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La Fiancée Vendue – Smetana – Opéra de Paris

11 décembre 2010
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Que l’on ne s’y trompe pas : cette production n’est pas l’une des plus mauvaises de la maison Garnier comme l’affirmait il y a quelques jours un de nos confrères dans le Figaroscope. Entré au répertoire de l’Opéra National de Paris il y a seulement deux ans, La Fiancée Vendue est ce que Smetana a composé de plus connu après sa fameuse Moldau. Composé en 1866, son écriture étonne. Son ouverture fait écho à Rossini, ses duos et autres ensembles à Donizetti (particulièrement à L’Elixir d’Amour), ses solos à Verdi et ses passages orchestraux à une opérette d’Offenbach. Difficile donc de ne pas trouver son compte dans cette œuvre qui conte l’histoire de la pauvre Marenka obligée d’épouser l’immature (et riche) Vasek alors qu’elle aime passionnément le beau (mais pauvre) Jenik…


Encore et toujours Gilbert Delfo


D’origine belge, Gilbert Delfo était un habitué de l’ère Mortier avec William Orlandi, son décorateur attitré. C’est sous la coupe de l’ancien directeur de l’Opéra de Paris que ce metteur en scène a pu proposer ses mises en scènes de La Fiancée Vendue, Un Bal Masqué, L’amour des trois oranges ou encore Luisa Miller (à retrouver en mars 2011). 46_la-fiancee1Ses dispositifs, tour à tour en forme de cercle, d’horizon ou de boîte, sont facilement repérables et identifiables. Ici, nous avons un mélange des trois avec ce décor unique représentant un petit village de paysans perdu au milieu de la Tchécoslovaquie. On se croirait presque transporté dans le film Toys de Barry Levinson.


L’ouverture débute par l’apparition d’une belle peinture aux couleurs changeantes où une route tracée nous emmène doucement (mais surement) vers ce petit village charmant et folklorique.


De l’ennui à la bonne humeur


L’opéra de Smetana est une œuvre populaire, festive et folklorique. La mise en scène de Gilbert Delfo répond pourtant à moitié à l’appel. Son premier acte demeure assez froid et manque vitalement de fraîcheur. Tout semble trop soigné et dessiné. En revanche, on est rapidement surpris par la magie qui s’opère après l’arrivée sur scène du personnage de Vasek, ténor-bouffe admirablement interprété par Andreas Conrad, chanteur qui est ce que Michel Roux était au théâtre. Les autres personnages semblent tout autant familiers entre un Jenik qui porte les mêmes couleurs que Lucky Luke, un Kecal qui fait pensé à Semaphore, maître du chien Cubitus ou encore le Maître de manège, double de Peter Ustinov dans Lola Montes de Max Ophuls.


4032_2010-11-FIANC-153Le passage du cirque est particulièrement réussi et tout ce qui s’en suit ensuite : l’ensemble A cappella précédant la plainte de Marenka, sa retrouvaille avec Jenik et son final peut-être trop rapide.


Excepté Andreas Conrad, les chanteurs prennent du temps à chauffer leurs voix et sont meilleurs dans les ensembles. Une chose est sûr : tous prennent plaisir à jouer sur scène à l’image de Jean-Pierre Lafont, parfait, mais dont la voix apparaît usée. La direction de Constantin Trinks porte trop en elle la rigueur allemande et cache par moment certaines voix mais impose comme il se doit les passages dansants bénéficiant d’une chorégraphie aux couleurs locales conçue par Micha Van Hoecke.


Parmi les spectacles présentés pour les fêtes de fin d’année, « La fiancée vendue » rentre dans le lot pour sa gaité et son optimisme. Bien qu’elle soit déjà vendue, nul doute qu’elle vous plaira tout de même.


Edouard Brane


 

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