Bonnard, Degas, Vuillard photographes – Avignon
La photographie, révélation des années 1840-50, demeure longtemps une technique difficile réservée aux professionnels. Une évolution décisive survient à la fin du 19e siècle, par l’invention du rouleau de pellicule sensible que l’américain George Eastman associe en 1895 à son Pocket Kodak, premier appareil à photographier léger. Son maniement relativement aisé obtient un extraordinaire succès auprès de nombreux amateurs séduits vers 1895 par le slogan : « Vous n’avez qu’à appuyer sur le bouton, nous nous chargeons du reste. »
Parmi les jeunes peintres, Vuillard et Bonnard possèdent leur « Kodak » dès 1897. Par contre, Degas dans ses expérimentations de 1895 utilise une chambre sur pied avec des plaques de la maison Lumière.
Degas s’essaie à la photographie de nuit et photographie le plus souvent un entourage choisi : son ami Renoir, Julie Manet, la famille Mallarmé ou ses amis Halevy. Il fait poser longuement ses modèles pour fixer des ambiances ou des attitudes, joue des reflets et crée des clairs-obscurs. Il compose des images nocturnes où la lumière joue le rôle essentiel. Par la pose difficile obtenue d’une danseuse, il conçoit la vision magnifique d’un nu de dos, qu’il reprendra en peintures, pastels et estampes.
Le musée Angladon possède une Repasseuse et deux tableaux de Danseuses qui confirment les recherches permanentes de l’artiste dans le domaine du contre-jour et du clair-obscur.
Paysages verdoyants, natures mortes et portraits se révèlent les thèmes récurrents de Pierre Bonnard. Sa muse et modèle, Marthe, rencontrée en 1893, compagne et femme de sa vie -inlassablement représentée occupée aux soins d’un corps admiré – pose nue pour le photographe dans un jardin ensoleillé. Bonnard y trouve l’inspiration pour illustrer des poèmes de Verlaine. L’appareil Kodak capte aussi le souvenir de moments heureux comme les jeux de ses neveux dans une nature estivale souvent exaltée dans ses œuvres.
Vuillard multiplie les clichés d’heureuses rencontres estivales qu’il cadre et compose comme des tableaux, complétant ainsi la mystérieuse La Porte entrebâillée du musée. Observateur silencieux, il aime représenter les intérieurs clos où la femme s’affaire dans un papillonnement de couleurs qui communique une sensationd’intimité et de mystère.
L’appareil photographique est un objet familier du peintre en société. Il l’emmène dans ses voyages à Venise ou en Espagne avec Bonnard, dans les journées familiales où se trouve son ami et beau-frère Roussel, dans les résidences de la belle Misia Natanson, en villégiature avec Lucy Hessel, sa muse et amante secrète.
Le photographe garde à distance les personnes, ne rapprochant qu’exceptionnellement les visages. Dans ses compositions, le cadrage et les plans semblent très étudiés.
Loin de voir une concurrence à leur métier, ces trois artistes photographient pour fixer des souvenirs, saisir la réalité d’un espace, apprivoiser la lumière.
A lire sur Artistik Rezo :
– Fastueuse Egypte (Avignon, jusqu’au 14 novembre 2011)
– Le temps retrouvé – Cy Twombly photographe et artistes invités (Avignon, jusqu’au 30 octobre)
– les meilleures expositions cet été en PACA
Bonnard, Degas, Vuillard photographes
Tous les jours sauf lundi, de 13h à 18h
Fermé lundi sauf RV pour les groupes
Réservations : 04 90 82 29 03
Plein tarif : 6 euros // tarif réduit : 4 euros // étudiants : 3 euros // enfant de 7 à 12 ans : 1,5 euro // enfant de moins de 7 ans : gratuit
Musée Angladon
5, rue Laboureur
Avignon
[Visuel : Degas – Renoir et Mallarmé]
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...