Associés contre le Crime – film policier de Pascal Thomas

Le temps de la retraite est venu pour les Beresford, mais pas celui de la vieillesse. Ecrivain à succès depuis la parution de ses mémoires peuplées d’aventure que n’aurait pas reniées un Rocambole ou un Houdini, Bélisaire prend des allures de héros trop solitaire au goût de Prudence. Refusant une vie pépère et un quotidien plan-plan, celle-ci rêve d’encore des aventures, des danses du ventre et surtout, des crimes à résoudre.

Aussi, quand le vieil ami du couple, le Général vient leur rendre visite pour leur proposer de reprendre en main une agence de détectives à Genève, Prudence saute sur l’occasion. Enfin un peu d’action, que diable ! D’ailleurs, ça tombe bien : une première enquête s’annonce déjà. Une riche héritière russe a disparu, et son fiancé charge Prudence de la retrouver. La piste qui s’amorce ramène alors Prudence et Bélisaire dans l’ambivalent lieu de leur première aventure : le château-maison de retraite de Mon Petit Doigt m’a Dit à présent reconverti en clinique de chirurgie esthétique. Mais il semblerait que dans cette institution, un mystérieux docteur pratique une méthode non-conventionnelle véritablement régénératrice et qui suscite bien des convoitises…

Pour conclure sa trilogie des époux Beresford, Pascal Thomas prend un malin plaisir à être là où on ne l’attendait pas. Ses fantaisies policières inspirées par les romans simultanément sombres et cyniques d’Agatha Christie flirtaient jusqu’à présent avec le fantastique, et cette fois-ci sautent à pieds-joints dedans. Au risque de déconcerter, mais en assumant complètement ce côté potache. Ainsi, les méchants sont davantage des Pieds Nickelés empotés que de véritables assassins comploteurs ; l’image fourmille de gags visuels établissant une complicité comique avec les plus observateurs des spectateurs, qui voient passer de drôles de choses et notamment – pourquoi pas ? – l’Homme Invisible, en chair et en bandelettes.

C’est d’ailleurs cette interrogation, « pourquoi pas » qui semble présider au film entier de Pascal Thomas. Celui-ci ne paraît pas effrayé de succomber à toutes les digressions, avec d’autant plus de délectation qu’elles sont fantasques. C’est bien là à la fois la force et la faiblesse de cette nouvelle aventure de nos deux héros, Associés contre le Crime, car si parfois la digression, au-delà du critère de l’utile ou de l’inutile, s’avère délicieusement absurde ; elle fait parfois office de surajout scénaristique encombrant. Ainsi, si l’idée de faire souffrir ce si allègre personnage de Prudence Beresford d’une crise de mélancolie était cocasse ; si le cirque représentait un élément visuel à fort potentiel poétique ; son interrogation pseudo-existentielle sur ses liens de filiation n’apporte pas grand-chose et égare le film de façon peu constructive au lieu de le laisser s’adonner à la flânerie qui le caractérise la majorité du temps.

Il ne faudrait toutefois pas bouder son plaisir : la balade est drôle et plaisante, bien qu’on puisse lui reprocher un certain manque de subtilité par rapport aux deux précédents opus de la trilogie. Les boires – Les Beresford de Pascal Thomas ne refusant pas un bon whisky sec – et déboires de ces deux héros, bien loin d’Agatha Christie, se dégustent de la même façon qu’on lit une BD privilégiant la ligne claire ; en appréciant tous les petits gags qui accrochent l’œil du spectateur comme un bout de sparadrap le doigt du capitaine Haddock.

Raphaëlle Chargois

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Associés contre le Crime

De Pascal Thomas

Avec Catherine Frot (Prudence Beresford), André Dussollier (Bélisaire Beresford), Linh-Dan Pham (Marie Van Dinh), Nicolas Marié (Dr Nicolas Roscoff), Agathe de La Boulaye (Dr Matarazzi), Eric Naggar (Dr Jünger), Bernard Verley (le général) et Hervé Pierre (e médecin de famille)

Durée : 104 min.

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