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Nathalie Elemento – Légers replis – galerie Jean Fournier

16 février 2012
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galerie Jean Fournier

« Il y a dans l’absence, même si nous parvenons à en faire une nouvelle forme de présence, quelque chose de la perte qui demeure. Il y a de l’inconsolable, de l’irrémédiable, de l’ineffaçable. Ce qui n’interdit pas l’espoir. Ce n’est pas nécessairement d’un objet perdu à retrouver ou à trouver qu’il est question. Si c’était du temps ? »
Jean-Bertrand Pontalis, in Passé présent : Dialoguer avec J.-B. Pontalis, 2007. Presse universitaire de France. Citation de référence qui revient dans les propos de l’artiste

Nathalie Elemento propose une représentation de ces objets en exprimant un repositionnement possible. Une continuité du questionnement des formes et des déformations qui est aujourd’hui travaillé par l’emploi certes du bois, matière de prédilection de l’artiste et aussi tout nouvellement par le métal.

« Il est impossible de parler de repli sans évoquer le pli » déclare Nathalie Elemento. En effet le pli par sa simple existence détermine deux parties. Il tient lieu de ligne, de marquage et à l’inverse du cadre ne fait pas office de bord. En fonction de sa position dépendront diverses possibilités de limites. Le rabattement, le pli ou le repli mettent en évidence le vide comme espace qualifié par Nathalie Elemento d’intérieurémédiaire qui offre selon elle, non pas une autre réalité, mais une réalité “autre”. L’artiste tente de retranscrire cet espace que l’on ne prend guère en compte et qu’elle aime à comparer à l’espace du rêve en insistant sur l’idée de mouvement inscrit dans le temps.

Pour Nathalie Elemento, le repli désigne, entre autres, un moment de réflexion, il peut caractériser l’autisme ou encore la stratégie militaire.
Un coin tranquille, sculpture en bois de 2008 qui symbolise la genèse des fondements de ses nouvelles sculptures, nous incite à un état propice à la réflexion tout en relançant avec douceur et humour la question du tableau à l’instar de Making sens (2011), tableau plié en métal qui indexe en plus le changement géométrique inclut par le pliage. Etat de veille (2011), vient compléter cette réflexion, ainsi le tableau prend la forme d’un carton à plier et replier, telle une sorte de gabarit ou de patron de couture inenvisageable mais praticable mentalement.

Le déplacement sur P’as, œuvre en bois posée à même le sol et la traversée de Pause (rewind fw), paroi fermant à la fois l’espace de la galerie tout en créant une nouvelle ouverture puisqu’une porte inclinée en bois est à franchir, fait basculer le spectateur dans l’univers de Légers replis. L’espace de l’autre côté de cette porte joue sur de légers décalages. Pendant un instant les sens du visiteur se trouvent contrariés et déstabilisés, ce qui n’est pas sans évoquer la fragmentation et l’effeuillage de l’espace et du temps par la mémoire.

Un vide laisse souvent un sentiment de tristesse et de solitude c’est pourquoi on ne préfère pas y penser : l’énergie que l’on met a éviter cette réalité ne fait qu’amplifier le manque : une place vide à table est bien plus marquante et marquée qu’une place occupée. Nathalie Elemento matérialise-là ce paradoxe avec Ne pas y penser, sculpture en métal prenant l’apparence d’une table posée sur des tréteaux. L’histoire du mouvement et du temps est ainsi retranscrite. Le vide devient donc plein. Ce qui rappelle Aux innocents…, photographie de deux mains vides, clin d’oeil au proverbe « Aux innocents les mains pleines », le vide permettant alors de tout (re)construire.

De ce qui reste (50 x 50 cm) et De ceux qui restent (100 x 100 cm) sont des œuvres murales, travaillées avec du miroir, constituées de plusieurs éléments. Ils évoquent, après le pliage l’idée du repositionnement. Ici les éléments sont détachés de leur partie principale et de leur place originelle. Ces tableaux voient leur cadre non pas brisé mais déplacé par les traits et la découpe réalisés. Le point de vue de départ est modifié ainsi que notre positionnement. Dû au morcellement le cadre n’a plus pour fonction d’être une limite, sensation d’autant plus accentuée par le choix du miroir proposant par le jeu du regard des espaces temps favorables à la rêverie.

La question du tableau se retrouve également dans l’intérêt que porte Nathalie Elemento pour l’étagère utilisée ici à différentes échelles. L’œuvre murale, Objet trouvé (intérieurémédiaire) est une étagère accrochée au mur nous incitant à être curieux, à chercher et deviner ce qui peut s’y être caché, s’y glisser.

Nathalie Elemento interroge le « ce qui se passe ». L’espace défini entre les deux parenthèses en miroir nous invite à nous regarder non pas entre les parenthèses mais dans celles-ci. Dans cette exposition tout est question de mouvement mais aussi de position. Y’a quelqu’un ?, étagère cette fois aux dimensions plus monumentales et sous laquelle on peut se déplacer oblige le visiteur à faire un choix : de quel côté nous positionnons-nous ? Car le repli aussi léger soit-il s’insinue de partout à l’instar de celui présent dans Mur d’exposition. Il nous entoure et prend corps sans que l’on s’en doute. Le repli est ici signifié par une étagère en métal s’encastrant dans un mur en bois. Mais après tout l’espace d’exposition n’est-il pas un des lieux les plus propices à la réflexion et à la rêverie ?

Enfin Nathalie Elemento a invité Jisun Lee, une jeune artiste coréenne, à présenter une vidéo réalisée à l’occasion de cette exposition où le mouvement et le positionnement sont omniprésents à l’instar du point : pointillés pour plier, point de départ du trait, de la ligne, du dessin. Ce que qualifie Nathalie Elemento d’un « nécessaire à recoudre » et donc une fois de plus à rêver, merveilleusement.

Nathalie Elemento – Légers replis

Du 16 février au 31 mars 2012
Du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h

Vernissage le 16 février 2012, de 18h à 20h30

Galerie Jean Fournier
22, rue du Bac
75007 Paris

www.galerie-jeanfournier.com

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