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Ligeti & Manoury – Orchestre de Paris – Salle Pleyel

festivalmanifeste2012

La Salle Pleyel, trop grande, est à moitié vide, alors que la file d’attente pour les invitations, où nous sommes, prend des proportions d’ouverture des soldes.

Les deux pièces d’orchestre de Ligeti données ce soir sont peut-être les plus célèbres de sa période moderne. L’Orchestre de Paris prend place sur toute la surface de la scène tant les musiciens sont nombreux. Les rideaux acoustiques sont installés sur le côté et au fond de la salle pour atténuer la réverbération, certainement en prévision de l’œuvre de Manoury qui fait usage d’électronique. C’est fort regrettable pour les œuvres de Ligeti, et notamment Atmosphères, la première œuvre, qui demeure dans des nuances pianissimo et dont la sonorité idéalement doit produire un halo nuageux. Lontano, la plus réussie des deux pièces, et peut-être de toute l’œuvre d’orchestre du compositeur hongrois, est saisissante. Les unissons et octaves que s’autorise Ligeti lui permettent de profiler dynamiquement davantage le discours musical et développe ainsi une tension dramatique intense.

La création mondiale du Concerto pour piano de Philippe Manoury est exécutée par le jeune et très en vogue Jean-Frédéric Neuburger. Il semble donc s’adonner occasionnellement à la création musicale. Philippe Manoury est connu pour être l’un des compositeurs les plus fidèlement soutenu par Pierre Boulez.
Masses, densités, vitesses, flux, l’auditeur est malmené pendant vingt minutes (selon la note de programme, mais qui paraissent bien plus longues) sous un déluge de notes. Si le début, très percussif, offre une certaine efficacité dramatique, le discours se perd très vite dans une succession de séquences où la saturation d’informations l’emporte sur l’intelligibilité. La partie de piano enchaîne les gestes convenus, et le travail sans-doute énorme et exténuant du soliste, dont nous saluons l’engagement, se résume à une simple mise en place.
Les sonorités sont globalement très proches de ce que faisait déjà Manoury dans les années 80. L’usage de l’électronique reprend les mêmes traits habituels du compositeur : des sons qui tournent en rond, des delays en écho, un déluge de notes du grave à l’aigu, et des timbres bruts de clochettes.
Si la musique de Manoury n’a jamais été caractérisée par la justesse de goût, il y avait toutefois dans certaines pages orchestrales sans électronique de belles textures harmoniques. Ce n’est pas le cas ce soir.

L’Adagio de la dixième de Mahler est un contraste brutal tant il n’a absolument aucun rapport avec les œuvres précédentes. On note que les alti reprennent leurs positions à droite, et on s’étonne de l’enchaînement attaca après Lontano. Le chef dirige par cœur, et ne bat presque jamais la mesure, alors que sa direction se contentait jusque-là d’une simple battue claire et fixe. Après une très belle introduction des Alti (très applaudis), l’orchestre semble se faire plaisir. La ligne mélodique est toujours merveilleusement conduite.
La salle applaudit vivement les musiciens.

Ouverture de ManiFeste 2012

Festival-académie de l’Ircam

GYÖRGY LIGETI (1923-2006)
Atmosphères ; Lontano

PHILIPPE MANOURY (né en 1952)
Echo-Daimónon, concerto pour piano, orchestre et électronique en temps réel
Création mondiale
Commande Orchestre de Paris, Filharmonia Wrocławska et Ircam-Centre Pompidou

GUSTAV MAHLER (1860-1911)
Symphonie n° 10, Adagio

Jean-Frédéric Neuburger, piano
Ingo Metzmacher, direction

Réalisation informatique musicale IRCAM /Thomas Goepfer
Coproduction Orchestre de Paris, Ircam-Centre Pompidou
Avec le soutien de la Sacem

Ce concert sera diffusé sur France Musique le 4 juin à 20h, dans les « Lundis de la contemporaine » en public à la salle Pleyel, émission présentée par Arnaud Merlin et Jean-Pierre Derrien, en présence des artistes du festival

Le vendredi 1er juin 2012 à 20h

Tarifs : 60€, 45€, 34€, 22€ et 10€
Réservation en ligne

Salle Pleyel
252, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
M° Ternes

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