Sunny Side of the Doc 2011
De l’avènement de la 3D au cinéma avec Pina de Wim Wenders jusqu’au succès de la série « Apocalypse » sur France Télévision, le documentaire n’a jamais été aussi populaire ces dernières années. La 22ème édition du Sunny Side of the Doc est venu confirmer cette tendance à travers de multiples conférences, cas pratiques et pitchs en tous genres. Quel bilan retenir de cette manifestation qui regroupe chaque année les acteurs les plus influents du monde documentaire ?
D’un côté les parts d’audience augmentent, les projets fusent, les nouvelles technologies s’installent mais de l’autre, la face cachée de l’iceberg peut s’avérer glaciale, tout du moins en France. La preuve en est l’étude menée par la Société Civile des Auteurs Multimédias, structure vouée à défendre les intérêts de ceux qui font le documentaire, c’est à dire les créateurs. « Derrière les statistiques économiques plutôt rassurantes, il y a les statistiques « sociales », « humaines », moins rassurantes et plus encore, des paroles d’auteurs, inquiétantes ». On peut ainsi noter que parmi ces problèmes se trouvent la précarité des auteurs face à des producteurs qui « oublient » de signaler leurs comptes, une main mise des diffuseurs sur le contenu éditorial (certains viennent à parler de Diktat) ou encore un sentiment de précarité chez les jeunes auteurs créant ainsi une fracture générationnelle.
A côté de ce constat, une autre étude vient paradoxalement confirmer que le documentaire demeure le genre préféré des Français, affirmant son rôle citoyen et faisant d’Arte la chaine qui diffuse les meilleurs contenus. De quoi tout de même rassurer la nouvelle génération fort présente cette année comme le démontrent les BIPS (Best International Projects Showcase), tables rondes dans lesquelles réalisateurs et producteurs du monde entier viennent présenter leurs projets aux plus influents conseillers et experts du documentaire.
Vers l’international
Concrètement, comment fonctionne le Sunny Side of the Doc ? Lors de l’arrivée à l’Espace Encan (anciens docks reconvertis en centre d’expositions), les organisateurs remettent à chacun une bible imposante de 260 pages dans laquelle figure l’agenda des manifestations, les projets en voie de financement et la liste des participants. Dès le premier jour, le marché commence fort dans ce large espace aéré, parsemé de stands internationaux. L’une des premières conférences est celle consacrée au Crowd-funding en présence la société Touscoprod, structure online qui permet dorénavant aux particuliers de financer des projets cinématographiques. Il faut dire qu’il s’agit d’une des grandes tendances d’aujourd’hui. Pour les projets ayant du mal à s’auto-financer, tous les moyens sont bons pour réussir à trouver le maximum de fonds possibles. Cross-media, Crowd-funding, Transmedia… l’avènement accéléré d’internet et des médias sociaux sont venus changer la donne et bousculer les circuits traditionnels.
Devant ces nouveaux modèles économiques et d’exploitations qui restent à définir et à s’établir, les auteurs, producteurs et diffuseurs tentent de s’imposer chacun à leurs façons par tous les moyens possibles. La conférence organisée par le programme MEDIA de l’Union Européenne sur le futur de la distribution a par exemple permis de souligner la perte de repères face à l’émergence constante des nouvelles technologies, l’absence de communication réelle entre les individus et la difficulté croissante des co-productions internationales qui ne suffisent plus pour mener à terme les projets. A côté de ces néfastes constats, l’avènement de la 3D, le nombre croissant de documentaires destinés au cinéma et l’émergence des documentaires provenant de l’Asie et de l’Amérique latine, viennent heureusement redorer le genre. De cela découle une forte demande de contenus de plus en plus tournés vers des sujets complexes à la fois éducatifs, sociaux, artistiques et scientifiques.
Cette 22ème édition a aussi permis de souligner la présence massive des docu-réalités, nouveau genre en vogue ayant déjà fait ses preuves à l’étranger qui consiste à mixer le documentaire et la télé-réalité. A la fois didactiques et pédagogiques, ces contenus rassemblent les générations et du coup élargit son public. Ce sont précisément ces programmes que l’on découvrira sur France Télévisions, Arte, Canal + et Planète + lors de la saison 2011/2012. On ne manquera pas de regarder des documentaires attirants comme Nus et culottés sur France 5 qui narre les tribulations de deux héritiers qui vont vivre grâce à un système d’entraide ainsi que Hors-jeu, la coupe du monde des sans-abri sur Canal +. Arte pour sa part consacrera une journée spéciale à la ville de New York à l’occasion des dix ans du 11 septembre. Cet anniversaire est un thème fort de la prochaine saison sur la majorité des chaines de télévision tout comme le seront les sujets sur la crise économique mondiale, les élections 2012, la guerre au Proche-Orient, les voyages alternatifs et les documentaires insolites. De quoi passer de bons moments devant son poste de télévision dès la rentrée prochaine en attendant de revenir sous le soleil radieux de La Rochelle et la fraicheur du Sunny Side of the Doc en juin prochain.
Edouard Brane (texte & visuels) (Twitter)
A lire sur Artistik Rezo :
– les festivals de cinéma de l’été 2011
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