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Vaudou – Fondation Cartier

24 mai 2011
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A lire sur Artistik Rezo :
la critique de l’exposition « Vaudou »

Réalisée en étroite collaboration avec Anne Kerchache – aujourd’hui Mme Kamal Douaoui –, l’exposition réunit aussi les notes, lettres et photographies de Jacques Kerchache en lien avec ses expéditions, ses recherches sur le vaudou et ses projets d’exposition des arts premiers dans les musées français. Les films d’archives de ses voyages permettent d’explorer le vaudou dans son contexte et de porter un nouveau regard sur un art qui reflète les préoccupations universelles et éternelles de l’humanité.

Vaudou d’Afrique : un culte religieux ancien

En Occident, peu de sujets sont aussi chargés de mystère et entachés d’incompréhension. Le vaudou est un culte religieux ancien et une tradition philosophique originaire de la « côte des Esclaves » d’Afrique occidentale. Aujourd’hui, il est encore pratiqué de la côte du Togo à l’Ouest du Nigeria. Avec la traite des esclaves, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ce culte s’est propagé jusqu’aux Caraïbes ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud où il s’est mêlé au catholicisme et à d’autres traditions religieuses.

La cosmogonie vaudou est organisée autour d’esprits et de figures d’essence divine, selon une hiérarchie allant des divinités majeures – qui régissent la société et les forces de la nature – aux esprits des ruisseaux, des arbres et des rochers. Les adeptes du vaudou pensent qu’il y a un lien entre le monde visible des vivants et celui, invisible, des esprits, et que ces mondes peuvent communiquer par le sacrifice, la prière, la possession et la divination.

Le terme « vaudou » a connu différentes orthographes au fil des siècles (vodou, vodun, vaudoun) mais sa première apparition sous forme écrite remonte à 1658, dans la Doctrina christiana, ouvrage rédigé par l’ambassadeur du roi d’Allada à la cour de Philippe IV d’Espagne. Ce terme a été traduit de diverses manières par les spécialistes à travers l’histoire. Certains ont établi un lien entre le mot de la langue Ewe vo, qui signifie « trou » ou « ouverture » – par rapport à quelque chose de caché, de secret –, et du, qui désigne des signes divinatoires ou des messagers. « Vaudou » signifierait alors « messager de l’invisible ». Récemment, Suzanne Preston Blier, professeur à l’université de Harvard, a suggéré que ce terme pourrait trouver son origine dans l’expression « se reposer pour puiser de l’eau » en langue Fon, à partir des verbes vo (« se reposer ») et dun (« puiser de l’eau »), signifiant allégoriquement « la nécessité de rester calme quelles que soient les difficultés auxquelles chacun peut être confronté ».

L’Art du Vaudou : Les sculptures Bocio

Salut à celui qui vient de dénouer l’énigme des enlacements. Chaque fois qu’on défait un nœud, on sort un Dieu. 1

Les sculptures Bocio sont reliées à l’énergie des divinités vaudou. Dans ce culte, elles sont les intermédiaires entre le monde visible et le monde spirituel. Assemblages d’éléments hétéroclites – cordes, ossements, coquillages et mèches de cheveux – recouverts d’une épaisse couche de matière pouvant être faite d’argile, d’huile de palme et de matériaux sacrificiels, ces statues étranges et mystérieuses dégagent un sentiment de tension et d’appréhension. Utilisées dans le but de nuire et /ou de protéger, elles sont susceptibles de modifier le cours des existences. Leur force est à la fois visuelle et métaphysique, comme l’indique leur nom, bocio, qui signifie « cadavre (cio) doté de pouvoirs (bo) ».

Disposées à l’intérieur des maisons et des temples, ou en plein air dans les villages, les champs ou aux croisements de routes, on leur attribue des fonctions variées et complexes, à l’image des intentions de leurs commanditaires. Certaines sont destinées à protéger les récoltes, d’autres à encourager la fertilité, d’autres encore à défendre la famille contre la sorcellerie.

Objet alchimique, la statuette vaudou est constituée de remèdes ou de matériaux investis de pouvoirs particuliers, qui recouvrent sa surface ou lui sont intégrés
. Les éléments qui entrent dans sa composition ainsi que son mode de fabrication sont déterminés par le devin après consultation de son commanditaire. Cette accumulation énigmatique matérialise les pensées humaines et les sentiments les plus profonds : la jalousie, la peur, la douleur, le désespoir, la méfiance, l’amour. Ainsi, le fait de nouer des cordes autour d’une statuette peut être associé à la colère et à l’emprisonnement, l’insertion de taquets en bois à la volonté d’aller au cœur d’un problème et l’ajout de cauris à l’attente ou au désir. Les ingrédients utilisés pour fabriquer les statuettes sont secrets et leurs sens sont multiples, si bien que seuls quelques initiés en connaissent le contenu et la destination exacts.

1. Amadou Hampâté Bâ.

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A lire sur Artistik Rezo :
Mystère – mai et juin 2011 – Soirées Nomades de la Fondation Cartier
Jeff Mills, Something In The Sky – jeudi 16 juin à 22h


Vaudou

Du 5 avril au 25 septembre 2011
Tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20h.
Nocturne le mardi jusqu’à 22h.

Tarif : 9,50 € // Tarif réduit : 6,50 €
Accès libre pour les moins de 18 ans le mercredi de 14h à 18h.

www.vaudou-vodun.com


Fondation Cartier pour l’art contemporain

261, boulevard Raspail – 75014 Paris
M° Raspail ou Denfert-Rochereau

www.fondation.cartier.com

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