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La Flûte Enchantée – Théâtre des Champs-Elysées

22 décembre 2011
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Les rendez-vous artistiques ont parfois ceci d’étonnant qu’ils se correspondent entre eux sans forcément le vouloir. L’actualité vient à nouveau de le prouver. A travers la production de La Flûte Enchantée de Mozart vue par William Kentridge au Théâtre des Champs-Élysées, c’est un florilège d’expositions temporaires qui sont rassemblées sur une même scène. Pour conter cette histoire d’initiation et de rituels, l’artiste d’origine sud-africaine s’est largement inspiré des symboles de la franc-maçonnerie (triangle, tableau noir, œil…), mais pas seulement. On y pourra aussi y déceler l’ombre d’un Méliès, d’un Fritz Lang ou encore d’un Edvard Munch photographe (et sans oublier Schinkel). Trois artistes que l’on célèbre en ce moment au cinéma (Hugo Cabret de Martin Scorsese), à la Cinémathèque Française (« Metropolis, l’exposition ») et à Beaubourg (« Edvard Munch, l’œilmoderne »).

Le rapprochement entre ces artistes se fait aussi autour d’une époque qui a vu naître la cinématographie. Pour William Kentridge et son équipe, la photo est un point de départ pour à la fois revenir en arrière (scénographie baroque) et aller vers l’avant (montage vidéo). Rivalité entre la nuit et le jour, entre le positif et le négatif, mais aussi entre l’homme et la femme, cette production n’échappe pas à la règle. Celle-ci réussit en effet à nous rapprocher d’un monde « futuriste »… mais nous éloigne en même temps de ses personnages. De face, de côté ou en hauteur, peut-être que la meilleure position pour découvrir cette mise en scène aurait été en contre-plongée comme dans certaines salles de cinéma. Las, les théâtres à l’italienne ne disposent pas d’une telle architecture moderne. Parfois trop chargée, cette conception scénique n’en reste pas moins ingénieuse et fait partie de son temps parmi les créations de Robert Lepage, Pierrick Sorin ou encore la Fura del Baus.

Cette contemporanéité scénique ne peut être mieux mise en valeur que par la direction de Jean-Christophe Spinosi, accompagné de son Ensemble Matheus. Aux bien-pensants, réfractaires et puristes, il faudrait conseiller une ouverture d’esprit, une nouvelle oreille, et une approche différente. Sa direction ne fait rien d’autre que souligner tous les aspects extraordinaires qui peuvent émaner de cette partition magique. Sandrine Piau vient quant à elle réconcilier les deux écoles. Elle incarne une sublime Pamina, magnifique dans son Ach ich fühl’s, es ist verschwunden tout comme le Papageno de Markus Werba au côté de la basse profonde d’Ain Anger. La nuit laissant place au jour, le final de cette Flûte Enchantée reste ce qu’il y a de plus beau dans son image « post star-warsienne », le tout en compagnie d’un couple qui pourrait bien être les ancêtres de nos chers Luke Skywalker et Princesse Leia. A l’heure où nous approchons de l’année 2012, il n’y a rien à dire : nous sommes bel et bien déjà dans un futur cosmique !

Edouard Brane, avec Marie Torres

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=wi2WvyrawxI#![/embedyt]

La Flûte enchantée

Singspiel en deux actes K. 620 (1791)
Livret d’Emanuel Schikaneder
Jean-Christophe Spinosi, direction
William Kentridge, metteur en scène, scénographe et vidéo
Luc de Wit, metteur en scène associé
Sabine Theunissen, scénographe

Greta Goiris, costumes // Jennifer Tipton, Scott Bolman, lumières // Catherine Meyburgh,  montage vidéo // Kim Gunning, opérateur vidéo

Ensemble Matheus
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées

Avec : Topi Lehtipuu (Tamino), Sandrine Piau (Pamina), Markus Werba (Papageno), Emmanuelle De Negri (Papagena), Jeanette Vecchione (La Reine de la Nuit), Claire Debono (Première Dame), Juliette Mars (Deuxième Dame), Elodie Méchain (Troisième Dame), Ain Anger (Sarastro), Steven Cole (Monostatos), Renaud Delaigue, Alexandre Swan (Prêtres et hommes d’armes), Robert Gleadow (L’Orateur)

Vendredi 16 décembre, mardi 20 décembre, jeudi 22 décembre et lundi 26 décembre à 19h30
Dimanche 18 décembre et dimanche 25 décembre à 15 heures

France Musique enregistre cet opéra

Spectacle en allemand, surtitré en français

Durée de l’ouvrage Acte I : 1h environ
Entracte : 20 mn
Acte II : 1h20

Tarifs : 140€ // 100€ // 70€ // 35€ // 10€ // 5€

Réservations en ligne

Théâtre des Champs Elysées
15, avenue Montaigne
75007 Paris

www.theatrechampselysees.fr

[Crédit photo : Elizabeth Carecchio]

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