Le soldat Dieu – Koji Wakamatsu
Insolence, turbulences, violences, incandescence : en choisissant de mettre en valeur – comme jamais – le cinéaste japonais Koji Wakamatsu, la Cinémathèque française à Paris n’a certes pas opté pour la tiédeur. Bien vu ! D’autant que la rétrospective proposée traverse l’automne et une partie de l’hiver, ceci jusqu’au 9 janvier : rien de tel qu’un 7e art en forme de poèmes insurrectionnels pour réchauffer une époque frileuse !
Plus sérieusement, Koji Wakamatsu, ancien yakusa qui découvre sa vocation de cinéaste en prison, a longtemps été considéré comme “l’enfant terrible du jeune cinéma japonais des années 60 et 70“. Le fait que cet artiste scandaleux ajoute, aujourd’hui encore à l’âge de 74 ans, un nouvel opus à sa filmographie mérite bien, en effet, cet arrêt (passionné) sur images (mouvementées). Ainsi, d’un côté Le soldat Dieu, salué par un Ours d’argent au dernier Festival de Berlin, sort en salle le 1er décembre et, de l’autre, une quarantaine de titres sont projetés à Bercy (auxquels s’ajoutent conférences, coffret DVD et publication d’un livre aux éditions IMHO).
Une occasion idéale pour constater l’évolution de sa caméra (en forme d’arme politique) et de son point de vue (notamment sur la guerre), mais aussi, dans le même temps, la permanence… de sa colère ! De ses premiers pas, marginaux et revendiqués comme tels – à savoir des films érotiques de série B – à cette dernière charge contre les mensonges patriotiques (le héros handicapé du Soldat Dieu est “incidemment” un tortionnaire, un violeur et un bourreau domestique), en passant par ses manifestes virulents (et “underground”) des années 70, Wakamatsu ne cesse de stigmatiser l’aliénation. Sauf qu’à présent, ce digne émule d’Eisenstein (et du “free jazz”), longtemps associé à l’extrême gauche japonaise, s’attache à décrire la désillusion… plutôt que le combat.
Hier porte-parole de la jeunesse contestataire, désormais chantre de l’échec ? Pas forcément, pas tout à fait. Intranquille, il le reste dans sa façon de travailler (budget limité, prises uniques, pas de répétition, etc.). Et dans la beauté folle – épurée – de ses images, ce qui est aussi une forme de révolte en cette époque de blockbusters surchargés.
Ariane Allard
Le soldat Dieu
De Koji Wakamatsu
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=AtREauu0gN4[/embedyt]
Sortie le 1er décembre 2010
Rétrospective jusqu’au 9 janvier 2011
Conférence “Qui êtes-vous Koji Wakamatsu ?” le 29 novembre à 19h, puis projection de “L’extase des anges”
Informations : 01.71.19.33.33.
Réservations : 01.71.19.33.38.
Cinémathèque française
51 rue de Bercy
75012 Paris
Métro Bercy
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...