Didier Bénureau – Indigne – Théâtre du Splendid
Didier Benureau tient ses promesses, il nous offre un seul-en scène corrosif dont le genre unique tient à sa personnalité. Sûr qu’il balance à tout va mille choses qu’il faudrait bien évidemment taire. Il s’en dédouane d’entrée en expliquant qu’il ne fait qu’interpréter ce que lui dicte son petit moi intérieur :« Je me demande s’il n’y a pas en moi un petit homme colérique, plus malin que moi, plus méchant, plus grossier, plus tordu que moi, qui dirait des choses indignes et qui me forcerait à jouer ces choses indignes… Voilà. En fait, c’est ça. Moi, je n’y suis pour rien. C’est pas moi, c’est lui ! »
La mise en scène est de son complice Dominique Champetier, réalisateur pour lequel il a tourné Crash Record (1995) et Pension des Oiseaux (1998).
C’est certain on aime Bénureau et c’est comme ça, il a ses fans. Il ne s’accroche pas aux rideaux pour passer dans les talk-shows et cependant gagne en notoriété à chaque saison. On lui redemanderait volontiers à chaque fois de redonner en scène tous ses scénarios tel celui de cette épouse de député, pompidolienne à souhait, morceau de bravoure qu’il nous fait la joie de revisiter, extrait du précédent BOBO, imaginé avec Dominique Champetier [Prix de l’Humour Noir 2007 et Prix de la S.A.C.D. du meilleur One-Man-Show en 2009]
Pensez qu’il arrive à faire apparaître sur la scène 1, 2, 3 personnages puis 10 puis 100 invités d’une soirée mondaine à risques. Quant à sa sortie de la messe dominicale plus « vraie » que « nature », je vous aurais prévenus ! Usant de son air à ne pas y toucher, aidé par une gestuelle particulièrement travaillée, il crée les tableaux d’un quotidien qui ressemble à ce que sont les Français : multiples, aussi courageux que lâches, génèreux ou égoîstes, nationalistes coloniaux ou humanistes universels. Lui, ne s’y perd pas. Bref, dans sa Ford intérieure, comme disent les boute-en-train, Benureau, pour notre plus grand bien, s’agite en type énervé. Faux candide, dans ce qui pourrait apparaître comme une lourdeur d’en dessous la ceinture [autant le dire, il pousse le bouchon où il le veut] Benureau restitue cette impression de légèreté qui émane de ce qui est transparent, diaphane, sous-jacent. Alors usant du reflet que renvoie l’avidité des uns, où miroite l’injustice des autres, il dénonce radicalement ces faiseurs des inégalités qui ne se reconnaîtront pas puisque ceux-ci n’iront jamais le voir et c’est bien dommage car ils seraient en situation de pouvoir prendre conscience de la réalité de toutes choses !
Les ferait-il pour autant se transformer, ces hypocrites, ces profiteurs, arguant que c’est immanquablement de son fou que proviennent les plus sages décisions du roi ?
Je le disais, Benureau est de plus en plus fou…
Patrick DuCome
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Bonus : Guetter vos écrans ciné pour retrouver Didier Benureau avec Patrick Bosso dans Cassos, une comédie de Philippe Carrèse (2011)
Didier Bénureau – Indigne
Jusqu’au 7 janvier 2012
Du mardi au samedi à 20h
Taris : 30 €, 24 € et 19 €
Réservations : 01.42.08.21.93
Théâtre du Splendid
48, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
M° Strasbourg Saint-Denis
[Visuel : Didier Benureau. Photographie de Jean Tholance, libre de droit]
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