0 Shares 3772 Views

Pain noir – film d’Agusti Villaronga

29 août 2011
3772 Vues
19783637.jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110722_040346

Pan Negro, le livre, retrace l’histoire tourmentée, juste après la guerre civile qui a déchiré le pays, d’une famille où plusieurs générations se taisent, se soutiennent, se manipulent. Nous suivons l’action par le regard innocent du jeune héros, Andreu. Tout le propos se résume à son questionnement sur la fidélité : à son père, à sa parole. Qui croire ? Comment espérer quand le seul pain consommé est noir, noir comme les secrets qui pèsent lourdement sur la famille?

Le film, s’il s’attelle à la lourde tâche d’évoquer la cruauté des déchirements, la perte de l’innocence, l’entrée en adolescence, dépeint surtout avec talent l’impossible sincérité des protagonistes d’une guerre non désirée. La véritable force du film réside dans son casting impeccable : de Francesc Colomer, le jeune héros, en passant par Roger Casamajor, qui retrouve ici Sergi Lopez (tous deux vus dans Le Labyrinthe de Pan). On retrouve ce dernier dans son rôle de franquiste collaborateur, qu’il semble particulièrement apprécier. Le point culminant de cette distribution sans faille est bien évidemment Nora Navas, la mère, dont l’impeccable prestation laisse rêveur : elle parvient à elle-seule à emporter le morceau, personnalisation de la mater dolorosa soumise mais fière. Les superbes décors parviennent à mettre en avant la Catalogne comme un personnage à part entière, ses pauvres maisons, ses montagnes austères, ses paysages rudes à l’image de ses habitants.

En revanche, le scénario pêche par certains côtés : on sent que la trame littéraire est lourde, bien lourde, et que le filet du scénariste s’est déchirée en sortant de l’eau, laissant filer quelques scènes. Étrange et chaotique, l’action s’emballe puis tourne à vide, certains personnages sont mis en avant puis laissés de côté (le jeune tuberculeux) ; l’aspect fantastique n’est pas assez développé pour constituer une facette réellement solide de l’identité filmique. À trop vouloir condenser l’action, Villaronga passe à côté de son propos principal : la vision globale de la famille.

Le film, malgré donc toutes ses qualités n’est qu’une demi-réussite, qu’on verra sans déplaisir, mais qui ne nous fendra pas le coeur. Ce que le sujet, douloureux, aurait pourtant du faire.

[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=vQvIpmoFm8Y[/embedyt]

Pain Noir

D’Agusta Villaronga

Avec Sergi Lopez, Francesc Colomer, Roger Casmajor et Nora Navas

Sortie le 24 août 2011

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
74 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
90 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
111 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...