La Rose tatouée – Cristiana Reali – Théâtre de l’Atelier
Pour convaincre le public, le toucher et l’emporter dans cette ambiance où l’on frôle le tragique à travers la gaieté, il fallait une direction et une troupe dont les corps, les gestes, les voix et les sentiments soient d’un bouillonnement irrésistible et d’une générosité exaltante.
Volcanique et fantaisiste
Serafina est une jeune femme d’origine sicilienne qui ne se laisse pas refroidir par le puritanisme ambiant de la Louisiane. Amoureuse brûlante qui crie le bonheur de son désir, elle tombe dans un désespoir tout autant excentrique quand meurt Rosario, son mari. Commence alors le temps des larmes malgré la révolte pétillante de sa fille Rosa, les tentatives des voisines qui cherchent à réintroduire le monde extérieur auprès de la recluse et malgré les leçons du curé qui se fait culbuter par la belle. Seule l’arrivée d’un camionneur tout autant excessif, qui pleure comme il rit, va réveiller l’ardeur fébrile de la jeune veuve qui reprend goût à l’immensité de la vie avec une rapidité qui n’a d’égale que la venue étourdissante du désir.
Le désir, toujours au centre de l’œuvre de l’écrivain américain, est dans La Rose tatouée porté à son sommet de gloire. Ici, il triomphe de la mort et de des pleurs. Il est le pivot de la vie et de l’amour sous toutes ses formes, amour maternel bouleversant et désopilant, amour des amants, jusqu’à l’amour de toutes les commères du quartier et de la prostituée dont le cœur déborde sous la glace apparente.
Un lieu unique, une atmosphère enflammée
La maison de Serafina est à l’image de son hôte, chargée, encombrée, conviviale et en désordre, simple et abondante, populaire et sous la bonne garde d’une Vierge Marie qui trône dans la pièce. Dans ce rôle qui mène toute la pièce, Cristiana Reali est éclatante d’énergie, de vivacité tempétueuse et à vif, joyeusement désespérée, irrésistiblement passionnée. Autour d’elle, Rasha Bukvic et Léopoldine Serre sont également captivants d’effervescence, de chaleur et de sensualité. Les dix autres comédiens maintiennent brillamment une atmosphère colorée, contrastée, réjouissante et généreuse.
Grâce au rythme sensuellement imprimé par Benoît Lavigne au plus près de cet univers aux profondeurs frémissantes, c’est à un spectacle garanti de fièvre réjouissante que la salle est conviée.
Isabelle Bournat
La Rose tatouée
De Tennessee Williams
Texte français : Daniel Loayza
Mise en scène de Benoît Lavigne
Avec Cristiana Reali, Rasha Bukvic, Léopoldine Serre, Monique Chaumette et Grétel Delattre, Estelle Dore, Bérangère Gallot, Jean-Yves Gautier, Martin Loiziillon, Sandrine Molaro, Sophie Nicollas, Nicolas Pujolles, Herrade Von Meier
Du mardi au samedi à 21h
Matinée le samedi 16h
Tarifs : 39, 33, 26, 15 et 10 euros
Réservations par téléphone : 01.46.06.49.24
Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris
M° Anvers ou Pigalle
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les pièces à voir à Paris en novembre 2012 // janvier 2013 // février 2013
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...