Mahler – Septième Symphonie – Théâtre des Champs-Élysées
Lorin Maazel est un familier des symphonies de Gustav Mahler. En 1984, il avait réalisé l’enregistrement d’une intégrale pour CBS avec le Philharmonique de Vienne. En cette année du centenaire de la mort du compositeur, il entreprend au cours d’une importante tournée européenne une nouvelle intégrale en concert des symphonies.
La Septième Symphonie, présentée à Prague en 1908, apparait « déchirée » entre le romantisme et la modernité, elle est placée sous le signe de la nuit, thème romantique par excellence d’où son titre Chant de la nuit.
L’orchestre est un peu moins imposant que lors du concert précédent (notamment trois cors et trois trompettes en moins, pas de xylophone); mais il faut en revanche compter avec la présence du saxhorn solo, de la guitare et de la mandoline dans le quatrième mouvement.
Les équilibres orchestraux ne semblent pas aussi parfaits que la veille. Cette symphonie a-t-elle été moins répétée que la sixième ? Les cuivres surtout sont moins précis.
Lorin Maazel, toujours aussi vaillant, fait preuve du même flegme.
Les tempi du chef américain sont à nouveau d’une lenteur remarquable. La durée totale de l’exécution de la symphonie dépassera les une heure quarante cinq minutes – il n’y a actuellement rien d’aussi long parmi les enregistrements disponibles.
Ce sont surtout les premier et deuxième mouvements qui sont concernés. Le saxhorn solo est magnifiquement interprété sur un ostinato de cordes. Le quintette est admirable de cohésion.
Le second mouvement (nachtmusik I) est le premier a avoir été composé. L’extrême lenteur semble ici beaucoup moins convaincante. Il y a chez Mahler un caractère pouvant osciller du burlesque au naïf qui est ici absent. Le chef avait certainement à souhait de faire ressortir le caractère “clair-obscur” mystérieux de la musique de nuit. Mais que faire alors de la marche militaire ?
Heureusement, le troisième mouvement (ainsi que le reste de la symphonie) est pris à une vitesse plus traditionnelle et réveille l’auditoire. La cohésion de l’orchestre dans ce scherzo fantomatique, où une timbale répond à un pizz de contrebasses, elles-mêmes répondant à un accord de cors, le tout dans une même mesure, est exemplaire. De pupitre en pupitre, cette danse sinistre et bancale se déploie avec exactitude.
Le quatrième mouvement (nachtmusik II) voit apparaître la guitare et la mandoline, qui avaient tant inspiré Arnold Schoenberg. C’est une sérénade caustique, où l’invitation ironique à la nuit est ici une réussite.
Enfin le Finale, mouvement souvent mal compris de la critique musicale, emporte le public enthousiaste et comblé.
Laurent Torrès
A lire sur Artistik Rezo :
– la Sixième Symphonie de Mahler
– la Cinquième Symphonie de Mahler
Symphonie n°7
Gustav Mahler
Phiharmonia Orchestra
Lorin Maazel direction
Samedi 14 mai – 20h
Tarifs : 85, 65, 45, 30, 10, 5 €
Réservations : 01 49 52 50 50
Théâtre des Champs-Élysées
15, avenue Montaigne – 75008 Paris
M° Alma-Marceau
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