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Rencontre avec Lulu Gainsbourg

2 novembre 2011
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Tu sors ton premier album le 14 novembre… Combien de temps as-tu mis pour son élaboration ?

J’ai mis un an et un mois. J’ai commencé à en parler et à mettre les idées en place à partir de juin l’année dernière, et on a fini de masteriser l’album mi-juillet.

Tu reprends le répertoire de ton père, l’un des plus grands song-writers de l’histoire, n’était-ce pas un risque de faire cette démarche, de toucher à un tel héritage ?

En fait, j’ai fait la part des choses. Evidemment il y avait beaucoup plus de risques que d’avantages et en même temps j’assume. Je n’ai pas fait ça en me disant « allumez-moi, allez-y ! » (en parlant des journalistes). J’ai fait ça pour mon père, c’est un cadeau, et pour rendre hommage à son œuvre. Pour moi, c’était important parce que je suis son fils et je pense que le fait d’avoir fait adapter sa musique par des très grands de la musique et du cinéma est une chose dont il serait content. J’ai essayé d’apporter de la fraîcheur. Après, on aime ou on n’aime pas ! Je ne demande pas aux gens d’aimer, j’espère juste qu’ils pourront apprécier un peu… Et pour ceux qui ne connaissent pas, aussi, de s’intéresser à ces morceaux là.

Sur ce disque, tu as fait venir un certain nombre de gros artistes, Scarlett Johansson par exemple. Comment as-tu fait pour les contacter et les convaincre de participer à ce projet ? Ce sont des personnes très sollicitées, très occupées…

Oui, ils ont un emploi du temps de fou ! Il fallait jongler avec ceux de chacun et le mien (il faisait des études en parallèle), ce n’était pas simple du tout ! Le plus dur était de les contacter en fait. Il faut passer par les managers, parfois c’est mon agent qui annonce et puis quand ça ne marche pas, étant producteur, je dirige, je suis l’orchestrateur, je choisis les « guests » sur les titres, etc. Donc c’est aussi à moi de contacter les gens. J’appelle le manager et je présente le projet, tout simplement, avec la plus grande simplicité ! Scarlett — comme d’autres — a  accepté rapidement. Elle était heureuse de faire ce projet !

As-tu eu des préférences, des liens particuliers avec des artistes qui ont collaboré sur cet album ?

Chaque artiste avec lequel j’ai travaillé a une histoire à raconter. Evidemment, j’ai aimé travailler avec Scarlett parce que ça se passait très simplement, elle était très humble… On a passé un super moment, c’était magique. Avec Richard Bonna (jazzman camerounais), j’ai appris énormément. Pour moi, c’est l’un des musiciens les plus professionnels avec qui j’ai travaillé. En six heures, on a fait une version de La Javanaise qui est juste incroyable ! Quand tu as la chance de travailler avec ces gens-là, tu regardes et tu apprends ! Chaque moment était magique. Avec Marianne (Faithfull), qui a travaillé avec mon père, c’était incroyable aussi. En plus, elle chantait en français. Avec Johnny Depp c’était différent parce que c’est un ami (il raconte qu’à la base, Johnny Depp était musicien avant d’être acteur. Le journaliste intervient alors sur la participation dudit Johnny sur le titre Fade In Out d’Oasis).

Te sens-tu plus à l’aise dans ton rôle de musicien au sens propre, ou en tant que compositeur de musique au cinéma, qui sont des univers un peu différents ?

Je suis plus à l’aise dans l’univers musical du cinéma. Moi je n’écris pas de textes. J’exprime mes sentiments, ma sensibilité à travers ma musique. Je trouve que dans une chanson, quand tu écris un texte, ta liberté d’expression est très limitée contrairement à la musique (en général) sur laquelle tu peux tout dire, qui est illimitée. La musique est beaucoup plus vaste.

Tu as beaucoup voyagé. Quel est le pays qui t’a le plus marqué et le plus inspiré ?

Le pays qui m’a le plus marqué, c’est l’Inde. J’y suis allé dix fois, j’adore l’Inde, c’est un pays incroyable. Cela ne m’a pas aidé, ni poussé à faire de la musique mais il faut savoir qu’ils ont (en Inde) un monde musical intéressant. C’est eux qui ont inventé le « quart de ton », par exemple. J’ai appris tout ce côté spirituel… Malgré la pauvreté, ils expriment une joie de vivre incroyable ! Il y a des gens là-bas qui manquent de tout mais qui sont heureux…

Tu vas te produire dans pas mal de salles pour promouvoir ton disque, vas-tu rester dans un registre calme ou le set sera plus rock, par exemple ?

Déjà, je vais mettre à l’aise dès le début, je ne suis pas interprète. Bon, je vais reprendre les chansons de mon père, mais il ne faut pas s’attendre à voir Iggy Pop sur scène ! Je me cherche encore. Je suis musicien. J’ai fait un album, c’est l’œuvre de mon père, mais moi je le revendique en tant que musicien, j’ai tout changé au niveau des arrangements et je vais essayer de garder cette idée et on va essayer de s’amuser…

Doit-on s’attendre à voir des artistes présents sur le disque débarquer sur scène ?

Oui, et il y a des chances aussi de voir d’autres artistes qui n’étaient pas sur l’album !

D’autres projets en tête ?

Oui, j’ai plein de projets. Maintenant, je ne vais pas me prononcer dessus, pour l’instant.

Un artiste t’a t-il profondément marqué ?

Mickael Jackson, c’est le « king » ! Déjà, avant de danser comme un malade, à cinq ans il chantait ce qu’il voulait, il a inventé des chorégraphies incroyables… J’aime aussi beaucoup Freddy Mercury, qui a su mélanger l’opéra et le rock. Etrangement, ma première chanson a été inspirée de mon père, aussi. Créer un style est très dur.

(Un débat s’installe entre nous sur la qualité de la musique dans les années 80 et 90, Lulu parle de groupes comme Radiohead ou Aerosmith avant de mettre fin à l’interview).


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Propos recueillis par Olivier Cougot
Questions préparées par Charlotte Lacour et Olivier Cougot

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