Marcel Bataillard – Logique mytho
Ce qui est extraordinaire en matière d’art c’est l’abondance : nouvelles technologies, installations, performances, art vivant, postures et surtout discours…
Comme si le langage (l’ouïe) était interchangeable avec le geste, l’image ou le dessin (un bon dessin vaut mieux qu’un long discours). Je ne sais, d’autres plus compétents se sont interrogés sur le statut de l’image et leur réflexion est souvent passionnante, sauf qu’elle nous écarte de l’objet, elle nous écarte de l’oeuvre qui devient prétexte à texte, à discours, et commence alors l’épuisant dialogue entre l’illustration et le commentaire qui n’ont, selon moi, guère d’intérêt.
Pour peindre à l’aveugle, comme on dirait de mémoire, parce que le geste, le travail de la main est justement ce qui, depuis l’origine, identifie le travail de l’artisan ou de l’artiste. Travail de virtuose ou de vertueux, peu importe, l’étymologie est la même et signifie, depuis l’époque médiévale, ce long exercice qui permet d’exécuter facilement et de manière naturelle ce qui n’est ni naturel ni facile. Les yeux bandés, la main devient le prolongement même de la mémoire et doit, pour cela, explorer la conscience pour se souvenir de l’instant, du geste, du regard qu’il faut encore transcrire en écrivant. Aux confins de l’écriture, du dessin et de la calligraphie Bataillard nous emmène en voyage dans le temps auprès de Thomas – l’apôtre qui, bien qu’il ne croie que ce qu’il voit, doit cependant toucher. Après Marie Madeleine qui doit, elle, obéir à l’ordre contraire ne me touche pas. Pour aller d’une manière ascétique revisiter des choses connues, comme par exemple des mythes qui ont, durant des siècles, inspiré écrivains et artistes.
C’est à ce carrefour que, très modestement, va s’installer Bataillard, observant les rencontres improbables de Narcisse et de Méduse, de Sisyphe et d’Icare, se nourrissant de ce que d’autres ont écrit ou bien peint et s’autorisant à refaire de l’art à leur suite.
Sans prétention mais aussi sans complexe parce que, depuis les premières manifestations connues d’images, ce sont les mêmes questions qui se posent devant le seul objet qui soit contemporain et qui est celui qui est en face de moi. En face du spectateur, dans la confrontation à l’oeuvre qui devient par là même contemporaine, quelque soit le siècle où elle fut réalisée. Parce que je crois qu’en matière de création ce sont d’abord nos sens qui sont convoqués à la rencontre. Pourquoi le voyant doit il toucher ? Si ce n’est pour prendre conscience de l’indicible…
Ce que je ne peux pas dire je dois le montrer dans la mémoire inlassable du geste, l’habitus ou la maniera, peu importe, car l’art n’est peut être rien d’autre que l’éternelle confrontation de l’homme et de la matière.
Marcel Bataillard – Les Diables Verts
Sur une idée originale de Julien Derouault
Poésie : Louis Aragon (La Nuit de jeunes gens)
Mise en scène de Marie-Claude Pietragalla
Avec Julien Derouault (danse & texte), Malik Berki (Dj électro / hip hop), David Enhco (Trompette), Clément Simon / Thomas Enhco (piano) et Marcel Bataillard (peinture)
Création lumière : Olivier Paysen // Costumes : Johanna Hilaire
Le vendredi 16 et samedi 17 mars 2012 à 20h30
Tarifs : de 17 € à 35 €
Espace Pierre Cardin
1, avenue Gabriel
75008 Paris
M° Concorde
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