Pour l’amour de Gérard Philippe, Théâtre de la Bruyère
La déception et la manipulation maternelle pèseront donc sur le pauvre Philippe tout au long de sa jeunesse, avant que l’appel d’une autre vie ne lui commande de partir…Les rencontres et les découvertes seront foisonnantes pour ce jeune infirme qui apprendra à devenir lui-même, et non ce qu’on attend de lui. Et la déception sera cruelle pour une mère qui n’a pas su aimer.
On retrouve ici un thème bien prisé par Pierre Notte, à savoir le passage à l’âge adulte, qui avait brillamment été traité dans Les Couteaux dans le dos. On retrouve également cette plume particulière, saccadée, hachée et répétitive, qui n’appartient qu’à lui. On regrettera pourtant un passage au burlesque, au baroque, qui atténue l’émotion autrefois portée parses phrases. Les mots racontent ici un « grand cirque noir », le ton se fait assez grinçant, et une froide violence est contenue dans chacun des personnages. Le rire est souvent jaune, et la trame sombre.
Mais jamais on ne s’ennuie, jamais on ne se repose avec ces quelques saynètes, qui sont liées entre elles par une mise en scène créative et amusante. La légèreté des interludes aère une désharmonie intéressante du l’ensemble du travail, mais parfois trop foisonnante. Le désamour du couple, de la relation filiale ; les monstres, ceux qui ne sont pas normaux et se retrouvent dans un cirque, arrivant pourtant à s’aimer. Le chemin initiatique d’un enfant malheureux qui fait de sa faiblesse sa force, et la culpabilité maternelle transmise à l’enfant.
Toutes ces émotions sont inégalement traitées, inégalement jouées, et inégalement écrites. Alors que le personnage de la mère de Philippe est interprété avec brio par une Sophie Arthur constamment au bord de la crise de nerfs, que Romain Apelbaum et sa gestuelled’ours séduisent et suscitent un rire franc, on regrette que le personnage central, interprété par le chanteur Raphael, apparaisse aussi pâle et dénué de consistance.
Ce spectacle, inégal sous bien des aspects, ne laisse cependant pas indifférent, et sa quête du mouvement ne peut que nous emporter.
Texte, mise en scène et scénographie Pierre Notte, assisté de Brice Hillairet
Décor Nils Zachariasen
Costumes Caroline Martel
Lumières Antonio de Carvalho
Musiques Pierre Notte
Arrangements Paul-Marie Barbier
Avec : Bernard Alane, Romain Apelbaum, Sophie Arthur, Emma de Caunes et Raphael
A partir du 23 Février 2011
Mardi au samedi, à 21h
Matinée, samedi à 15h30
Théâtre de la Bruyère
5, rue de la Bruyère
75009 Paris
M° Saint-Georges (ligne 12) ou Pigalle (ligne 2)
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