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Yakich et Poupatchée – Théâtre du Nord

27 mars 2011
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Yakich et Poupatchée est une comédie crue, nous dit le sous-titre de l’œuvre. Mais jamais elle n’est vulgaire. Hanock Levin, que Frédéric Bélier-Garcia connaît bien pour avoir mis en scène Yacobi et Leidenthal, manie ironie corrosive et cynisme mordant avec brio, passant de la satire sociale au conte de fées grinçant. Alors qu’il apparaît de plus en plus évident qu’unir les deux êtres les plus laids du monde n’est pas la solution qui résoudra leurs problèmes, Levin ignore la facilité du message d’une beauté intérieure plus forte que les apparences : il contraint ses personnages à la résignation pour mieux montrer le désespoir de la condition humaine — sans jamais se départir de l’humour noir qui caractérise cette pièce. 

La mise en scène de Bélier-Garcia est à l’image de l’écriture de Levin : tape à l’oeil et outrancière, sans pour autant renoncer à un onirisme qui apparaît au détour d’une rangée de ballons rouges. Les personnages occupent tout le plateau, s’approprient l’espace pour en faire le décor de leur randonnée initiatique alors qu’ils partent en quête de ce qui donnera à Yakich l’envie d’honorer la seule femme à bien vouloir de lui. L’ironie est présente sur scène aussi bien que dans le texte, et le spectateur rit des aventures des deux familles comme il s’émeut du désespoir des jeunes mariés.

Si la construction narrative n’est pas exempte, par moment, d’un sentiment de répétition, cela ne nuit pas à la cohérence de l’ensemble : partant d’un quotidien très terre à terre, qui appelle un chat un chat, les personnages évoluent peu à peu dans un univers de plus en plus irréel, touchant au conte de fées pour adultes – le but de la quête est de dépuceler les jeunes mariés, l’affaire est dite crûment. Ainsi, au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans un monde aussi onirique d’ironique, les personnages prennent-ils conscience de leur destinée, donnant un sens véritable à ce parcours initiatique perverti. 

Conte grinçant servi par une mise en scène dynamique et une troupe inspirée, Yakich et Poupatchée mérite d’être vu : l’ennui est banni de cette production qui manie les différentes gammes du rire avec grande dextérité.

Audrey Chaix
enjoy the theatre

Yakich et Poupatchée

De Hanock Levin
Mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia

Avec : Evelyne El Garby Klai, Denis Fouquereau, Jan Hammenecker, Ophélia Kolb, Alexis Lameda Waksmann, Ged Marlon, David Migeot, Paul Minthe, Christine Pignet, Afra Waldhor, Kim Dehau ou Martina Musilova (en alternance)

du 25 au 30 mars 2011
tarifs : de 7 à 23€
réservations au 03 20 14 24 24 ou sur le site du théâtre

Théâtre du Nord
Grande salle
4, place du Général de Gaulle
Lille

www.theatredunord.fr

[Crédit photo : Stéphane Tasse]

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