Décès de Jorge Semprun
Issu d’une famille de la grande bourgeoisie espagnole, Jorge Semprún quitte l’Espagne à l’adolescence, lors de la Guerre d’Espagne. De 1937 à 1939, sa famille s’installe aux Pays-Bas, puis s’exile en France. Le jeune homme termine ses études secondaires au lycée Henri-IV, à Paris. Il participe à la manifestation patriotique du 11 novembre 1940 et, un an plus tard, obtient le Second prix de Philosophie au Concours général.
Parrallèlement à ses études de Philosophie à la Sorbonne, il entre au Parti communiste d’Espagne (PCE) et rejoint la Résistance : il est en contact avec les réseaux des Francs-tireurs (mouvement communiste) et des partisans-Main-d’œuvre ouvrière immigrée (FTP-MOI). Il participe au réseau Jean-Marie Action, dirigé par Henri Frager, qui réceptionne des parachutages d’armes et répartit de ces armes dans les maquis bourguignons.
En septembre 1943, Jorge Semprún est arrêté par la Gestapo à Joigny et déporté au camp de concentration de Buchenwald. Pour le compte du PCE, il organise dans le camp des activités culturelles pour les déportés espagnols. Il participe au soulèvement des déportés peu avant l’arrivée des troupes américaines du général Patton.
Jorge Semprún retourne à Paris en 1945. Il commence à écrire un témoignage de son passage à Buchenwald, mais l’abandonne. En 1947, il a un fils, Jaime, avec la comédienne Loleh Bellon.
En 1952, il devient permanent du parti communisate espagnol et se penche tout particulièrement sur le travail clandestin en Espagne. De 1953 à 1962, il coordonne la résistance communiste au régime de Franco, et s’occupe régulièrement des relations avec les milieux intellectuels. Il entre au Comité central du PCE en 1954 puis au Comité exécutif (Bureau politique) en 1956. Il voyage plusieurs fois en Europe de l’Est : à Bucarest (janvier 1956), à Ouspenskoie (URSS, 1959). En 1964, il est exclu du PCE pour « divergence de point de vue par rapport à la ligne du Parti ».
En 1969, Jorge Semprún participe à la création des éditions Champ Libre aux côtés de Gérard Lebovici.
De 1988 à 1991, Jorge Semprún devient ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González.
En 1994, il reçoit le Prix de la paix des éditeurs et libraires allemands, et le Prix Fémina Vacaresco. En 1995, le Prix littéraire des droits de l’Homme. En 1996, il est élu à l’Académie Goncourt et, en 2007, reçoit les insignes de docteur honoris causa de l’Université Rennes 2 Haute Bretagne.
Il meurt à Paris le 7 juin 2011.
Bibliographie
- 1963 : Le Grand Voyage – Prix Formentor
- 1967 : L’Évanouissement
- 1969 : La Deuxième Mort de Ramón Mercader – Prix Femina
- 1976 : Autobiografía de Federico Sánchez (Autobiographie de Federico Sánchez) – Prix Planeta 1977
- 1980 : Quel beau dimanche !
- 1981 : L’Algarabie
- 1983 : Montand la vie continue, Éditions Denoël
- 1986 : La Montagne blanche
- 1987 : Netchaïev est de retour
- 1993 : Federico Sánchez vous salue bien
- 1994 : L’Écriture ou la Vie – Prix Femina Vacaresco
- 1995 : Mal et modernité
- 1995 : Se taire est impossible, avec Elie Wiesel
- 1998 : Adieu, vive clarté…
- 1998 : Le Retour de Carola Neher et le Manteau d’Arlequin
- 2001 : Le mort qu’il faut – Prix des Charmettes/J.-J. Rousseau 2001
- 2002 : Les sandales, Éditions Mercure de France
- 2002 : Une morale de résistance : Husseri, Bloch, Orwell, Jorge Semprun, Bibliothèque Nationale de France
- 2003 : Veinte años y un día (Vingt ans et un jour)
- 2003 : el pais semanal
- 2004 : Espagnol : Collège / Lycée, Jorge Semprun, Annie Bertrand, Malika Cessac, Andrée Paul
- 2005 : L’Homme européen, avec Dominique de Villepin, Collection Tempus, Éditions Perrin, 2006, Paris, (ISBN 2-262-02395-6)
- 2005 : Grandeur et modestie de l’engagement, Jorge Semprun, Éditions Descartes et Cie
- 2006 : De l’exil à l’oubli : Camps de réfugiés espagnols en France (1936-1939)
- 2006 : Picasso : L’homme aux mille masques, Jorge Semprun, Maria Teresa Ocaña, Jean-Paul Barbier-Mueller, Pierre Daix
- 2007 : Chroniques d’ailleurs, Paul Steinberg, Jorge Semprun
- 2008 : Où va la gauche ?, Éditions Flammarion
- 2010 : Une tombe au creux des nuages. Essais sur l’Europe d’hier et d’aujourd’hui, Collection Climats, Éditions Flammarion (Voir analyse par Bertrand Le Gendre, Le Monde, 18 mars 2010).
Filmographie (scénariste)
- 1966 : Objectif 500 millions de Pierre Schoendoerffer
- 1966 : La Guerre est finie d’Alain Resnais
- 1969 : Z de Costa-Gavras
- 1970 : L’Aveu de Costa-Gavras
- 1972 : L’Attentat d’Yves Boisset
- 1974 : Les Deux mémoires : réalisation et scénario22
- 1974 : Stavisky d’Alain Resnais
- 1975 : Section spéciale de Costa-Gavras
- 1976 : Une femme à sa fenêtre de Pierre Granier-Deferre
- 1978 : Les Routes du sud de Joseph Losey
- 1986 : Les Trottoirs de Saturne de Hugo Santiago
- 1991 : Netchaïev est de retour de Jacques Deray {adaptation de son roman par Dan Franck et Jacques Deray}
- 1995 : L’Affaire Dreyfus d’Yves Boisset {télévision}
- 1997 : K d’Alexandre Arcady
- 2010 : Ah, c’était ça la vie ! de Franck Apprederis {télévision}
[Visuel : Jorge Semprun, à La Comédie du livre de Montpellier, 23 mai 2009. Travail personnel de Dinkley. sous licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0 Unported, 2.5 Générique, 2.0 Générique et 1.0 Générique]
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