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Housse de Racket

13 octobre 2011
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« On préférait être dans les derniers de Ligue 1 que dans les premiers de national ! »

Artistik Rezo : D’où vient ce nom, Housse de Racket ?

Housse de Racket : On l’a traduit du suédois, de hiéroglyphes égyptiens (rires) ! Non, le nom de notre groupe reste, même pour nous, une énigme. C’était une blague d’adolescent qui n’aurait jamais dû sortir d’une chambre… Il y a évidemment un rapport avec la musique house. On a commencé à un moment où la house française était un peu partout… On avait envie de tourner ça en dérision et c’était — aussi — une manière pour nous de faire du rock. Victor est batteur, moi guitariste… On s’est retrouvés face à un ordinateur dans une chambre avec une guitare et une batterie comme des producteurs de musique électronique… Et Racket parce qu’en anglais c’est un énorme vacarme, c’est un peu notre version de notre mur du son et un peu de « racketter » la house !

Vous avez signé chez Kitsuné cette année, un label émergent… Quelle a été votre trajectoire pour en arriver là ?

C’est sûr qu’on est très contents d’être chez eux ! Gilda Loaec qui est le boss de Kitsuné savait qu’on travaillait avec Zdar (Philippe), je pense que ça l’a intrigué, il est venu écouter, a beaucoup aimé Château qu’il a mis sur la compilation Kitsuné n°10 et nous a ensuite proposé de jouer dans une soirée du label à la maroquinerie (Paris 20ème arr.). Suite au concert, on a signé avec eux ! C’était parfait pour nous parce que nous étions sur un autre label qui avait fait du super boulot sur le premier disque mais on avait quelques véléités peut-être plus internationales que ce premier label ne pouvait pas complétement nous offrir… On avait aussi d’autres propositions, des trucs un peu plus « convenus » mais Kitsuné nous semblait être le plus malin et l’un des seuls labels qui a un rayonnement international… Même si c’est un label indépendant qui est plus petit qu’une major, on préférait être dans les derniers de Ligue 1 que dans les premiers de national !

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Vous aviez un look sportif il y a trois ans, en adéquation avec votre nom de groupe, vous optez aujourd’hui pour un look plus traditionnel…

Comme le nom de notre groupe, on avait cette idée en tête d’un glam rock comme on avait envie de faire. On avait surtout envie de se démarquer de l’ensemble des groupes, c’était très naïf comme démarche mais malgré tout ça a un peu marqué les esprits. Par contre, il y a eu un malentendu sur plein de choses ou parfois, on s’est vus entendre dire « c’est un coup monté par une marque de vêtement ! ». Et puison s’est retrouvés au Grand Journal en 2006 habillés comme ça avec notre version tennistique de Bowie ou de Daft Punk ! Il y avait quand même quelque chose qui nous différenciait de l’énième retour du rock et aussi de ce qui était du sous Daft Punk ou du sous Justice ! On était seuls dans notre catégorie mais au moins on existait… On a été au bout de ce concept et à la fin de l’exploitation de ce premier album, on était contents de passer à autre chose et on laisse ce concept bien volontiers à Martin Solveig aujourd’hui (rires) !

Vous commencez à écrire ce deuxième album un jour après la mort de Mickael Jackson… Doit-on y voir un symbole ?

Il y a des fantômes qui rôdaient je pense (sourire). On était dans une maison dans le Sud de la France qu’on nous avait gentiment prêté, à Toulouse. Quand on est sortis de scène, on a appris ça et forcément c’était assez étonnant parce qu’on était extrêmement fans… C’était aussi le plus gros vendeur de l’histoire, c’est toute une page de l’histoire de la musique, la fin d’une époque. Pour nous, écrire un deuxième album dans ce contexte pas forcément évident, c’était un gros symbole. On a branché un orgue dans une pièce très haute de plafond et le son qui en résultait était assez phantomatique, avec plein de « reverbs », un contexte qui nous a inspiré pour le disque… Sur cinq jours, on a trouvé le son et la plupart des chansons de l’album…

« Les pubs qui se nourrissent de musique indie, c’est un peu comme les nouvelles radios »

Avec du recul, avez-vous des regrets que votre single Oh Yeah ait servi pour des spots publicitaires et le générique d’une émission télé ?

On a eu beaucoup de chance avec Oh Yeah ! Ce premier album a été fait dans une chambre avec trois micros et deux bouts de ficelle. Oh Yeah était un morceau parmi tant d’autres et bizarrement ce morceau a plu aux gens, on ne se l’explique toujours pas… Ce titre a occulté toute une part de la musique d’Housse de Racket par son succès relatif… (Pierre tempère) Quand il y a un morceau comme ça qui commence à nous échapper, il appartient dans une moindre mesure au domaine public… (Et à Victor de reprendre) Après, il faut arrêter d’être hypocrite! Aujourd’hui c’est difficile de passer à la radio. Quand on voit les play-list d’NRJ, il n’y a que Rihanna, David Guetta… C’est très difficile pour un groupe indépendant. Les pubs qui se nourrissent de musique indie, c’est un peu comme les nouvelles radios, il faut vivre avec son temps. Grâce à ce qu’on a pu percevoir, c’est aussi de l’argent qui a pu nous permettre de faire un deuxième disque…

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Votre son est assez complexe… Ne préfériez-vous pas vous mettre en trio (ou plus)

On va y venir petit à petit, ou pas. C’est aussi dans la contrainte que la création se fait. La majorité des dates, on les fait à deux mais de temps en temps il y a un troisième musicien (Olivier de Syd Matters). On joue jeudi prochain à la Gaîté Lyrique à Paris et il sera avec nous sur scène. Après, quand on va jouer au Japon ou aux Etats-Unis, on y vas à deux. Au moins, il y a un « truc » qui ne triche pas. Effectivement, on a des boucles qui tournent mais le rôle de la batterie et de la guitare est extrêmement important. On ne se repose pas du tout derrière des platines ! Peut-être que plus tard on arrivera à dix sur scène avec huit autres personnes avec des synthés modulaires ! Par rapport à l’utilisation des boucles, c’est nous qui les avons enregistré donc on se sent plus dans un reality check.

Justement, des inspirations des Black Keys, White Stripes ?

Honnêtement, non. On respecte complétement la démarche des White Stripes, Jack White est un espèce de virtuose incroyable et à la batterie c’est spécial mais efficace. Le fait d’être à deux et de pouvoir exister à deux pourrait être une inspiration, mais musicalement, non. Les Black Keys eux, sont moins electro !

Le fait d’être parfois comparés à Phoenix est-il un problème ou non ?

C’est un savant mélange des deux ! C’est un groupe modèle qui écrit une pop moderne, résolument tourné vers l’avenir. Sur ce deuxième album, on cherche à se débarasser d’un héritage passé et de références un peu lourdes pour pouvoir écrire une musique d’aujourd’hui et de demain on l’espère. Evidemment c’est un modèle, mais nous avons une volonté très forte de s’affirmer en tant qu’Housse de Racket et pas en tant que lointains parents de Phoenix, Air, etc.

Il y a gros engouement du côté anglo-saxon. Qu’en pensez-vous ?

On a la chance dans la presse pour l’instant (bonnes critiques sur « Alésia »), même en France, mais c’est sûr que quand ça vient de l’Angleterre notamment, qui est le pays qui produit le plus de groupes de pop incroyables par an, oui ça nous fait plaisir d’exister ! Après, il faut s’en méfier, il faut se tenir au courant mais il ne faut pas se nourrir trop de ça, je pense que c’est assez trompeur. Et le fait qu’on soit un groupe français rajoute un peu d’exotisme, un charme peut se dégager, qu’on ne maîtrise pas. Parfois même, ils ne jugent pas juste un disque mais le côté français.

Etes-vous généralement réceptifs à ce qui se dit dans la presse ?

C’est dur de rester insensibles mais il faut déjà commencer par bâtir des remparts. Tant qu’on continue à avancer, à progresser et à se renouveler… Pour une personne qui aime, une personne n’aime, voilà, c’est comme ça. (Par rapport au nom Housse de racket) Soit on adhère, soit pas du tout et c’est ça qui me plaît ! On est pas tiède, plein de gens détestent, plein adorent. Etre extrêmes dans la création et dans la musique est important…

Avez-vous une référence absolue ? Un titre, un groupe ?

Oui, un titre des Beach Boys qui s’appelle Til I Die (sur l’album « Surf’s Up », 1971) qui nous traumatise (rires). Là, c’est vraiment Brian Wilson dans toute sa folie et sa grandeur… Ce morceau est très impressionnant pour nous. Ils (les Beach Boys) ont ce truc extrêmement blanc (la musique) mais en même temps c’est complétement de la soul… Quand on écoute ça, on ne peut pas être insensible, spécialement sur ce morceau…

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Sur Alésia, il y a des similitudes notoires avec le deuxième MGMT…

Ca nous fait très plaisir. Pour nous, MGMT est l’un des groupes majeurs aujourd’hui. Je ne sais pas si leur label a été content de leur deuxième disque mais on les trouve incroyables ! C’est bien qu’un groupe comme ça puisse faire ce qu’il veut, on a besoin de liberté ! Leur premier album était dévastateur, un rouleau-compresseur…

Avez-vous une anecdote précise sur une de vos tournées ?

Oui, je viens de me cogner (concert à Londres la veille), je me suis mis un énorme coup de gratte dans la gueule !

Propos recueillis par Olivier Cougot

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Housse de Racket – Alesia

En concert le 20 octobre 2011 à la Gaîté Lyrique

A découvrir sur Artistik Rezo :
Le concert de Housse de Racket au Bouillon d’Orléans (10 novembre 2011)

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