Destins souverains Napoléon, le Tsar et le Roi de Suède – Compiègne
Bernadotte, simple soldat du Béarn, accède aux plus hautes fonctions. Maréchal d’Empire il devient, par son élection en 1810 prince héritier du trône de Suède. Bernadotte doit aussi son épopée à une épouse, Désirée Clary, première fiancée et belle-soeur de Napoléon. Les Suédois reconnaissent aujourd’hui Bernadotte comme le père de la Suède moderne. Alexandre Ier est, selon les mots mêmes de Chateaubriand, « la plus grande figure historique de la période napoléonienne » après Bonaparte bien sûr! Par sa volonté de réformes, le tsar donne un nouveau visage à la Russie. Animé d’un profond mysticisme et convaincu d’être chargé d’une mission divine, il délivre son pays de « l’ogre corse ». Il joue un rôle essentiel au Congrès de Vienne dans la construction d’un nouvel équilibre européen.
Alexandre contribue notamment au retour de Louis XVIII sur le trône, et vient rencontrer, comme Bernadotte, le Roi à Compiègne. Napoléon n’a cessé de fasciner, et, après lui, le style Empire constitue une source d’inspiration aux créations artistiques en Suède et en Russie. La force des symboles impériaux portés par les arts décoratifs, reflets d’un savoir-faire français lui survivent jusqu’aux frontières de l’Oural. Ainsi, au-delà de l’évocation de ces « destins souverains » exceptionnels, cette exposition s’intéresse-t-elle au rayonnement du style Empire à Stockholm et à Saint-Pétersbourg. Ouvrant le propos de l’exposition, Napoléon, le Tsar et le Roi s’incarnent par leurs bustes en marbre et par une série de grands portraits peints par le baron François Gérard – portraitiste attitré de l’Empire – qui les présente aux côtés des romantiques effigies de leurs épouses, Joséphine ou Désirée Clary. Costumes, miniatures, porcelaines et pièces d’orfèvrerie viennent compléter cet ensemble…
De Tilsit (1807) au Congrès de Vienne (1815), la deuxième partie de l’exposition cerne le cadre historique des confrontations pacifiques ou militaires des trois hommes dont témoigne un ensemble d’oeuvres emblématiques évoquant les souverains en campagne : uniformes, militaria, cartes et ouvrages, mobilier et nécessaires… Les rencontres de Tilsit (1807) puis d’Erfurt (1808) scellent le sceau d’une nouvelle alliance franco-russe et le Tsar peut s’emparer de la Finlande, terre suédoise. Mais Napoléon reprend les armes et entreprend l’utopique campagne de Russie. Elle se poursuit en Allemagne et rend l’invasion de la France inéluctable. Après l’entrée des troupes à Paris, en mars 1814, Napoléon est contraint d’abdiquer. L’épisode des Cent Jours finit d’affaiblir la France : l’Empereur déchu est exilé à Sainte-Hélène et Alexandre Ier sort triomphant de cette confrontation.
Les arts, symboles du pouvoir, jouent un rôle capital dans la propagande napoléonienne. La diffusion du style Empire se prolonge dans les cours du nord de l’Europe. Les négociations de paix ne se conçoivent pas sans échanges de cadeaux diplomatiques, véritables symboles du pouvoir au premier rang desquels les porcelaines de Sèvres et les pièces d’orfèvrerie. Les reconstitutions partielles, dans l’exposition, de la chambre de Bernadotte au château de Rosendal et du bureau d’Alexandre Ier au Palais d’hiver, témoignent de cette fascination pour le style Empire. Une sélection de pièces de mobilier et de luxueux objets d’art montre également combien les savoir-faire locaux s’en inspirent tout en faisant émerger des créations totalement originales telle que la production de vases de pierres dures.
Enfin, l’acquisition par Alexandre de la collection de Joséphine, à la mort de cette dernière en 1814, constitue un témoignage du goût du tsar pour les arts, et un hommage à l’impératrice. Mais c’est aussi une sorte de revanche sur Napoléon. La présentation de plusieurs tableaux de cet ensemble invite le visiteur à prolonger sa visite au château de Malmaison qui, en complément à l’exposition de Compiègne, évoque simultanément les descendances princières de Joséphine avec la dynastie Romanov et la famille régnante de Suède.
L’exposition réunit près de 150 œuvres provenant pour l’essentiel des prestigieuses collections du Nationalmuseum de Stockholm, des collections royales suédoises et du Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Viennent compléter cet ensemble des prêts des musées de Copenhague et de Hambourg ainsi que de plusieurs musées français parmi lesquels le Musée du Louvre, le musée national du château de Versailles et le musée Carnavalet.
A lire sur Artistik Rezo :
– Destins souverains Joséphine, la Suède, la Russie – Château de Malmaison
Destins souverains – Napoléon, le Tsar et le Roi de Suède
Commissariat : Emmanuel Starcky (directeur des musées nationaux et domaine de Compiègne et Blérancourt) et Hélène Meyer (conservateur aux musées et domaine nationaux du palais impérial de Compiègne)
Du 23 septembre 2011 au 9 janvier 2012
Tous les jours, sauf le mardi de 10h à 18h (dernière admission 17h15)
Fermeture le 25 décembre 2011 et le 1er janvier 2012
Prix d’entrée : 8,50 €, tarif réduit : 6,50 €, incluant les collections permanentes
Gratuit pour les moins de 26 ans (ressortissants de l’UE ou en long séjour dans l’UE) et à tous les publics le premier dimanche du mois
Cette exposition est organisée par la Rmn-Grand Palais et le Musée national du palais de Compiègne en partenariat avec le Nationalmuseum de Stockholm, les collections royales suédoises et le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Musée national du palais impérial de Compiègne
Place du Général de Gaulle – 60200 Compiègne
www.musee-chateau-compiegne-compiegne.fr
[Visuel : Horlogerie de Sirost, Horloge de table ornée du serment des Horaces, Stockholm, Mobilier de la Couronne suédoise]
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