Les Dérives de l’Imaginaire – Palais de Tokyo
Parce que qu’une œuvre n’apparaît pas ex-nihilo, les artistes explorent ici les dérives de leur imaginaire au sens propre du terme, comme pour donner une existence à ce qui n’en a pas, une enveloppe sensible à l’onirique.
Parce que l’imaginaire témoigne de la subjectivité de l’artiste, et qu’elle appartient à la singularité de l’histoire personnelle, les images qui traversent leur esprit sont présentes avant même que l’on tente de les inscrire dans la normativité symbolique du langage. La démarche artistique constitue alors une des voies d’investigation privilégiée de l’imaginaire, qu’il s’agisse de se livrer à son archéologie comme Dove Allouche et ses Déversoirs d’orages matérialisés par l’héliogravure, rendant compte de l’expérience du temps, ou bien de laisser à l’acte créateur la libre expression d’un sens qu’il instaure comme Rodney Graham avec Aberdeen, diaporama musical personnel faisant le récit d’un processus artistique, invérifiable, constitutif de l’œuvre.
Construite pour placer le spectateur au cœur du travail de l’artiste, au cœur de l’acte créatif, dans le processus imaginatif, chaque œuvre offre un regard sur la maturation de celui-ci, à l’aube de la création même. C’est l’acte de créer qui est expérimenté. L’artiste se regarde en train de faire, entrain de dessiner les chemins vers la naissance de l’œuvre.
Et pourtant, dans le processus créatif, l’imaginaire, parce que hors de la réalité, est impossible à montrer. Il est hors du sensible. Mais son existence, elle, est bien palpable. A nous spectateur de plonger dans les méandres de l’esprit, au cœur même de la pensée de l’artiste, de l’acte. A nous spectateur de comprendre comment l’œuvre nait.
Et c’est là que la notion de dérive prend tout son sens.
Dériver c’est s’écarter de, c’est induire une forme d’éloignement, impliquant un mouvement dans l’acte. Cette notion de dérive prend alors forme dans une cartographie, comme l’Atlas Ellipticalis* de Evariste Richer, explorant la dérive des astres, une image et un son, celui de Matthew Buckingham et son diaporama One Side of Broadway, ou encore une écriture, une topographie, bref, un langage. Cette dérive rend visible l’esprit. C’est elle qui étire l’imaginaire, le décortique, le place en relation avec la notion de hasard, centrale, comme pour pousser l’imaginaire à son paroxysme. Etirer l’imaginaire, c’est le mettre en danger, c’est questionner sa valeur. Et c’est précisément cette question qui est finalement posée. Si l’imaginaire donne l’art, il accouche de l’œuvre. Il permet la maturation, comme si l’œuvre d’art ne nous donnait pas à voir ce qu’elle est mais ce qu’elle fût, avant d’exister dans le monde physique, dans notre réalité.
Alors, bien plus qu’une redéfinition du processus créatif, c’est une nouvelle approche de l’art entrain de se faire qui est ici proposé.
La dévire et l’imaginaire, incontrôlables par essence, puis l’œuvre qui en résulte portent en elles l’ADN de la création, du processus créatif, sorte de champ mental inachevé forçant le spectateur à aller au delà de l’œuvre, au delà de ce que l’on voit, forçant son propre imaginaire à explorer de nouveaux paradigmes, à réinterpréter sans cesse.
« Les Dérives de l’Imaginaire » nous invite à pénétrer au plus près de la dérive de notre propre imaginaire ; et à nous poser cette question : qu’y a-t’il en deçà et au delà de l’œuvre ?
Anne-Lise Charache
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Les Dérives de l’Imaginaire
Jusqu’au 11 février 2013
De midi à minuit tous les jours, sauf le mardi
Fermeture annuelle le 1er janvier, le 1er mai et le 25 décembre
Fermeture exceptionnelle à 18h le 24 et le 31 décembre
Plein tarif : 8 € // Tarif réduit : 6€ (moins de 26 ans, famille nombreuse, enseignants, étudiants, séniors)
Gratuité : moins de 18 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires des minimas sociaux, Ministère de la Culture et de la Communication, ICOM, IKT, journalistes, bénéficiaires du minimum vieillesse, personnes en situation de handicap & accompagnateur(sur présentation de justificatifs datant de moins de trois mois)
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
75116 Paris
A découvrir sur Artistikrezo :
– Les grandes expositions parisiennes en octobre 2012 et décembre 2012
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