Gaston Fébus – Prince Soleil Armas, amors e cassa – Pau
Sous les manières courtoises de Gaston, autoproclamé Fébus (le dieu du Soleil en graphie occitane), habile connaisseur en fait d’armes, d’amours et de chasse (« armas, amors e cassa », selon son fidèle troubadour, Peyre de Rius) se profile un visage plus obscur. Son contemporain Jean Froissart le juge « moult ymaginatif ». Très émancipé des tutelles temporelles et spirituelles de son temps, il agit d’une main de fer et se révèle capable de tragiques débordements.
L’exposition met en lumière cette personnalité singulière, en insistant tout particulièrement sur le succès de son Livre de la chasse, dont la rédaction fut entreprise le 1er mai 1387, et sur les belles éditions manuscrites illustrées qui l’ont rendu célèbre.
Gaston Fébus dans l’histoire
Le visiteur aborde le cas historique et légendaire du comte Soleil grâce à quelques objets symboliques évoquant les données biographiques et les faits marquants de ce principat. Protégeant jalousement sa neutralité dans la grande confrontation qui oppose la Maison de France aux rois d’Angleterre, au coeur de la guerre de Cent Ans, Gaston réalise un véritable plan de construction et de rénovation de ses châteaux-forteresses situés le long du piémont pyrénéen. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il lance, de 1371 à 1379, un vaste programme de travaux pour son château de Pau.
La cour et les livres de Gaston Fébus
Le mythe initié dès les premiers pas politiques du comte Fébus est relayé par ses poètes et ses historiens. Au premier rang d’entre eux, Jean Froissart le raconte dans ses Chroniques (manuscrit sur parchemin, bibliothèque de Besançon). Les manuscrits survivant de l’importante bibliothèque de Gaston Fébus nous plongent dans le climat intellectuel de sa cour. Connaisseur averti, il est lui-même l’auteur du fameux Livre de la chasse souvent copié et enluminé à la fin du XIVème siècle et au début du XVème, puis imprimé.
Plusieurs exemplaires particulièrement précieux seront exposés, notamment l’un des plus anciens de ce texte, le manuscrit français 619 de la Bibliothèque nationale de France, selon toute probabilité celui de l’auteur lui-même. La présentation permettra aussi d’admirer de beaux manuscrits dans le domaine du bestiaire médiéval et des traités cynégétiques (Livres du roi Modus et de la Reine Ratio d’Henri de Ferrières).
La mort de Fébus et son héritage intellectuel
C’est précisément au retour d’une chasse que meurt Gaston, de façon inopinée, le 1er août 1391, avant de se mettre à table… L’épisode rapporté par Froissart est illustré par les hanaps, cuillers et gobelets du Trésor de l’Ariège (milieu du XIVe siècle, musée du Louvre) disposés sur la table dressée, parallèlement à la tapisserie du Repas de chasse de la tenture des tapisseries des Chasses de Maximilien (cartons du 2ème quart du XVIème siècle), dont une importante tenture envoyée au château de Pau constitue le décor de la salle aux Cent Couverts, où l’exposition est présentée. Ces tapisseries font apparaître le succès du livre de Gaston Fébus et de son iconographie. La source privilégiée qu’il représente encore pour la connaissance des animaux dans l’Histoire naturelle de Buffon, en est également la preuve.
La mémoire et le doute
La mémoire de ce personnage brillant, type de prince accompli au temps du Grand Schisme et de la guerre de Cent Ans, continue d’intriguer. Soupçons et controverses suscitent, chez les contemporains comme chez les historiens, autant d’inquiétude que d’admiration. Deux objets, ouvrant et fermant l’exposition, semblent réunir ces éclats et ces doutes : le coffret à décor de motifs de chasse provenant du trésor de Saint-Bertrand-de-Comminges, et la coupe avignonnaise du milieu du XIVème siècle conservée au musée Poldi Pezzoli à Milan, riche ouvrage d’orfèvrerie laïque dont les thèmes courtois s’accordent parfaitement avec l’élégance subtile et le charme chevaleresque en honneur à la cour de Fébus.
Gaston Fébus (1331-1391) Prince Soleil
Commissaires :
– Paul Mironneau, conservateur général du patrimoine et directeur du musée national du château de Pau
– Sophie Lagabrielle, conservateur en chef au musée de Cluny – musée national du Moyen Age
– Marie-Hélène Tesnière, conservateur général du patrimoine au département des manuscrits de la BNF
Du 17 mars au 17 juin 2012
Jusqu’au 14 juin : ouvert tous les jours de 9h30 à 11h45 puis de 14h à 17h
A partir du 15 juin : ouvert tous les jours de 9h30 à 12h30 puis de 13h30 à 18h45 (dernière admission à 17h45)
Fermé le 1er mai
Plein tarif : 8 € // Tarif réduit : 6,50 €
Billet incluant les collections permanentes.
Gratuit pour les moins de 26 ans (ressortissants de l’UE ou en long séjour dans l’UE) et à tous les publics le premier dimanche de chaque mois.
Musée national du château de Pau
2, rue du Château
64000 Pau
[Visuel : Château de Pau, 7 août 2009. Source : http://www.flickr.com/photos/hisgett/3821985575/ Auteur : ahisgett. Licence Creative Commons paternité 2.0 générique]
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