Bilan du Salon du Livre de Paris 2011
Sur cette 31ème édition, un vent glacial a soufflé, et pour cause : les lettres nordiques (et donc, tout particulièrement le polar et le thriller) ont investi les 40’000 m² du Salon du Livre le plus célèbre de France durant trois jours, attirant plus de 180’000 visiteurs, alors que l’événement avait été amputé de deux jours.
Les visiteurs se sont pressés pour rencontrer les 2’500 écrivains, réunis parmi plus de 1’000 exposants répartis sur 500 stands, venus de toutes les régions de France (300 éditeurs) et du monde. Le Centre National du Livre a organisé une vingtaine de débats sur ces écrivains venus du froid, ainsi qu’une journée autour de la traduction, avec 750 participants, qui a rencontré un franc succès. Radio France, partenaire traditionnel, a diffusé plus de 60 heures d’émissions en direct du Salon.
L’édition a connu plusieurs temps forts, émouvants et passionnants, comme l’hommage rendu à Édouard Glissant, disparu le 3 février 2011, le mangaka Motorô Mase s’exprimant sur la situation du Japon ou l’hommage rendu à Haïti.
Par ailleurs, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication et Antoine Gallimard, président du Syndicat national de l’édition en présence de Jack Lang, auteur de la loi éponyme en 1981, ont célébré les 30 ans du Prix unique du livre. Carla Bruni a remis des chèques Lire de 7 euros, émis par le Centre national du livre, aux enfants.
Le salon proposait plusieurs expositions intéressantes : le centenaire de Gallimard (curaté par la BNF), les énigmes d’Agatha Christie en BD, une rétrospective Grzegorz Rosinski (notamment via son travail sur Thorgal) et enfin l’univers de mangakas français.
Passons aux auteurs proprement dit.
Il y avait cette année encore du joli monde, du froid, du chaud, de la plume :
Le Norvégien Jo Nesbo, d’abord journaliste économique, musicien, auteur interprète et leader de l’un des groupes pop les plus célèbres de Norvège, a été propulsé sur la scène littéraire en 1997 avec la sortie de L’Homme chauve-souris, récompensé en 1998 par le Glass Key Prize attribué au meilleur roman policier nordique de l’année. Il a depuis confirmé son talent en poursuivant les enquêtes de Harry Hole. On lui doit notamment Rouge-Gorge, Rue Sans-Souci ou Les cafards, mais aussi Le sauveur, Le bonhomme de neige et Chasseurs de têtes.
L’Islandais Arni Thorarinsson auteur de Le Temps de la sorcière (2007) et Le Dresseur d’insectes (2008) venait défendre Le Septième fils, excellent polar.
Et bien sûr Herbjorg Wassmo, auteur de la saga « Le Livre de Dina » (Gaïa, 1994), une fresque flamboyante, qui se déroule dans la région norvégienne natale de l’auteur, au milieu du XIXe siècle. Traduite en 24 langues, l’œuvre de Herbjorg Wassmo est à maintes reprises récompensée : The Critics’ Prize (1981), The Booksellers’ Prize (1983) The Nordic Council’s Prize (1987). Elle venait s’exprimer sur Cent ans, où elle poursuit son travail sur la question féminine.
En auteur de polar, il y eut également RJ. Ellory et Henning Mankell, qu’on ne présente plus, et le nouveau venu Johan Theorin, très remarqué pour L’écho de morts, et très attendu au tournant de son nouvel thriller, Le Sang des pierres.
Pour représenter la France franco-française, mais surtout belge, il y eut la froufroutante Amélie Nothomb concernant son dernier opus Une forme de vie.
Du côté de Buenos Aires, Quino le célébre dessinateur de Mafalda (de son vrai nom Joaquin Salvador LavadoTejon, hum hum) a rencontré ses lecteurs, pour la plus grande joie des adorateurs de cette petite bonne femme râleuse, philosophe au grand coeur depuis 46 ans !
Ce fut donc une grande édition, pleine de rencontres, marquée cependant par la crise au point de vue de l’esprit (peu d’opulence) et du temps (deux jours en moins). En attendant le renouveau, et la prochaine édition, en mars 2012…
Mathilde de Beaune
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