Mahler – Cinquième Symphonie – Théâtre des Champs-Élysées
Le Philharmonia Orchestra est l’un des grands orchestres londoniens. Il est en tournée à Paris pour trois concerts exceptionnels. C’est dans les années soixante que le Philharmonia s’est familiarisé avec l’œuvre de Gustav Mahler, grâce à la présence de Otto Klemperer, un disciple du compositeur.
Lorin Maazel est un familier des symphonies de Gustav Mahler. En 1984, il avait réalisé l’enregistrement d’une intégrale pour CBS avec le Philharmonique de Vienne. En cette année du centenaire de la mort du compositeur, il entreprend au cours d’une importante tournée européenne une nouvelle intégrale en concert des symphonies.
La Cinquième Symphonie fut créée à Cologne en 1904 et Mahler apporta, jusqu’en 1908, diverses modifications à l’orchestration. Contemporaine notamment des Kindertotenlieder, elle partage le même caractère funèbre. Le ressort dramatique ici n’est plus la poésie, mais le sentiment tragique de l’existence.
L’orchestre est très proche de celui de la Septième Symphonie (sans le saxhorn, la guitare et la mandoline).
D’emblée, un changement s’opère par rapport aux deux exécutions précédentes des symphonies 6 et 7 : les tempi ressemblent beaucoup plus à ceux que l’on rencontre dans la plupart des enregistrements (il s’agit d’ailleurs de la symphonie la plus enregistrée).
Lorin Maazel, toujours aussi inspiré, dirige par coeur pour la première fois lors de cette série de concerts. L’orchestre assure une telle cohésion qu’il parait évident qu’il s’agit d’une oeuvre qu’ils ont déjà jouée fréquemment.
C’est avec une émotion rare que nous avons apprécié ce concert. Le public, venu d’ailleurs plus nombreux qu’aux deux concerts précédents, ne s’y est pas trompé.
Tout semble d’une grande exactitude. La durée totale de l’exécution de la symphonie ne dépasse pas les une heure vingt minutes – soit 25 minutes de moins que la Septième la veille. L’écart entre les deux dépasse rarement chez un même interprète dix minutes.
La première partie (les deux premiers mouvements enchaînés) est magnifique d’expression. La précison rythmique des passages rapides (Stürmisch bewegt), et l’amplitude des phrases les plus lentes aux cordes sont remarquables.
Le troisième mouvement (deuxième partie) est le premier a avoir été composé. Il est la charpente de la symphonie, et le plus long mouvement. C’est un scherzo, dans lequel Mahler, comme dans tous ses scherzos, exprime le mieux son ironie macabre, sa gaieté naïve, et son contentement burlesque. C’est un des plus formidables mouvement du compositeur, et il fut cet après-midi interprété magistralement.
La troisième partie (quatrième et cinquième mouvement) est le repos et l’envoi, après près de cinquante minute de tempête. Le célèbre Adagietto prend ici son sens véritable. L’équilibre de la sonorité des cordes est exemplaire.
Enfin le Finale emporte le public enthousiaste et comblé, avec une magnifique performance des bois et de cuivres, très applaudis.
Laurent Torrès
A lire sur Artistik Rezo :
– la Sixième Symphonie de Mahler
– la Septième Symphonie de Mahler
Symphonie n°5
Gustav Mahler
Phiharmonia Orchestra
Lorin Maazel direction
Dimanche 15 mai – 16h
Tarifs : 85, 65, 45, 30, 10, 5 €
Réservations : 01 49 52 50 50
Théâtre des Champs-Élysées
15, avenue Montaigne – 75008 Paris
M° Alma-Marceau
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