste est co-titulaire de l’orgue Ahrend de la cathédrale de Lyon. Il a créé plusieurs concerts-spectacles à l’Opéra de Lyon.
Il faut souligner la fidélité à Rémy Yadan de la plupart de ces interprètes qui comme Jessica Buresi comédienne et chanteuse ont toujours ou le plus souvent travaillé avec lui et sont devenus membres adhérents de l’association. Tamm Coat est un foyer d’échanges, de volontés communes, de jeu et d’invention. Les comédiens, les danseurs, les musiciens, les plasticiens y forment le corps même du groupe.
Il était urgent de structurer ce travail théâtral et chorégraphique par la création de cette compagnie après dix bonnes années de mise en scène. Je me souviens de la soirée bouleversante où m’avait menée Catherine Strasser au Théâtre des Louvrais (Scène Nationale de Cergy-Pontoise). Trente comédiens y jouaient avec ferveur et passion un spectacle de Rémy Yadan intitulé Take this waltz. Ce que nous souhaitons aujourd’hui, alors qu’il ne cesse, en France, en Italie, en Argentine de déployer ses talents, c’est de pouvoir lui donner une logistique, une assise et les moyens d’une compagnie jeune, enthousiaste, fusionnelle, à l’ardent désir de mouvement, de défis, d’expérimentation. Tamm Coat ira au bout du monde. »
François Barré
Rémy Yadan est artiste plasticien et metteur en scène né en 1976, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieur d’Art de Cergy. Pensionnaire en arts plastiques en 2011-2012 à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, il y développe à la fois son travail de vidéo et de mises en scène dont Movimento parallelo (dans le grand salon de la Villa Médicis) , Héracles (au Palais Farnèse, Ambassade de France en Italie) et Nihil obstat (au Teatro Valle Occupato) où il devient directeur artistique du Festival Promessa, vidéo et spectacles vivants.Il établit une collaboration entre la Villa Médicis et le Teatro Valle Occupato permettant d’y programmer près de 25 artistes franco-italiens et d’initier la Villa Médici Occupata en mars 2012.
Dans l’élaboration de son travail vidéo, il prélève de véritables moments, ponctionne des tranches de vie réelle en immisçant une subjectivité, une trame sonore ou musicale, entre le documentaire, la vidéo artistique et le cinéma. En 2009, le Fonds National d’Art Contemporain fait l’acquisition de Madres, vidéo réalisée lors de sa résidence à Buenos Aires (Lauréat de la bourse Culturefrance – Mairie de Paris). Une exposition personnelle Hora sideral y sera programmée au Centre Culturel Recoleta en 2006.
En 2008, il obtient une résidence d’un an à la Cité Internationale des Arts de Paris où il met en œuvre trois créations scéniques dont Huitième de soupir. Ses vidéos sont projetées dans des festivals français et internationaux dont Paris (Côté Court en 2012), Bruxelles, Lausanne, Lisbonne, Rome, Turin, Madrid … Il réalise également des films pour des chorégraphies d’Alain Buffard Les inconsolés et (Not) a love song projetés à Vidéodanse au Centre Pompidou en 2006 et 2008. Il obtient en 2004 la première mention du Jury de Mulhouse04.
Pour en savoir plus : www.remyyadan.fr
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