Modules du Palais de Tokyo – avril 2011
Module 1 : Emad Aleebrahim Dehkordi
Actuellement étudiant au Fresnoy – Studio national des arts contemporains, Emad Aleebrahim Dehkordi (né en 1979) développe une pratique dans laquelle la vidéo occupe très souvent le premier plan, où la narration est un point de départ pour questionner le paysage.
1388-undo résulte d’un séjour récent effectué par Emad A. Dehkordi en Iran. Ce voyage a laissé à l’artiste une impression forte et amère, comme leconstat d’une inertie qu’il a cherché à exorciser aveccette installation. Ce diptyque vidéo présente ainsi deux espaces distincts l’un de l’autre : un sous-sol, archétype d’un lieu fermé et oppressant, et une vaste étendue désertique filmée dans le bassin d’un lac salé asséché. La structure cubique qui se construitsous les yeux du spectateur, à la fois matérialisation et métaphore de l’oppression physique et mentale, finit par disparaître au sein d’un horizon ouvert et dégagé de toute contrainte.
Module 2 : Mikaël Dufresne
Les structures élaborées par Mikaël Dufresne (né en 1982) viennent contrebalancer l’espace généralement aseptisé du sacro-saint « White Cube ». L’artiste a le plus souvent recours à des matériaux bruts facilement accessibles – bois, parpaings, sable, tôle ondulée – qu’il agence afin de créer des installations prenant à la fois en considération l’échelle du lieu et celle duvisiteur.
Faisant suite à une série de pièces regroupées sous le titre générique de « Défense contre la galerie » qu’il a commencé à réaliser en 2010, l’installation Cohorte s’inscrit en porte-à-faux dans l’espace au sein duquel elle est présentée. Le titre de l’œuvre, issu d’un lexique militaire, fait entre autres référenceà la stratégie des cohortes de l’armée romaine, formations tout autant défensives qu’offensives. Autonome, cette structure joue sur une frustration : si c’est bel et bien le visiteur qui déclenche l’allumage des projecteurs quand il s’en approche, il ne peut néanmoins pas voir ce que renferme la pièce. La lumière est ici utilisée comme un matériau agressif qui vient perturber le visiteur dans sa déambulation contemplative.
Module vidéo : Olwen Gaucher
Les zones portuaires, les architectures mobiles, l’insularité et la phénoménologie apparaissent en filigrane dans la pratique sculpturale et vidéo d’Olwen Gaucher. Ses œuvres se révèlent comme autant d’éléments constitutifs d’une « zone de non-lieu » qui lui permettent à la fois de questionner un monde en mouvement – régi par les déplacements – et de prendre en compte la réalité à travers l’empreinte d’objets.
Tourné en Super-8, format qui lui confère un aspect documentaire et fragile, le film Insurrection d’un songe consiste en une action des plus simples : les éléments en plastique de la structure fantomatique d’un sous-marin sont sortis d’un container, assemblés à l’extérieur, repliés puis rangés dans le même habitacle. Élément récurrent du vocabulaire plastique d’Olwen Gaucher, le container est considéré ici comme symbole de la standardisation et de la circulation des marchandises. Inspiré par le projet Fish Story de l’artiste américain Allan Sekula, Insurrection d’un songe met en scène le mythe d’une « république ouvrière des sept mers, une vaste conspiration syndicaliste informelle de travailleurs des navires de commerce, des docks et des bateaux de pêche (…), une variante prolétarienne du capitaine Némo et son équipage de parias révolutionnaires… » (Allan Sekula, « Live Cinders », in Fish Story, Düsseldorf : Richter Verlag,1995, p. 183)
Palais de Tokyo
13, av. Wilson – 75016 Paris
[Visuels : Emad A. Dehkordi, 1388-undo, 2010. Vidéo, couleur, son, 6’09’’. Une production du Fresnoy, Studio national des arts contemporains 2010. Courtesy de l’artiste // Mikaël Dufresne, Palisse, 2010. Bois, projecteurs. 128 x 230 x 205 cm. Courtesy de l’artiste // Olwen Gaucher, Insurrection d’un songe, 2004. Film Super-8 transféré sur DVD, couleur, silencieux 3’. Courtesy de l’artiste]
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