Fiac 2011 au Grand Palais – Morceaux choisis
Dans une édition condensée sous la seule nef du Grand Palais, présentant 158 galeries de tous pays dont 53 françaises, la FIAC est donc devenue depuis quelques années un événement incontournable et populaire de la rentrée artistique, comme en témoignent les files d’attentes interminables qui ceignent chaque année le périmètre du bâtiment, et en dépit d’une tarification plutôt dissuasive (32€ le plein tarif).
Cette année encore, la sélection d’artistes et d’œuvres avait de quoi séduire. Anthologie très personnelle, et forcément très restrictive, de quelques-unes des propositions les plus intéressantes produites en 2011.
Une certaine résurgence de thématiques religieuses est perceptible, dans des formes renouant avec des canons classiques, mais à l’aune des enjeux du monde contemporain : le tableau remarqué de Kehinde Wiley, Le Paiement du tribut (2011), proposé par la galerie Daniel Templon, réinterprète en tenue rap, et aux couleurs de l’Afrique, un sujet maintes fois traité, notamment par Masaccio ou La Tour.
De même, le précieux poisson (Fish, 2011) en argent de Charles Ray, à la M. Marks Gallery (New York), évoque en une splendide nature morte un symbole christique.
À la Kukje Gallery (Séoul), les oeuvres de Kibong Rhee renouvellent de façon poétique l’art du paysage. L’artiste élabore ses tableaux en superposant à ses peintures une feuille de plastique opalisé sur lequel il repeint certains éléments de surface (les feuilles d’un arbre, quelques brins d’herbe), donnant à la fois l’impression de la tridimensionnalité et une atmosphère embrumée. L’élément eau et la fugacité du temps sont les maîtres mots de son travail.
Notons également deux œuvres remarquables de Georgia Russell, chez Karsten Greve : Breaking Wave I et II (2011). L’artiste superpose deux photographies noir et blanc identiques à quelques centimètres l’une de l’autre. Celle qui se trouve au premier plan est consciencieusement ajourée au scalpel en suivant les motifs des vagues représentées, laissant apparaître la photo en dessous. Le paysage se brouille tout en semblant se mouvoir quand le spectateur se déplace.
Pour terminer sur une note piquante, sont présentées, à la galerie Gabrielle Maubrie, deux œuvres d’Ernest T, devenu artiste (« un créneau porteur ») après avoir exercé toute sa vie toutes sortes de métiers. Il y dénonce avec humour la supercherie d’un certain monde de l’art contemporain, qui se prend souvent très au sérieux, par exemple avec un message à la Ben, mais en plus acéré (Paroles d’experts, 2011).
On ne peut que céder à l’irrésistible tentation de conclure sur ces mots !
David Coelho
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