0 Shares 2197 Views

Bohèmes – Grand Palais

5 juillet 2012
2197 Vues
Grand Palais

Des poètes (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine…), aux artistes (Courbet, Van Gogh, Satie, Picasso…) nombreux sont les grands hérauts de la modernité qui ont donné un visage à ce phénomène.  Rebelles à toute convention, batteurs de pavé, mangeurs de vache enragée, amateurs de femmes et de boissons ils ont, pour des générations d’apprentis artistes, allumé le rêve d’une gloire rédemptrice, qui ne se gagne qu’au risque de l’oubli et de la mort. A travers la littérature et la presse, le théâtre et l’opéra, la Bohème a très vite acquis une popularité immense ; elle a pénétré l’imaginaire collectif, et lié à jamais l’image de Paris au quartier latin et à Montmartre. 

Depuis une vingtaine d’années, des travaux portant sur des champs exogènes comme l’histoire des marginalités, des migrations, des nomades, ont renouvelé l’analyse de ce phénomène. Le mythe de la Bohème s’inscrit désormais dans l’histoire, infiniment plus riche et plus complexe, du rapport des peuples européens à la nation rom. Appelé Egyptien à l’époque classique, puis désigné des noms les plus divers, gitans, manouches, cagots, le bohémien devient, peu après son apparition en Occident au XVe siècle, un héros de roman (Cervantès le premier) et un sujet de prédilection pour les artistes (Callot, Vouet, Georges de la Tour). Le mystère de ses origines, son langage longtemps incompréhensible, son rapport intime à la nature, sa capacité de dire l’avenir, en font un personnage de légende. Ses apparitions et disparitions soudaines alimentent le fantasme d’une vie sans attaches, sans règles, intense et sensuelle. L’artiste, fasciné, a trouvé en lui son maître en liberté. 

Bohémiens et bohèmes ont dès lors partie liée. Figures de la liberté, de l’errance, ils partagent marginalité et misère. Insaisissables, habiles, initiés à d’inaccessibles secrets, définitivement irréductibles à la norme, ils troublent, provoquent et enchantent notre société sédentaire. C’est au même vocable de bohémien que l’on a recours pour désigner la vie de bohème naissante. C’est un même emblème de liberté irrépressible que le régime nazi veut  abattre en visant les tziganes et les artistes modernes. 

Par des mises en relations nouvelles autant que sur les croisements entre les disciplines (peinture, littérature, photographie, musique), en s’appuyant sur plus de 180 oeuvres alliant découvertes inédites et prêts exceptionnels (La Diseuse de bonne aventure, Georges de la Tour, Metropolitan Museum New York, L’Absinthe, Edgar Degas, Musée d’Orsay, Paris, Coin à Montmartre, Vincent Van Gogh, Van Gogh Museum, Amsterdam, La Gitane, Van Dongen, MNAM, Paris…), cette exposition ambitionne d’apporter un jour nouveau sur cette histoire commune. 

Servie par une scénographie de Robert Carsen qui, après le succès de Marie-Antoinette, revient au Grand Palais, « Bohèmes » est une exposition à vivre comme une expérience. Sur le long ruban de la route que l’on emprunte dès l’entrée, le visiteur traverse les siècles et croise les représentations les plus pittoresques du peuple errant. Puis il est admis dans l’univers du peintre, sa mansarde, son atelier, ses refuges, pour achever sa course dans les cafés de Montmartre. Lorsqu’au sortir du cabaret il reprend son chemin, le visiteur se trouve comme dégrisé devant l’inauguration de la salle tzigane à l’exposition « Art dégénéré » de Munich, en 1937. 

A travers un voyage de quatre siècles et une quinzaine de thèmes, « Bohèmes » éclaire à un phénomène qui, de Léonard à Picasso, traverse toute l’histoire des arts et des sociétés, et résonne encore dans notre monde contemporain. Comme l’opéra de Puccini, cette exposition se veut un grand rendez-vous populaire, mêlant la fantaisie et la gravité, le spectacle et la mélancolie, la misère et la gloire. 

Cette exposition est co-organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, Paris et Fundación Mapfre, Madrid. Elle sera présentée à Fundación Mapfre, Madrid, du 4 février au 5 mai 2013.

Aux mêmes dates au Grand Palais : 

Bohèmes 

Commissaire : Sylvain Amic, directeur des musées de Rouen 

Scénographie : Robert Carsen 
 
Du 26 septembre 2012 au 14 janvier 2013
Tous les jours sauf le mardi, de 10h à 20h
Nocturne jusqu’à 22h le mercredi

Plein tarif : 12 € // Tarif réduit : 8 € (16-25 ans)
Gratuit pour les demandeurs d’emploi (grâce au soutien de la Macif), bénéficiaires du RSA et du minimum vieillesse et nouveau, gratuit jusqu’à 15 ans (au lieu de 13 ans)

Audioguides : 5 € français, anglais, jeune public 

Grand Palais
Entrée Clemenceau 
M° Champs-Elysées-Clemenceau


A découvrir sur Artistikrezo : 
 Les grandes expositions parisiennes en octobre 2012 et décembre 2012


[Visuel : Vue depuis la Tour Eiffel, le Grand Palais, Paris, (France). Auteur : Gérard Ducher (user:Néfermaât). Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 2.5 générique]

Articles liés

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
59 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...

“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Agenda
61 vues

“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes

Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman,  Sanson,...

La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Agenda
76 vues

La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point

Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...