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Alcina – Haendel – Théâtre des Champs-Elysées

1 décembre 2010
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Alcina---Haendel---Theatre-des-Champs-Elysees

Alcina---Haendel---Theatre-des-Champs-Elysees::

 

Nous sommes en avril 1735. Haendel a déjà été acclamé dix ans plus tôt grâce à sa première trilogie incluant Giulio Cesare, Tamerlano et Rodelinda. En 1733, il présente Orlando, son premier opéra à Covent Garden qui deviendra le premier opus d’une seconde trilogie inspirée du Roland furieux de l’Arioste, alors très en vogue à cette époque. En janvier 1735, il présente son second volet Ariodante avant de triompher de nouveau avec Alcina le 16 avril toujours dans la capitale anglaise. Trois œuvres dont les livrets baignent dans une atmosphère magique au premier sens du terme.


Coproduction Théâtre des Champs-Elysées / Wiener Staatsoper


Depuis le début de l’année, le français Dominique Meyer a pris les rênes de l’Opéra de Vienne. Il vient de diriger depuis plus de dix ans le Théâtre des Champs-Elysées. Il n’est donc pas surprenant de découvrir que cette version concert est née d’une coproduction entre les deux institutions. A la seule différence près que le public français n’a pas pu jouir de la mise en scène concoctée par l’anglais Adrian Noble. Peu importe, nous sommes là pour entendre plus que pour voir diront certains. Et de ce côté, Marc Minkowsky et son ensemble des Musiciens du Louvre · Grenoble se régalent dans cette partition comprenant son lot d’ « aria da capo ». Le chef d’orchestre aime ses musiciens. Cela se voit par la complicité qu’il entretient avec eux, particulièrement avec son premier violon et l’un de ses violoncellistes qui s’avèrent tous deux excellents, réciproquement lors des deux airs de Morgana « Ama, sospira » et « Credete » chantés avec grande émotion et sans frasque par la soprano Veronica Cangemi.


Place aux femmes !


Même si l’œuvre comprend une basse et un ténor, Alcina demeure aujourd’hui un opéra où quatre femmes se partagent l’affiche : ici deux sopranos et deux mezzo-sopranos. Difficile donc de ne pas se marcher sur les pieds. Heureusement, les quatre chanteuses présentes ce soir-là sur scène apparaissent complémentaires et leur association est de grande qualité.


Vesselina Kasarova dans le rôle de Ruggiero remporte la mise. Sa stature, son implication, le plaisir qu’elle prend à chanter chacun de ses airs en y rajoutant l’expression qu’il faut est jouissif : la preuve en est son attitude lorsqu’elle entonne son air de bravoure « Stà nell’Ircana pietrosa tana ». On navigue véritablement entre mezzo et contralto. L’Alcina de Anja Harteros paraît tout en retenue à l’inverse, aspect légitime au vue de son personnage. La voix doit en effet franchir de nombreux pièges et surprises harmoniques (comme dans son air Ah, mio cor). On avait aimé le rôle difficile que jouait la basse Luca Tittoto dans Idomeneo présenté à Aix-en-Provence, il convainc toujours autant dans son seul air « Pensa a chi geme » tandis que le ténor Benjamin Bruns n’emballe pas avec une stature trop statique.


Enfin, il est toujours impressionnant de voir un chanteur de 14 ans sur scène. Le jeune soprano Shintaro Nakajima réussit à atteindre de beaux aigus en incarnant ce personnage présent pour souligner l’égoïsme de la reine Alcina qui transforme sur son île les hommes en animaux, rochers ou végétaux. Comme dans un conte, tout est bien qui finit bien et la force humaine vient finalement engloutir ce monde magique pour enfin vivre en paix.



Edouard Brane



http://www.operaria.fr

 

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