Festival de Cannes 2011 – 11 et 12 mai
11 mai
Arrivée tard, je n’ai pas pu profiter de cette cérémonie d’ouverture très jazzy qui a fait tant parler par la suite. Pourtant, à peine sortie du train, l’envie m’a pris de commencer ce festival sur les chapeaux de roues et, profitant de l’amabilité de collègues sur place, de courir au Palais des Festivals, mon badge magique autour du cou, pour voir vite le film d’ouverture. Représenté au public à 23h, sur invitation seulement, Minuit à Paris a été l’occasion d’une mise à température immédiate. Et la course en talons hauts et robe de soirée, tapis rouge oblige, pour le fameux ticket n’a pas été en vain.
La grande salle bondée du Palais, la chaleur des spots sur le tapis rouge, la clameur ambiante et une excitation que l’on ne retrouve nulle part ailleurs sont autant de drogues qu’il me tardait de retrouver. Et quand les lumières se sont éteintes, j’ai compris pourquoi j’avais enduré 5 heures de TGV trop climatisé, les ampoules aux talons (dues à la fameuse course en talons hauts), le stress du maquillage et de la tenue impeccable et glamour.
Car c’est aussi ça Cannes, sous des atours de paillettes un véritable et vibrant amour du cinéma, une effervescence unique à la découverte d’artistes et d’œuvres semblables à aucunes autres. Mais après cette arrivée en fanfare, et la bonne surprise que nous a réservée Woody Allen, un besoin de repos bien mérité s’est fait sentir.
12 mai
7h32 du matin, mon réveil n’a pas sonné. J’ai 15 minutes à peine pour me faire une beauté et préparer mon sac pour les projections de la journée. Et c’est après une bonne marche vivifiante que je profite pour la première fois de mon badge presse (de couleur bleue) pour voir un film de la compétition… à 8h30, heure où les stars dorment encore et où le tapis rouge est un peu gonflé d’humidité de la nuit.
We need to talk about Kevin (de Lynne Ramsay, compétition officielle) est une œuvre complexe, à la fois source de frustration et de plaisir. Basé sur le roman de Lionel Shrevin, que je me suis consciencieusement farci la semaine dernière, le film assèche les subtilités, la fragilité et la beauté du scénario de base pour se concentrer sur une plastique sublime mais trop artificielle.
A peine sortie de projection, il faut déjà courir à un autre rendez-vous. Après un bref passage à mon casier (un espace qui m’est réservé où les professionnels glissent des documents et informations sur les films), me voilà déjà dans la file d’attente pour Restless, le nouveau film de Gus Van Sant. Très attendu, le film provoque une file comme j’en ai rarement vue au Festival de Cannes et je suis étonnée de pouvoir entrer dans la salle Debussy. Mais j’y suis, malgré tout.
Restless (de Gus Van Sant, Un certain regard) est une déception puisque le film n’est pas signé par la patte visuelle de son auteur et baigne dans un esprit mélodramatique constant. Tire larme manquant de poésie, Restless a le mérite cependant de nous faire découvrir un acteur dont le talent et le charisme irradient l’écran : Henry Hopper (le fils de Dennis).
Course à l’appartement pour un changement de tenue. Puis de nouveau l’attente, sagement, pour découvrir Polisse de Maiwen le Besco. Je retrouve dans la queue des compagnons de galère, nouvelles connaissances ou vieux briscards du festival qui égayent joyeusement les longues minutes sous un soleil de plomb. Premier coup de soleil.
Polisse (de Maiwen Le Besco, compétition officielle) est une œuvre divertissante, et les mots sont pesés, autour d’une brigade de la protection de l’enfance de la police de Paris. Autour d’un casting pléthorique de têtes connues, une signature chez Maiwen, le film alternent dialogues légers et réussis et envolées plus lourdes, un comble. Des réflexions grossières autour de la vie privée des agents de police viennent compléter un tableau déjà bien chargé (quand même 2h07 de métrage). Et pourtant Joey Starr y brille comme une étoile.
Il vient ensuite l’heure de la première soirée cannoise. Après de longues minutes d’intense réflexion mon choix se porte sur la soirée au yacht Arte où je retrouve des amis plutôt qu’à la très prisée soirée de l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs ou encore à la soirée d’ouverture de Cannes Classic. La nuit de ce jeudi est donc bien festive pour les festivaliers et c’est après quelques coupes de champagne et délicieux calissons, une poignée d’éclats de rire et de tergiversations cinématographiques teintées d’alcool que je retourne à mes appartements. Epuisée et légère, déjà dans l’ambiance de ces journées surréalistes, hors du monde et de tout. Où plus rien ne compte que les films, les critiques, les débats… et les jolies robes. Une vie de rêves et d’illusions jusqu’à friser l’overdose, état dans lequel je suis bien loin d’être encore.
>> Lire la suite : 13 et 14 mai
Lucile Bellan
A lire sur Artistik Rezo :
– Gala d’ouverture du Festival de Cannes – 11 mai 2011
– Performance de Lady Gaga – le 11 mai 2011
– Festival de Cannes 2011 – 11 et 12 mai – par Edouard Brane
[Visuel : Affiche du festival : Faye Dunaway © photo by Jerry Schatzberg – Artwork: H5]
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